Les finances de la Ville d'Ath: un équilibre structurel en 2028?
La Ville d’Ath pourrait-elle retrouver un équilibre budgétaire structurel en 2028 ? En théorie. Si les aléas sont moins nombreux.
Publié le 22-02-2023 à 12h21 - Mis à jour le 22-02-2023 à 12h22
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Au-delà d’une ornière "historique" liée à une dette qui s’est profondément creusée, la Ville d’Ath (comme tous les autres pouvoirs locaux) s’enlise singulièrement ces dernières années à cause de différents facteurs : la cotisation de responsabilisation (liée, en gros, à une absence de nominations au sein du personnel durant des années), les charges inhérentes aux services de sécurité (police, pompiers) dont les règles de financement sont gérées à d’autres niveaux, la crise Covid, l’indexation des salaires, le coût de l’énergie, etc.
Quadrature du cercle
"Plus que jamais l’établissement du budget 2023 s’est apparenté à vouloir résoudre la quadrature du cercle" note Christophe Degand, l’échevin des Finances (MR) de la majorité tripartite (PS-MR-Écolo) à Ath, alors que le conseil communal sera invité à approuver ces prévisions budgétaires, ce vendredi soir.
Sans l’injection de l’aide représentée par le plan Oxygène (de la Région), le budget présentait un mali à l’exercice propre d’un peu plus de 4 millions €.
"La mise en place du plan Oxygène de la Région Wallonne nous permet de tenir la tête hors de l’eau à l’horizon 2026, mais a comme corollaire la mise à jour du plan de gestion pour atteindre à terme un équilibre structurel à l’exercice propre" poursuit M. Degand. "Notre ville est depuis des décennies sous la tutelle du CRAC à cause de ses finances obérées dues à une absence de résilience et de vision, et il faut bien constater que ce fameux retour à l’équilibre est reporté d’années en années. Impossible de faire mieux avec moins même avec un management efficace et des ressources humaines de qualité. Les efforts consentis sont toujours annihilés par des nouvelles contraintes financières exogènes."
De l’oxygène
Le Plan Oxygène permet aux communes d’emprunter annuellement pour couvrir des dépenses ordinaires. Il était prévu de réaliser des emprunts sur trente ans, mais la seule banque (ING) ayant accepté de faire offre auprès de la Région a fixé un remboursement en vingt ans. Ce qui a encore changé la donne et a obligé une Ville comme Ath à revoir de nouveau son plan de gestion.
Pour 2023, les 11,7 millions € que la Ville d’Ath va recevoir via le Plan Oxygène vont servir à éliminer le mali de l’exercice propre et à effectuer des provisions, notamment pour un budget de la police qui n’est pas encore finalisé et pour une opération de remboursement anticipé de la dette.
Des éléments imprévus
Un élément frappe quand on évoque la gestion financière d’une Commune en 2023, c’est la grande variabilité des données, d’un exercice à l’autre. "Depuis 2019, on observe une évolution erratique des résultats, influencée par de nombreux éléments exogènes contradictoires" souligne Florent Botte, directeur financier de la Ville d’Ath. "L’interprétation des données budgétaires est particulièrement complexe."
L’indexation des salaires (+ 1,9 million € par rapport à 2022), la hausse des prix de l’énergie (+ 1,3 million €) ou encore celle des matériaux ont ainsi notamment impacté brutalement les dépenses. Au niveau des recettes, il y a eu des aides "one shot" de la Région ou encore un dividende exceptionnel d’Ideta.
Nominations
Parmi les charges les plus importantes, on relève la cotisation de responsabilisation, et celle-là, les Communes la voient bien venir depuis plusieurs années maintenant.
Pour en réduire l’impact (30 millions € pour la mandature 2019-2024, pour la Ville et le CPAS!), la Ville a décidé d’adhérer au deuxième pilier de financement, un mouvement d’ailleurs opéré par un nombre de plus en plus important de communes. Et elle a aussi décidé de mener une politique de nominations. "Si on avait procédé ainsi depuis les années ‘80, nous n’en serions pas là" souligne le bourgmestre, Bruno Lefebvre (PS). "Notre démarche actuelle va permettre d’améliorer la situation."
Sous perfusion jusqu’en 2026
Jusqu’en 2026, les finances communales athoises seront encore sous perfusion, via les aides du Plan Oxygène. En 2027, la Ville présenterait un budget en mali, avant de sortir la tête hors de l’eau en 2028 et ainsi retrouver un équilibre structurel. D’ici là, la Ville devrait conserver un boni global d’une dizaine de millions €. À condition évidemment que les pouvoirs locaux ne tombent pas dans d’autres ornières insoupçonnées à l‘heure actuelle. "Et à la condition de respecter le plan de gestion" insiste le directeur financier.
"Le refinancement des communes par les différents niveaux de pouvoirs est aujourd’hui une nécessité dans un contexte où le monde bancaire s’est montré frileux à accorder des prêts aux pouvoirs locaux" conclut l’échevin des Finances.