Wapi: un Athois met à l’honneur le crossage en lui consacrant une danse (vidéo)
Amoureux de folklore et de danses traditionnelles, Roger Hourant ne pouvait pas rendre plus bel hommage à cette pratique ancestrale particulièrement populaire dans notre région.
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Publié le 22-03-2023 à 18h00
Comme Obélix, même s’il n’est pas ici question de potion magique, Roger Hourant est tombé dans la marmite des danses traditionnelles quand il était petit. "J’ai été bercé par les musiques que ma maman écoutait à la maison, elle qui aimait beaucoup le folklore. Je l’accompagnais souvent aux spectacles de grandes troupes comme les Chœurs de l’Armée rouge au Forum de Liège", confie cet ancien citoyen de la cité ardente, installé depuis de nombreuses années à Moulbaix (entité d’Ath).
"Créer un lien avec une grande tradition locale"
Devenu au fil des six décennies passées sur les parquets un véritable spécialiste des danses wallonnes, 1 900 et enfants, c’est assez naturellement que Roger Hourant a relevé le défi de mettre sur pied une danse traditionnelle de bâtons. Et pas n’importe laquelle puisqu’elle symbolise, par certains mouvements, le crossage al’tonne et son fameux tir de la cholette.
L’année 2023 est décidément faste pour la Wallonie picarde après la reconnaissance de cette pratique ancestrale comme chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
" Il n’existe pas de danse de crossage et c’est à la demande de la Compagnie Galouche que j’ai imaginé une chorégraphie qui reprend le maniement de crosses, explique l’Athois de 75 ans.
Cette section de la troupe des Pas d’la Yau (Quevaucamps), que j’ai rejointe il y a trois ans, désirait étoffer son programme dans l’esprit de sa danse d’épées, qu’elle présente au public une fois par an. La volonté du groupe était de mettre à l’honneur et de créer un lien avec le crossage, très populaire dans notre région. "
Des crosses qui frappent en rythme sur des airs entraînants
Pas moins de deux années de travail ont été nécessaires à la création de cette danse du crossage, avant le lancement des premières répétitions en septembre dernier.
"J’ai effectué des recherches et visionné des vidéos de danseurs traditionnels de plusieurs pays européens, avec l’idée d’essayer de trouver des figures de bâtons. Aux côtés des membres du groupe Galouche, on a ensuite échangé nos idées qui ont abouti à ce beau résultat collectif ", souligne Roger Hourant.
Les mouvements chorégraphiés par le danseur moulbaisien sont très recherchés, et nous plongent directement dans l’ambiance festive du crossage: les cercles, lignes et autres carrés se mêlent aux frappements de bâtons en rythme sur des airs de musique traditionnelle. Sur chacune des crosses utilisées, une tête de loup, l’emblème de la Compagnie Galouche, a été gravée.
"Ce n’est pas une danse facile à assimiler car il faut bien mémoriser l’ordre des figures, les différents enchaînements à exécuter…"
La danse sera présentée pour la première fois le 23 avril

La Compagnie Galouche des Pas d’la Yau créera l’événement le dimanche 23 avril prochain à 14 h 30, en dévoilant la danse du crossage, dans le cadre du week-end folk du Ptit bal du Harby (rue Georges Mauroy à Quevaucamps). À cette occasion, une dizaine de danseurs revêtiront un sarrau bleu (NDLR: une blouse que les crosseurs de Chièvres portent le mercredi des Cendres), un foulard rouge ainsi qu’une casquette.
C’est sur une composition originale du Montois Yves Fagnot, intitulée La Striduleuse, qu’ils feront claquer les crosses – plus petites et légères que les authentiques – fabriquées dans les ateliers de l’institution La Pommeraie (Ellignies-Sainte-Anne).
"La prestation durera une dizaine de minutes et sera précédée d’un petit cérémonial. Il y aura une mise en scène au cours de laquelle les membres de la troupe se regrouperont pour boire un petit verre et rejouer une séquence de crossage avec les incontournables tonnes et cholettes", précise M. Hourant, qui est également l’une des figures emblématiques de la Danse du roi de Thieulain.
La Compagnie Galouche réfléchit déjà à des projets comme celui de présenter cette création à plusieurs comités la veille des prochains crossages. Pour, qui sait, l’intégrer pleinement à ce jeu séculaire dans l’un ou l’autre village, où les cris de "Attention… cholette" résonnent généralement le mercredi des Cendres.