Laurent Lizon tourne la page de la librairie du Pont Quelin à Ath

Ce samedi 25 mars, Laurent Lizon tourne une page de sa vie professionnelle. Il ferme le livre de la librairie du Pont Quelin à Ath, après quinze chapitres.

F.H.
 Laurent Lizon sera présent pour la dernière fois derrière son comptoir, à la librairie, ce samedi.
Laurent Lizon sera présent pour la dernière fois derrière son comptoir, à la librairie, ce samedi. ©ÉdA – 60542254011 

Il affiche encore son sourire habituel en ce vendredi après-midi, mais, ce samedi, Laurent Lizon laissera peut-être couler une petite larme au moment de fermer (définitivement) le volet de la librairie du Pont Quelin à Ath. Cette enseigne, il l’a reprise en 2008 après des emplois au sein de deux commerces et la gestion d’un autre magasin à Ath. "Mais quand j’ai appris que Daniel Bruge remettait son commerce, je n’ai pas hésité. J’avais toujours été attiré par cette activité, notamment parce qu’il y avait une librairie en face de chez moi au faubourg de Mons."

En quinze ans, Laurent a vu évoluer le métier. "L’ère numérique a fait évoluer considérablement ce métier, et plus encore ces dernières années avec la crise du Covid. Les ventes de la presse périodique et quotidienne, surtout, sont en chute, même si cette évolution a été compensée au moins en partie par d’autres produits comme ceux des jeux ; la vente des cigarettes reste également stable malgré les augmentations de prix et la publicité moindre."

"Le comportement des clients a également évolué" poursuit le libraire. "Il y a davantage d’individualisme. La crise du Covid a aussi induit et accéléré un autre changement: le nombre de clients très matinaux a diminué, même si c’est allé de pair avec des livraisons de journaux parfois plus tardives et problématiques. À mes débuts, les journaux étaient souvent livrés à 4h30-5h, mais quand nous les avons à 6h aujourd’hui, c’est déjà bien. Les clients n’achètent plus de journal, ou bien sans doute sur leur lieu de travail…"

Laurent Lizon est bien placé pour évaluer la vitalité du commerce athois. "Les mentalités ont évolué. Depuis le Covid, il y a moins de clients de passage. Autrefois, nous devions être à deux, mon épouse Sophie et moi, le jeudi matin pour accueillir les clients ; ce n’est plus le cas. Idem pour les autres jours, mais le marché devra être au centre d’une réflexion, peut-être pour regrouper davantage les échoppes."

Le libraire estime que son enseigne (qui pourrait encore faire l’objet d’une reprise) peut encore avoir de beaux jours devant elle. Mais alors pourquoi changer de cap et rejoindre Infrabel ? "À 43 ans, on se pose des questions. Pourrais-je quand même terminer ma carrière ici ? Ce sera peut-être difficile. J’ai donc pensé qu’il était opportun de tourner la page maintenant sans attendre d’éventuelles difficultés ou une autre crise comme celle du Covid ; et surtout de me réorienter à un âge où je peux encore le faire. Dans dix ans, ce serait sans doute plus compliqué. Par ailleurs, je ne cache pas qu’il nous semble important d’avoir une stabilité financière au moment où nos enfants vont bientôt aborder des études supérieures."

D’où la décision de fermer le grand livre de la librairie. Avec quelques souvenirs un peu amers, comme des cambriolages au début de sa carrière, le décès de clients fidèles ou la peine d’autres confrontés à la solitude durant le Covid. Mais le livre fourmille surtout d’histoires positives et de belles images. Comme le gain d’un gros lot pour un client, la naissance de deux de ses enfants, les relations amicales tissées avec la clientèle. "C’est la chose qui va me manquer le plus car beaucoup de clients sont devenus des amis…"

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