"Momon", de Montroeul-au-Bois, est parti pour sa dernière rando
Edmond Delaunoy, que beaucoup connaissaient sous son surnom de "Coucous", vient de nous quitter, à 92 ans. C’était un fou de vélo !
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- Publié le 07-06-2023 à 00h00
"P ascal, rentre…" Impossible d’échapper à sa vigilance, tandis qu’il pédalait, derrière sa fenêtre, sur son vélo d’appartement, il y a à peine quelques semaines. La forte voix de Mo (n)mon ne résonnera plus dans la Barberie, ce hameau qu’il n’avait jamais quitté.
On rentrait chez Edmond Delaunoy avec plaisir parce que celui qui sillonnait encore les rues du village l’an dernier sur sa bicyclette – il avait délaissé son vélo de course vers l’âge de 85 ans – avait toujours l’une ou l’autre nouvelles à raconter et des choses à échanger, tant sur la vie locale que sur l’actualité (inter)nationale. Si la télé était souvent allumée, il lisait surtout chaque jour quatre quotidiens – le nôtre, dont il était un fidèle abonné depuis toujours, admiratif des qualités d’écriture de Bobby ou de Marc, avant les autres qu’il allait quérir par la suite chez des amis: sa préférence allait aux pages sportives, lui dont une grande partie de l’existence a été liée au cyclisme.
Vingt fois le tour de la terre
"La pluie, le froid ou le vent ne semblent pas avoir de prise sur celui pour qui le sport cycliste est plus qu’une passion: la petite reine rythme sa vie…", lisait-on dans le portrait que notre journal avait consacré il y a vingt ans à ce phénomène. Septuagénaire, et même octogénaire, Coucous, ou l’Cous, un surnom qu’il tirait de son papa Alphonse, enfourchait encore sa bécane chaque jour, "se tapant" entre 10 000 et 15 000 bornes chaque année. Sur l’ensemble de sa "carrière" de vélocipédiste, il a ainsi dû approcher le million de kilomètres !

Jeune, Edmond avait goûté à la compétition, dès l’âge de 18 ans. Le coureur cultivateur, Le gentleman-farmer du vélo… les métaphores "agricoles" fleurissaient sous la plume des correspondants sportifs relatant, dans les années 50-60, les exploits du Montroeulois.. Celui qui avait repris la petite ferme familiale pouvait compter sur son épouse Lucette pour faire tourner l’exploitation où on élevait des bovins, mais aussi des porcs.
Sa "vélosophie"
Son dernier bouquet, Edmond l’enlèvera dans son village natal, le 3 septembre 1967 (le jour où Eddy Merckx devient champion du monde chez les pros pour la première fois), après s’être illustré dans les catégories amateurs, juniors, indépendants ("l’antichambre des professionnels"), tous coureurs et vétérans.
On gardera aussi de lui le souvenir du fermier "rentrant" ses vaches pour la traite, le transistor collé contre l’oreille afin d’écouter Luc Varenne commenter l’arrivée de l’étape du Tour. Le vélo qu’il avait remisé au grenier treize ans plus tôt, il le retrouvera au début des années 80, sur les conseils de son médecin. Il n’arrêtera plus de pédaler… " Le cyclisme m’a apporté une bonne santé, m’a appris à savoir me priver de certaines choses, m’a amené une conduite" disait celui qui allait devenir le doyen des Audax. Il y a un an, il avait encore rejoint, à vélo, ses amis cyclos à Frasnes, pour le banquet clôturant la Grinta. Edmond était aussi quelqu’un de cultivé, qui s’était découvert une passion pour les voyages une fois à la retraite. Il s’était ainsi rendu à plusieurs reprises en Afrique (Sénégal, Burkina Faso, Mali…) et au Canada. En 2006, il avait lancé avec son ami Gérard Fabrot "la Monmon des bois et des Étangs", devenu un des VTT les plus appréciés de Wallonie.

Edmond nous a quittés, mais si un jour, vous apercevez dans le ciel quelque chose qui ressemble à un vélo, pas de doute: C oucous pédale dans les nuages jusqu’à l’éternité.