Aux assises du Hainaut, les parties civiles réclament la condamnation des accusés: “Ils ont formé une équipe et ils sont allés jusqu’au bout”
Me Lucas Rodriguez et Me Joséphine Moulin, pour les parties civiles, ont demandé aux jurés de répondre oui à toutes les questions posées.
Publié le 26-05-2023 à 10h42
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Le procès de Claudy Putman et de Johnny Vanhoutte entre dans sa phase finale aux assises du Hainaut avec le débat sur la culpabilité. Celle-ci ne fera aucun doute, tant les faits sont clairs. Le 18 juin 2020, dans une maison de la rue du Bas Quartier, il y a bien eu un vol avec violence et un crime. Le 3 septembre, un autre vendeur de produits stupéfiants a bien été braqué par les deux hommes.
Originaire de Tournai, Me Joséphine Moulin a présenté dans sa plaidoirie le côté sombre de sa ville, celle investie par les dealers français, aux surnoms étranges qui vont “au four” chaque matin pour vendre leurs saloperies, cocaïne, héroïne, etc. Cette délinquance entraîne d’autres phénomènes, vols, braquages…
Grégory est devenu papy
Grégory Doucet est tombé dans cette délinquance. Lui, l’homme passionné de parapente, habile de ses mains, est passé du côté obscur, devenant consommateur de drogues après avoir rencontré une prostituée, Nadia, qui l’a fait entrer dans un monde parallèle, sans foi ni loi. “Ses proches ont tenté de le sauver, mais il était déjà trop tard. Grégory a laissé place à papy, un homme hagard. Il est devenu ce qu’il méprisait”, plaide l’avocate.
Le 18 juin 2020, Grégory se rend à la rue du bas Quartier à Tournai, pour vendre sa drogue en compagnie de quatre mineurs. En soirée, Claudy Putman et Johnny Vanhoutte décident de braquer les dealers de Tourcoing. Ils sont armés, ils réclament la marchandise. La scène dure douze minutes. “Ils n’ont jamais pris la décision de se désolidariser. Les esprits sont tendus. Les petits et papy tentent de se défendre. Le coup de feu traverse le thorax, à une distance de cinquante centimètres à un mètre. Il n’a eu aucune chance de s’en sortir”.
L’expertise balistique
Claudy Putman, auteur du tir, a déclaré qu’il ne savait pas que la sécurité était enlevée. Sa version a été démontée par l’expert en balistique, selon lequel il faut un geste volontaire pour enlever la sécurité. “Grégory a pu entrevoir une lueur de fuir, en gravitant neuf marches de l’escalier. Il est mort. Être toxicomane ne signifie pas permis de tuer”, insiste celle qui fait ses armes auprès de Me Jean-Philippe Rivière.
Dans cette affaire, l’intention d’homicide est établie en raison des moyens déployés, de l’arme utilisée et de la distance de tir.
Johnny ordonne de tirer
Me Lucas Rodriguez, dont c’est le premier procès aux assises, représente d’autres proches de Grégory Doucet. Il confirme que la relation entre Grégory et la prostituée, “une relation à sens unique”, l’a fait basculer sur un autre chemin. L’avocat met les deux accusés sur un pied d’égalité. “C’est Johnny Vanhoutte, alors qu’il n’y a aucune menace, qui ordonne à Claudy Putman de tirer dans la jambe de la victime. Ils ont formé une équipe et ils sont allés jusqu’au bout”.
Claudy Putman et Johnny Vanhoutte sont accusés de vols avec violence, avec plusieurs circonstances aggravantes, dont celle d’avoir tué Grégory Doucet. Ils encourent la peine de réclusion criminelle à perpétuité.