La collection de porcelaine de Tournai joliment exposée dans la crypte de l’hôtel de ville, de 8 à 18h (vidéo)
Fermé depuis des années, le musée des Arts décoratifs va renaître de façon transitoire dès la semaine prochaine, dans la crypte de l’hôtel de ville. Un nouvel espace regroupant des pièces de la collection de porcelaine de Tournai sera en accès libre, de 8 à 18h.
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Publié le 26-05-2023 à 06h00
Outre des collections privées, ou des pièces soigneusement rangées dans les vaisseliers de familles tournaisiennes, plusieurs musées belges témoignent de la période glorieuse de la porcelaine tournaisienne. Le Musée Art & Histoire de Bruxelles (autrefois appelé Musée du Cinquantenaire), le musée de Mariemont (plus de deux mille pièces) et celui des Arts décoratifs de Tournai. Mais depuis des années, hélas !, celui-ci était fermé et les pièces n’étaient plus accessibles en dehors de circonstances exceptionnelles.
Désormais, une bonne partie de la collection de porcelaines et de faïences tournaisiennes sera de nouveau exposée dans 21 vitrines installées dans ce bel écrin qu’est la crypte de l’hôtel de ville. "C’est un espace transitoire car l’objectif à plus long terme est de l’exposer dans le futur nouveau musée des Beaux-Arts. Il y avait pas mal de commentaires de touristes qui regrettaient lors de leur visite de Tournai de ne pas avoir l’occasion d’admirer des pièces de porcelaine", explique Sylvie Liétar, échevine en charge des musées.
Visiter la crypte et la collection de porcelaines
Paul-Olivier Delannois, le bourgmestre, se réjouit qu’une bonne solution a pu être trouvée, "et que cette collection puisse de nouveau être accessible aux Tournaisiens et aux touristes".
Le collège communal a pris la décision ce jeudi d’ouvrir cet espace tous les jours de la semaine, de 8h à 18h, lorsqu’un huissier est présent à l’accueil de l’hôtel de ville. Les vitrines sont sécurisées par un système d’alarme. "Tout un chacun peut donc parcourir les collections et même visiter la crypte. Les guides de Tournai sont très heureux de pouvoir faire redécouvrir ces collections. Et les amateurs de porcelaines tournaisiennes pourront aussi, s’ils le souhaitent, poursuivre leur visite à l’étage où d’autres pièces sont visibles dans le couloir menant à la salle du conseil, ou au rez-de-chaussée, dans la salle des Mariages, où sont exposées des œuvres d’art contemporaines".

Thomas Bayet est un conservateur de musée heureux. "C’est un bel écrin pour présenter notre collection de porcelaines et d’orfèvreries tournaisiennes ", dit-il. "Il existe d’autres musées avec des collections prestigieuses, mais le musée de Tournai a cette particularité d’offrir un très large échantillon de toutes les productions tournaisiennes sur un siècle et demi, de la moitié du 18e siècle jusqu’à la fin du 19e siècle. On expose aussi des faïences fines, des faïences de la deuxième moitié du 19e siècle qui sont rarement exposées dans les autres musées".
Des vitrines thématiques et chronologiques
Deux des vingt et une vitrines sont consacrées à deux services prestigieux dit aux oiseaux de Buffon (les décors étaient inspirés du naturaliste Buffon): le service Le Cocq réalisé au début du XIXe siècle, et celui du Duc d’Orléan, commandé en 1787. C’était l’apogée de la manufacture tournaisienne de porcelaine qui débuta en 1750 sous la direction du Lillois François-Joseph Peterinck. Elle obtiendra le monopole de la production de faïence pour les Pays-Bas autrichiens et deviendra "Manufacture Impériale et Royale". C’était tout à fait exceptionnel pour une ville qui n’était ni résidence de cour ni capitale.
Les pièces de ce service qui en a compté 1600, commandé à la manufacture par le Duc d’Orléans, cousin du Roi Louis XVI, sont bien logiquement les stars du musée tournaisien. "Le roi Charles III en possède quelque six cents pièces" rappelle Paul-Olivier Delannois.

Mais beaucoup d’autres pièces fort intéressantes sont exposées derrières les vitrines. Celles-ci sont soit thématiques, soit retracent les grandes époques de la porcelaine tournaisienne: les premiers pas de la manufacture, la deuxième période (1763-1775), les créations de la troisième période et du début du XIXe siècle, les nombreux décors en bleu qui ont fait le renom de la manufacture dès le XVIIe siècle, etc. Outre les deux décors célèbres du ronda et de la mouche, Tournai créa de nombreux décors de guirlandes qui ornaient le bord des pièces, parmi lesquelles l’anneau, le laurier fleuri, l’épi, le romarin, la chenille, les pensées droites, le lacet bleu, les guirlandes Louis XVI, etc.
Une vitrine rappelle aux visiteurs que, la ville de Tournai ayant un monopole de production de la porcelaine dans nos régions au XVIIIe siècle, certaines manufactures achetèrent la porcelaine de Tournai pour la surdécorer chez eux. Si Tournai s’était inspiré de Meissen et avait copié les décors de Chantilly, elle servit à son tour de modèle à Arras, par exemple, entre 1770 et 1790.