Un petit faon, sauvé in extremis de la fauche dans une prairie de Buissenal
Dimanche, avec la collaboration de Matthieu Loix, Bernard Jaime (Buissenal), pilote de drone et membre de l’ASBL Sauvons Bambi a, de nouveau, évité la mort, quasi assurée, à un faon.
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- Publié le 06-06-2023 à 12h30
- Mis à jour le 06-06-2023 à 13h23

"Toi, mon gars, t’as eu de la chance. Parce que t’étais bon pour la faucheuse !": en déposant dans une caisse de protection, avec toutes les précautions d’usage, ce faon qu’il a pu détecter un peu plus tôt à l’aide de son drone, Bernard Jaime se sentait, dit-il, hypercontent,

Le Frasnois n’en est pourtant pas à son coup d’essai. Des jeunes cervidés, il en a déjà sauvé une dizaine, essentiellement en Wallonie picarde (Cordes, Jollain-Merlin, Chercq, Thieulain…) mais, l’émotion est toujours la même: "On a le sentiment ultime d’avoir été utile à quelque chose. Chaque fois qu’on trouve un faon, c’est une victoire. Je suis persuadé que tous les pilotes de drones pensent la même chose." Celui qui habite Buissenal depuis maintenant cinq ans venait de passer sa licence de pilote de drone quand il a été contacté par le responsable de Sauvons Bambi, cette association, qui, par ses actions auprès des agriculteurs, des propriétaires de terrains ou des chasseurs, a permis de sauver, rien que l’année dernière, 353 faons de chevreuils avant le passage d’une faucheuse dans un pré: les chèvres n’hésitent pas à abandonner leurs petits dans les hautes herbes parce que ceux-ci n’ont pas d’odeur… et ne bougeront pas si un danger approche !

Des bénévoles passionnés
Bernard Jaume a accepté de collaborer avec l’ASBL, à titre totalement bénévole et avec son propre matériel, avant et après ses heures de travail. "Nous intervenons uniquement tôt le matin avant 8 h, seulement si la fauche est confirmée à 100% et si elle a lieu de préférence avant 13 h. Car si on trouve un faon à 6h du matin, on doit le mettre sous une caisse jusqu’à la fin de la fauche ! Et un faon ne peut pas rester plus de 4 ou 5h sans être allaité par sa mère", explique l’association. "À six heures, quand les températures sont plus basses, le contexte thermique est idéal, et on a une meilleure résolution", précise M. Jaume, dont le drone est équipé de trois caméras, une thermique, une deuxième avec un angle élargi et un zoom, mais aussi d’un laser. "Les gens ne sont pas toujours conscients de la présence d’un faon. Ils disent qu’ils n’en ont jamais vu… Puis, parfois quand ils en découvrent un, il est trop tard! Une prairie qui jouxte un bois par exemple, il y a 90% de chances pour qu’il y ait un faon." Le drone survole la zone à 70 mètres de hauteur.

Les mentalités évoluent !
La caméra thermique détecte toute présence animale, avant qu’on identifie l’espèce dont il s’agit (lièvre, oiseau nicheur, cervidé…). "Q uand on récupère un faon, il faut être très prudent, le prendre avec des gants, avec en entretoise de l’herbe, pour le poser dans sa caisse (qui sera scellée). Car si l’humain dépose son odeur à lui, il le met en danger. "
Le temps que le jeune cervidé passe dans la caisse doit être réduit à son minimum. Après le passage de la faucheuse, il est relâché directement. Sa mère n’est jamais loin. "Dimanche, je suis repassé à 20h avec mon drone, elle était là", confirme M. Jaume. L’intervention a eu lieu du côté de Pironche, aux limites de Frasnes, Buissenal et Œudeghien, Le pilote avait été contacté par Matthieu Loix, dont la famille est propriétaire de terres louées à des agriculteurs: il est très sensible à cette cause, plus encore après avoir été confronté, le week-end précédent, "au fauchage de deux chevrillards amputés et gravement blessés." Une scène, dit-il, "intenable. J’ai été pris d’émotion, de stupeur et d’effroi en voyant des jeunes nés en parfaite santé se voir couper leurs jambes alors qu’ils se trouvent dans leur état le plus fragile sous les herbes à l’abri des prédateurs. O n se sent désarmé…"
Il a d’ailleurs fallu abréger les souffrances des deux animaux. Le lendemain, sans drone mais en sillonnant minutieusement une prairie avec son quad, le Frasnois avait déjà pu sauver deux autres faons. M. Loix contacte aussi les fermiers et les propriétaires des parcelles voisines, les encourageant à l’appeler, lui ou l’association Sauvons Bambi, qu’il va bientôt rejoindre, afin de faire vérifier les zones à faucher. Et ça marche… De plus en plus de personnes sont en effet conscientisées par la pertinence de ces opérations.