Le chef de la zone de police d'Ath lance un avertissement aux gestionnaires de la Ville
Le chef de la zone de police d’Ath, lors de la cérémonie des vœux, a adressé une mise en garde au monde politique, et notamment aux gestionnaires actuels de la Ville, quant aux moyens alloués à la police.
Publié le 17-01-2023 à 06h00
:focal(545x371.5:555x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/Z7WHDUNR6ZAHZOMWW7ATJBRI4U.jpg)
S’il se réjouit, comme beaucoup d’autres, de "retrouvailles" à l’occasion de la cérémonie de vœux, après la parenthèse du Covid, le commissaire divisionnaire Frédéric Pettiaux plonge très vite ses invité(e)s dans la réalité de la zone monocommunale d’Ath.
Pour se réjouir d’abord de chiffres de criminalité "au plus bas" et "d’objectifs atteints". Pour le chef de corps, ces résultats ont notamment été possibles grâce aux moyens humains supplémentaires qu’il espérait en janvier 2020. "Nos effectifs ont été renforcés et nous en avons apprécié les effets positifs sur nos conditions de travail. Nous pourrions nous en réjouir, mais malheureusement la vie est un éternel recommencement..."
Fin d’un cycle ?
Et c’est ainsi que le chef de la zone de police lance ensuite une sérieuse mise en garde à l’adresse des autorités communales et du monde politique, par rapport à une éventuelle réduction des moyens alloués à la zone de police. Il introduit cet appel par un clin d’œil : voilà douze ans que Frédéric Pettiaux dirige la police d’Ath. "Le tiers de ma carrière dans les services publics, douze années d’engagement sans compter pour tenter d’apporter une amélioration de vie à nos concitoyens…"
Douze, c’est un cycle complet et un chiffre "rond". Mais pourrait-on y voir aussi la fin d’un cycle ? Frédéric Pettiaux redoute que "son" douze soit négativement connoté, comme en astrologie ( "synonyme de blocage...").
Alors que les tâches sont de plus en plus complexes et nombreuses, le chef de zone redoute une réduction des moyens, liée à la cure d’austérité à laquelle s’astreint la Ville.
"Notre métier se complexifie encore plus" souligne cependant M. Pettiaux. "La période post-covid a vu la société se dégrader dans de nombreux domaines. Les gens sont devenus de plus en plus agressifs, ils ne reconnaissent plus les autorités et les institutions qui nous dirigent. Ils exigent tout, tout de suite, ils revendiquent, et parfois s’inventent des droits qui n’existent pas. Ils communiquent leurs états d’âmes de manière instantanée et agressive sur les réseaux sociaux."
"La grande majorité de nos interventions se font dans un contexte de relations conflictuelles entre voisins, de violences intrafamiliales sous couvert de consommation d’alcool et de produits stupéfiants. Sans compter les cas psychiatriques qui semblent s’être multipliés à l’infini et face auxquels nous sommes relativement démunis."
"Notre charge de travail augmente de manière exponentielle, mais les moyens ne suivent plus" déplore M. Pettiaux. "Les perspectives budgétaires qui nous sont imposées vont très rapidement impacter, à nouveau, notre capacité opérationnelle. Et nous allons devoir à nouveau faire preuve d’imagination pour pouvoir garder la tête hors de l’eau."
Réduction des services
"Faire preuve d’imagination, ne sera pas faire plus avec moins" avertit le chef de zone. "Notre offre de service sera revue à la baisse proportionnellement aux moyens dont nous disposerons. Je suis conscient que cela aura un impact négatif sur le service rendu au citoyen, mais nous devons aussi nous protéger nous-même." Et il n’est pas question de mettre en balance la sécurité du personnel. "Pour pouvoir intervenir en toute sécurité, il faut être en nombre suffisant."
Frédéric Pettiaux rappelle le message transmis par 12000 policiers en novembre dernier dans les rues de Bruxelles. "Nos revendications ne sont pas entendues par le pouvoir politique ; ce manque de respect est criant et va immanquablement générer une crise sans précédent dans un futur relativement proche" redoute-t-il en tirant ce qu’il appelle un "signal d’alarme", mais en redoutant ne pas être entendu.
Collaborations entre zones
L’avenir apparaît en pointillé aussi à un autre niveau, celui des rapprochements et des fusions éventuelles entre les zones. On sait que c’est un vœu formulé à d’autres niveaux de pouvoir. En attendant, des collaborations concrètes sont déjà menées sur le terrain, et ici en particulier entre les zones d’Ath, des Collines, de Sille & Dendre et de Leuze-Beloeil. Des groupes de travail ont été formés. "Ce travail se fait en collaboration avec les membres du personnel concerné et doit garantir des conditions de travail correctes."
Dans deux ans, le 1er commissaire divisionnaire Frédéric Pettiaux quittera une zone de police d’Ath aux contours peut-être différents.