Le Tournai d’avant: Alfred Blondel, entre aventure et industrie
Riche, ingénieur, créateur, Alfred Blondel est une personnalité aux diverses facettes qui reflète bien la société tournaisienne autour de 1900.
Publié le 26-05-2023 à 14h00
Si le Siècle des Lumières, de 1715 à 1789, est un courant de pensée, c’est aussi celui des grandes inventions telles la machine à vapeur, les voyages intercontinentaux, les progrès scientifiques innovants qui propulsent de nombreux jeunes vers des carrières ouvertes à leurs ambitions. Il en est ainsi d’Alfred Blondel, l’archétype d’une jeunesse dorée, enthousiaste et ayant foi en l’avenir..
Un monde offert
C’est à Douai, le 18 mai 1854 que naît Alfred, Robert, François, Marie, Joseph Blondel, dans une famille de la haute bourgeoisie. Son père François est en effet avocat général de la Cour Impériale. Sa mort prématurée, l’année même de la naissance d’Alfred, pousse son épouse Marie Guillochin à revenir habiter avec ses trois fils dans sa ville d’origine, Mons. Ce qui ne sera pas sans conséquences dans l’avenir car c’est le monde minier qui l’entoure et va définir son orientation.

C’est au collège de Bonne Espérance que l’adolescent étudie en secondaire avant de gagner l’Université Catholique de Louvain où il conquiert son diplôme d’ingénieur des mines en 1877 avec la mention "satisfaisant". Alfred fréquente la vie estudiantine plus volontiers que les amphithéâtres.. Ce titre d’ingénieur pourrait cependant être une sorte d’assurance d’emploi dans cette région vouée à l’extraction du charbon.

Mais avant l’industrie, le jeune homme veut connaître le monde. Il part deux ans pour un périple à la découverte d’autres continents, vit avec les Indiens des Montagnes Rocheuses, partageant leur quotidien, puis poursuit vers l’Asie. Là, il rencontre Paul Splingaerd, un Bruxellois qui s’est fait une mirifique place au soleil dans l’entourage des mandarins ; il se fait l’interprète du jeune voyageur et le cicérone du Montois ; durant trois semaines, Alfred l’accompagne, notamment en Mongolie, et s’intéresse en particulier aux mines de houille, notant sans relâche ses impressions. À son retour, le roi Léopold II l’interroge sur ces découvertes et aventures.

Pour faciliter son entrée dans l’industrie, Alfred Blondel se naturalise belge en 1881 avec grande naturalisation en 1887. Changement de cap quand il se marie en 1883, à La Louvière, avec Elisa Boch (1863-1954), de la famille de ces industriels de la céramique qui ont racheté la manufacture de Péterinck, aux Salines en 1850. Le ménage se rapproche de Tournai et A. Blondel est sans doute intégré à cette industrie puisqu’il réside longtemps à la rue de la Magdelaine (Madeleine) bien que domicilié à Mons.
A tournai naissent Lucie (1884), Robert (1886), Marie (1887), Marguerite (1889) et Geneviève (1892). La suite coule de source, Alfred Blondel est nommé directeur de la manufacture le 1er janvier 1886, charge qu’il estime "dure, très dure car la machine est vieille", et qui l’amène à démissionner en septembre 1887. Il avait raison : la manufacture ferme ses portes deux ans plus tard.
Quant à Alfred Blondel, il emménage vers 1990 au n° 1 de la rue d’Espinoy, ouverte en 1837, jusqu’à sa mort en 1834. Un chapitre étonnant, fort de multiples tentatives de s’intégrer dans ce monde industriel, se tourne. Alfred Blondel disparaît des tablettes du travail en sociétés, il ne quitte pourtant pas sa table de dessin. (à suivre)