CYCLISME| La renaissance de Julien Cadron
Quatre mois après avoir frôlé la mort, le Jollinois Julien Cadron peut à nouveau mordre la vie à pleine dent. Une belle histoire.
Publié le 11-04-2020 à 06h00
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Le 7 décembre dernier, tous les amateurs de cyclisme ont retenu leur souffle pendant quelques heures en apprenant que Julien Cadron était victime d'une malaise cardiaque lors d'un entraînement en VTT. Rapidement secouru, le Péronnois d'origine a eu la chance d'être mis entre de très bonnes mains et de se sortir d'affaire après quelques heures de lutte. « J'ai eu beaucoup de chance, confie le sportif de 28 ans. Un maître-nageur et un policier ont pris les choses en main tout de suite en attendant l'arrivée d'une ambulance. Deux jours plus tard, je me réveillais sans la moindre douleur, sans le moindre symptôme. On m'a expliqué ce qui s'était passé mais je ne me souvenais de rien. La veille de l'accident, j'étais sorti au restaurant avec ma copine avant de rejoindre des amis au marché de Noël de Tournai. La dernière chose dont je me souvienne, c'est le petit déjeuner avant de partir m'entraîner.»
Sa reconversion vers le trail
Personne ne comprendra jamais comment un sportif confirmé, suivi médicalement, peut connaître telle mésaventure. «Quand on court en compétition, on se rend au minimum une fois par an chez le médecin sportif où on impose un électrocardiogramme et un test à l'effort. On n'avait jamais rien détecté chez moi. Encore maintenant, les deux cardiologues qui me suivent n'ont constaté aucune anomalie.»
La spécialiste du cœur liégeoise Sophie Demanet, recommandée à notre régional par le professionnel Julien Mortier, a par ailleurs conseillé de réorienter sa carrière sportive. «Il semblait évident que je devrais oublier le cyclisme en compétition et j'ai décidé de revendre tout mon matériel. Le vélo est une passion mais j'ai besoin de me fixer des objectifs, de me préparer pour la course du week-end. J'ai donc choisi de me lancer dans l'ultra trail. Pour le moment, je dois encore m'adapter à ce sport car les muscles qui travaillent ne sont pas les mêmes que sur le vélo. Mon premier objectif était de bien figurer à la Bouillonnante, une épreuve de 50 bornes avec 2 500 mètres de dénivelé, mais le coronavirus a poussé les organisateurs à reporter l'événement au mois de septembre, ce qui me laisse plus de temps pour me préparer. »
Inquiet pour l’avenir du cyclisme amateur
Pleinement épanoui dans son job d'éducateur de nuit qui lui permet de conserver de confortables plages d'entraînement, Julien garde un œil critique sur l'évolution du cyclisme amateur: « Je suis assez pessimiste en pensant à l'avenir. Combien de courses existeront encore d'ici dix ans? Des deux côtés de la frontière linguistique, on sent que la crise frappe. Quant aux jeunes qui veulent percer dans ce sport, mon premier conseil serait de leur dire de se faire plaisir avant tout. Quand je vois des aspirants qui font déjà des séances d'entraînement derrière scooter ou derrière voiture, j'ai du mal à imaginer qu'ils garderont le même plaisir à s'entraîner jusqu'aux catégories élites. Quand j'étais junior, je me mettais beaucoup trop de pression et ce n'est que plus tard que j'ai compris que le vélo doit rester un plaisir. Surtout, il faut éviter de brûler les étapes et faire attention à sa santé en consultant régulièrement un médecin du sport. » Un conseil avisé venant d'un sportif bien conscient de la chance d'avoir retrouvé l'entièreté de ses facultés.