"Une injure à la Wallonie picarde", ce Schéma de développement territorial
Dans toutes les communes, le projet Schéma de développement du territoire fait parler de lui, et le manque de reconnaissance de la Wallonie picarde amène les bourgmestres à réagir.
- Publié le 08-07-2023 à 10h07
- Mis à jour le 11-07-2023 à 07h44
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Par ce projet de Schéma de développement du territoire, l’initiative du gouvernement wallon est louable: réduire l’urbanisation et le béton d’ici 2050. "Le SDT définit la stratégie territoriale pour la Wallonie. Il comprend 20 objectifs régionaux de développement territorial et d’aménagement qui ont pour finalité l’optimisation spatiale, le développement socio-économique, l’attractivité territoriale, la gestion qualitative du cadre de vie et la maîtrise de la mobilité. Il propose des mesures concrètes permettant d’optimiser le territoire en maîtrisant l’artificialisation et en luttant contre l’étalement urbain." Il représente donc un enjeu important pour les futurs développements des communes, mais aussi des bassins de vie, comme la Wallonie picarde.
Après avoir fait état des limites de ce projet (délais trop courts pour analyser le projet et consulter la population, manque de clarté des documents, choix inadéquats des "centralités",…) lors des conseils communaux, les bourgmestres ont décidé d’unir leurs voix pour exprimer leur avis en ciblant les attentes de la Wallonie picarde quant à ce Schéma de développement du territoire, et sur les manquements dans ce projet.
Pour les élus, la Wallonie picarde a été "complètement ignorée". "En analysant les cartes et les documents, on a l’impression que la Wallonie s’arrête à Mons, déplore la bourgmestre de Mouscron, Brigitte Aubert. On ne peut pas laisser passer cela ! On existe, et on doit défendre notre territoire en faisant entendre notre voix."
Pour Paul-Olivier Delannois, "ce projet de SDT est une injure à la Wallonie picarde". "Si on ne bouge pas, on anéantit la Wallonie picarde et tout le travail effectué depuis plus de 30 ans", alerte le député Jean-Luc Crucke. "C’est simplement honteux, renchérit Rudy Demotte. C’est une négation de notre territoire. Et il faut réagir parce que cette cartographie pourrait refléter les investissements de la Wallonie dans les années à venir, et déjà actuellement on remarque que la Wapi est parfois moins soutenue que ce soit au regard du plan de relance wallon ou européen."
"On peut en effet craindre que le SDT, et l’identification des pôles influencent les choix stratégiques du gouvernement wallon et donc les possibles investissements et subsides en termes d’économie, de transports en commun, de justice, de santé…" ajoute la députée européenne Saskia Bricmont.
Plusieurs revendications seront transmises au ministre de l’Aménagement du territoire, Willy Borsus, qui a d’ailleurs été invité à participer à la prochaine Conférence des bourgmestres pour prendre conscience des enjeux majeurs et des manquements de ce SDT pour la Wallonie picarde.
1.Lareconnaissance d’un "bipôle majeur" en Wallonie picarde, reconnue comme bassin de vie
Par rapport au territoire wallon, le SDT détermine des pôles majeurs, à savoir Liège, Charleroi et Mons/La Louvière. Les bourgmestres de Tournai et de Mouscron déplorent la non-reconnaissance de leur ville. "Pourtant, en analysant les documents de l’IWEPS qui ont permis de définir les critères des “pôles majeurs” (comme les services, le développement économique, le tourisme), on remarque clairement que les villes de Tournai et de Mouscron figurent au plus haut niveau du classement wallon. Ces deux villes pourraient dès lors revendiquer ensemble un statut de “bipôle majeur”."
2.Unbassin d’optimisation spatiale pour la Wallonie picarde
Dans ce projet de SDT, la Wapi se retrouve dans le même bassin que Mons-Borinage. "Ce découpage apparaît néanmoins étonnant d’un point de vue territorial, car la Wallonie picarde ne répond pas aux mêmes dynamiques que Mons-Borinage. Nous demandons donc un bassin d’optimisation spatiale pour la Wallonie picarde."
3.Lareconnaissance de l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai comme "réseau de coopération" dans les aires métropolitaines
Au même titre que les réseaux de coopération MAHHL (autour de Liège) et Tonicités (autour d’Arlon), la Wapi souhaite également que l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai soit reprise comme "réseau de coopération".
4.La reconnaissance de l’axe Bruxelles-Lille en tant qu’"aire de développement relais"
La Wapi revendique aussi le fait que l’axe reliant les deux métropoles d’envergure européenne que sont Lille et Bruxelles soit considéré comme une "aire de développement relais". "Cet axe est un vecteur de développement majeur et draine un flux économique de premier plan entre la Région Hauts de France et la Wallonie et Bruxelles."
5.La reconnaissance de Frasnes-lez-Anvaing en tant que "pôle d’ancrage"
À l’instar des communes de Comines-Warneton, Lessines, Ath, Enghien, Leuze-en-Hainaut et Péruwelz, la commune de Frasnes-lez-Anvaing souhaite être reconnue comme "pôle d’ancrage". "Elle occupe une position géographique centrale et emblématique au sein du Parc naturel du Pays des Collines, et se trouve au carrefour de l’axe Bruxelles-Tournai et de l’axe Renaix-Leuze, qui lui confère un rôle d’appui aux communes environnantes, et participe ainsi au maillage du territoire."