Nids de frelons asiatiques: leur destruction est devenue un combat quotidien (vidéos)
On se dirige vers une année record, y compris en Wapi où les frelons asiatiques prolifèrent à une vitesse folle. Ces dernières semaines, on ne compte plus les interventions des sociétés spécialisées et des pompiers.
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- Publié le 18-09-2023 à 06h34
- Mis à jour le 18-09-2023 à 06h37
C’est le cauchemar des apiculteurs, d’être confrontés à des ruches décimées par les frelons asiatiques. Depuis la découverte en 2016 d’un premier nid en Belgique, plus précisément dans le Tournaisis à Guignies, leur progression n’a cessé de croître au point de devenir incontrôlable.
"Il faut vivre avec. Cette espèce invasive, dont la population a explosé, est impossible à éradiquer. L’activité a doublé par rapport à l’an dernier et il ne se passe pas un jour sans que je doive intervenir chez un particulier, un entrepreneur… ", précise Frédéric Demarbaix, qui sillonne la Wallonie picarde pour éliminer les nids de guêpes et autres frelons.

À cette période de l’année, l’activité est intense au sein des colonies de frelons asiatiques qui peuvent atteindre 2 000 spécimens par nid.
"Ce mois de septembre est critique pour les abeilles car on est dans une phase de transition entre les nids primaires – de très petite taille construits au printemps dans des abris par les jeunes reines fondatrices – et les nids secondaires actuels. Comme le nombre d’individus est énorme en ce moment, cela peut causer de gros dégâts s’ils parviennent à s’attaquer aux ruches", explique le professionnel leuzois à la tête de l’entreprise FDestruction, agréée par la Région.
"Leurs comportements évoluent sans cesse"

Plus imposants et de forme sphérique, les nids secondaires sont généralement perchés bien haut dans les arbres, à plus de 10 m. "C’était surtout le cas peu après l’arrivée des frelons asiatiques en Belgique mais on s’aperçoit depuis quelques années qu’ils bâtissent leurs nids plus bas, à quelques mètres à peine du sol. On en retrouve dans des maisons d’enfants, des cabanes de jardin, des haies… Ils se sont rendu compte qu’ils n’avaient pas de prédateur naturel chez nous, à part l’homme. Ça rend l’intervention plus dangereuse et compliquée jusqu’à la fin octobre."
Leurs maisons de papier robustes façonnées patiemment, grâce à des fibres de bois mâchées puis transformées en pâte malléable par la reine et ses ouvrières, sont de véritables œuvres d’art.
Frédéric Demarbaix, qui a troqué son uniforme de pompier (25 années d’engagement à la caserne de Leuze) contre une combinaison digne d’un astronaute, a pu en faire le constat. Les comportements de ces insectes envahissants et destructeurs évoluent, pour s’adapter à ceux des citoyens. "On dit souvent que les frelons asiatiques aiment la lumière mais il leur arrive de privilégier les endroits sombres, comme les greniers. "
Soyez vigilant en taillant vos haies

S’ils ne sont pas plus dangereux que les guêpes ou leurs homologues européens, les spécimens asiatiques ont une attitude de défense plus agressive pour protéger leurs nids ou s’ils se sentent menacés.
"Le simple fait d’allumer une tondeuse, une tronçonneuse ou d’entendre des enfants crier peut provoquer une attaque de frelons. Ils sont très sensibles aux vibrations. Autre problème, ils se déplacent beaucoup en groupes et chaque individu peut piquer plusieurs fois d’affilée."
Les réactions allergiques découlant de leurs attaques ne sont pas à négliger pour les personnes plus sensibles. "Cette année, j’ai eu écho de trois personnes qui ont dû être hospitalisées dans la région. Parmi elles, un habitant de Ghislenghien qui, sans s’en apercevoir, a coupé à travers un nid de frelons asiatiques bien caché dans sa haie", précise Frédéric Demarbaix, qui en appelle à la vigilance des citoyens en cette période propice aux travaux d’entretien de jardins.

Ne vous risquez pas à essayer de neutraliser un nid sans faire appel à une société privée ou aux pompiers (NDLR: l’intervention n’est pas facturée par la zone de secours s’il s’agit de frelons asiatiques).
Comment bien identifier cette espèce de la famille des hyménoptères par rapport à la guêpe ou au frelon européen ? "Le frelon asiatique présente un corps plus noir avec une bande orangée à l’arrière et est plus petit (3 cm) que l’européen. Celui-ci ressemble davantage à une grosse guêpe, avec son abdomen jaune rayé de noir. "
Le frelon oriental, future menace
Lorsque nous sommes allés à sa rencontre, le professionnel leuzois, protégé de la tête aux pieds par une combinaison, des gants et des lunettes, menait la vie dure à des frelons ayant élu domicile dans le noyer d’un particulier à Tourpes (Leuze).

À l’aide de sa perche d’une dizaine de mètres, il a transpercé à plusieurs reprises un imposant nid, de 80 cm de diamètre, contenant quelque 1 500 individus et larves. "Le produit injecté, un insecticide, se dépose un peu partout sur les alvéoles et contamine le nid. Il faut attendre deux à trois jours pour que toute la colonie soit atteinte."
Si la chasse aux frelons asiatiques se poursuit pour tenter de limiter leur population, une autre menace plane… "On n’est sans doute pas au bout de nos peines. D’ici deux ou trois ans, le frelon oriental, encore plus agressif et déjà présent du côté de Marseille, pourrait arriver en Belgique", redoute M. Demarbaix.