Renaix, capitale régionale du street-art
Depuis plusieurs années, la cité des Bommels met l’art urbain à l’honneur. Avec la collaboration de street artists réputés.
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Publié le 26-05-2023 à 00h00

Le street art, ce serait-ce pas ce diable de Watkyne (Jacques Vandewattyne) qui l’aurait inventé, justement à Renaix, aux Vieux Remparts, en réalisant en 1976 le célèbre Mur des Fous, cette grande fresque composée de dix-sept personnages grandeur nature issus du folkore renaisien ? Bien sûr, l’Ellezellois visionnaire parlait, lui, de "folk art",mais en créant une œuvre dans l’espace public, sa démarche se rapproche très fort de ceux qui se revendiquent aujourd’hui de l’art urbain.

Et en 1988, à la rue de la Croix, Jos Peeters rappelait sur le "mur cycliste" les deux arrivées du championnat du monde sur route à Renaix.
Un parcours dans la ville
Le street art présent à Renaix, nous en avions déjà parlé dans ces pages en 2014, quand l’ancienne école d’infirmières de la rue de Ninove était devenue l’espace de création privilégié de nombreux graffers talentueux ( https ://www.lavenir.net/regions/2014/02/17/renaix-preserver-la-beaute-de-la-destruction-5R2CWCMQCFC4TEJ4WQ3D6AWQBI).
Mais Renaix va plus loin, menant depuis plusieurs années "une politique de street art durable" en considérant qu’il ne s’agissait pas de modes d’expression isolés. Plus largement, une scène urbaine s’est d’ailleurs développée dans la ville, avec graffitis, les musique rap, hip-hop, le breakdance, le réseau sportif de quartier…
De nombreuses œuvres d’art jalonnent, en les colorant les rues, et le mouvement est "en constante évolution". Au départ de l’Office du tourisme, une balade "street art" fait notamment passer le participant devant huit superbes réalisations qui émerveillent petits et grands. Elles ont été créées entre décembre 2020 et décembre 2022.
L’artiste local Mataone, on le retrouvait déjà sur les murs de l’ancienne école. Actif depuis 1996, mélange différents styles et techniques. Sur le parking du centre culturel De Ververij (Wolvestraat 37), il rend hommage à Panamarenko avec Panamarenko Legacy.

Rue Alexandre-Louis Vanhove, on découvre Portrait de Manou Kersting, une œuvre de Djoels, jeune graffeuse et tatoueuse qui a grandi a Meulebeke: elle est spécialisée dans les portraits et le travail réaliste.

Steve Locatelli a commencé sa carrière de street artiste dans le métro bruxellois dans les années 90. Entre-temps, il s’est fait un nom aussi à l’étranger avec ses pièces colorées, dans lesquelles les crânes forment un motif récurrent. Après un séjour à Renaix, il s’est inspiré de la crypte pour l’œuvre située sur le parking derrière l’hôtel de ville, à la Grand-Place.

Le graffeur allemand Bond Truluv parcourt le monde en créant des motifs tridimensionnels avec des figures futuristes et des mondes fantastiques. À voir à la zone industrielle (Ets Vancoppenolle),

Sur le parking SNCB à côté de la gare, le célèbre graffeur madrilène Sfhir (Hugo Lomas) a peint La femme du Bommel, une référence à la statue du bouffon, le Bommel renaisien, qui se dresse un peu plus loin dans la fontaine devant le bâtiment de la station. Les usagers du train découvrent cette œuvre, de leur wagon, en arrivant à Renaix.

L’artiste gantois Lobster Robin a une formation en illustration et animation. Cette dualité se reflète dans son style caractérisé par des couleurs vives, que l’on découvre à l’angle de la rue Hendrik Conscience et de la chaussée d’Ellezelles.

L’artiste italien Lorenzo "Skugio" Nicoletti a réalisé The Girl with the Sage Shoot. Il a été inspiré par le lieu et les gens qu’il a rencontrés du côté de la rue du Ruisseau, dans l’Herinneringbos: l’œuvre fait référence aux arbres anciens et morts, mais aussi à une nouvelle vie.

Des œuvres disséminées partout
Mais il n’y a pas que ces huit œuvres monumentales: le street art est quasi présent à chaque coin de rue, sur une porte de garage, dans les bâtiments industriels abandonnés. Les artistes ne sont pas toujours connus.



En outre, l’ASBL Picturale donne elle aussi de la couleur à la ville avec la palette de peinture des illustrateurs-artistes lauréats d’un concours biennal qu’elle organise depuis 2003 maintenant. Huit nouvelles illustraitons de façade (un chat noir géant à la bibliothèque et un garçon à la mode en combinaison spatiale au centre, complètent ainsi le parcours artistique. Une formation "graffiti/street art"est même proposée aux jeunes de 14 à 17 ans à l’Académie des Arts des Ardennes flamandes.


Pascal LEPOUTTE