La gare de Tournai pénalisée par la gare de Mons ? "Il faut aussi faire des choix à l’échelle des sous-régions", dit le ministre (vidéo)

Le ministre Gilkinet (Mobilité) est venu à Tournai répondre aux récriminations d’usagers de la gare mécontents quant à son accessibilité. Il n’a pas pu promettre grand-chose à court et moyen terme. "C’est une question de choix à l’échelle du pays. Or, quand on mobilise 300 millions d’€ à 40 km d’ici pour faire une très belle gare ( NDLR: celle de Mons), ça ne facilite pas le fait de dégager des moyens dans la même sous-région.

Le ministre de la Mobilité, Georges Gilkinet, était ce mardi matin à Tournai à l’invitation de l’échevin de la Mobilité. Jean-François Letulle souhaitait le sensibiliser à la situation de la gare et à son manque d’accessibilité. Il avait convié des usagers à eux aussi interpeller le ministre: des représentants du GRACQ Tournai (Groupe de Recherche et d’Action des Cyclistes Quotidiens) et Emmanuel Turco, un citoyen qui milite pour la cause des PMR. "En politique, c’est toujours plus facile de venir à une inauguration que lorsqu’il y a des crispations", dit-il pour saluer la démarche du ministre écolo.

On le sait, la SNCB a abandonné son projet de réaliser sur le parvis de la gare actuellement en cours de réaménagement, une rampe d’accès sous le bâtiment de la gare jusqu’au tunnel principal d’accès aux voies. Ce devait être une étape vers une autre ultérieure: améliorer l’accès aux voies et aux trains dont on sait aujourd’hui qu’il ne faut rien attendre de la SNCB avant 2032.

Patrick Allard, représentant du GRACQ, dit son incompréhension. "On a du mal à comprendre. 172 gares sont concernées par des investissements en matière d’accessibilité, et Tournai n’en fait pas partie alors qu’on est au niveau de la fréquentation parmi les dix plus grandes gares de Wallonie".

C’est une question de choix, indique Georges Gilkinet. Qui rappelle que les projets sont répartis géographiquement (selon la règle de 60% des investissements en Flandre et 40% en Wallonie) et aussi par sous-région. "Or, quand on mobilise à 40 km d’ici 300 millions pour faire une très belle gare ( NDLR: celle de Mons), ça ne facilite pas le fait de dégager des moyens pour la gare de Tournai qui nécessite 20 millions d’euros pour être plus accessible. On ne peut pas tout faire pour la même sous-région, i l y a une question de moyens disponibles et de répartition de moyens sur le territoire ".

"Les travaux en même temps"

La SNCB va pourtant investir comme jamais, insiste le ministre. "On n’a jamais été aussi ambitieux en matière d’accessibilité. Mais tout ça prend du temps. Je suis ministre depuis trois ans, j’hérite de gares telles que celle-ci, très belles mais peu fonctionnelles et peu accessibles, avec des quais à trois hauteurs, sans plans inclinés, sans ascenseurs".

Emmanuel Turco aimerait qu’il y ait des avancées, mêmes ponctuelles. "N’est-il pas envisageable de mettre au moins un ascenseur, pour le premier quai par exemple ?" La réponse de Georges Gilkinet ne le satisfera pas. "L’idée est de faire tous les travaux au même moment pour être efficace. Si un seul quai est accessible, c’est frustrant de pouvoir prendre le train pour aller vers Bruxelles mais pas pour aller à Lille, ça n’a pas de sens".

 La rencontre entre le ministre et des usagers s’est déroulée aussi à l’intérieur de la gare.
La rencontre entre le ministre et des usagers s’est déroulée aussi à l’intérieur de la gare. ©ÉdA

M. Turco estime aussi qu’il faudrait raccourcir le temps de réservation pour améliorer l’assistance PMR. "Ce serait déjà un progrès si on était certain que quelqu’un réponde quand on appuie sur le bouton d’appel. À Tournai, il arrive que personne ne soit disponible pour s’occuper de nous, même après avoir réservé".

Le ministre insiste sur la volonté de stabiliser l’offre et de raccourcir les délais de réservation, à Tournai comme ailleurs. "Un nouvel outil en ligne a permis de raccourcir le temps nécessaire pour effectuer une réservation d’assistance PMR, en quelques heures, pour autant que le personnel soit disponible en gare".

Un accès ponctuel aux parkings à vélos

Didier Borighem (GRACQ) déplore une communication floue voire opaque de la part de la SNCB. "Quand on les sollicite pour obtenir des détails sur les parkings à vélos, soit on n’a pas de réponses, soit c’est flou, soit on nous promet de revenir vers nous dans plusieurs années".

À Tournai, il y a deux gros projets d’investissement au-delà de l’accessibilité, dit le ministre: dans un parking vélos et dans l’amélioration du parking voitures qui se trouve de l’autre côté de la gare. "C’est vrai, la responsabilité de la SNCB est aussi d’être transparente et de permettre un dialogue".

 L’accessibilité aux quais et aux voies n’est pas près de s’améliorer.
L’accessibilité aux quais et aux voies n’est pas près de s’améliorer. ©ÉdA

Patrick Allard suggère d’installer sur des escaliers menant aux quais des gouttières pour les roues de vélos. Il demande qu’un voyageur occasionnel puisse avoir accès aux parkings vélos dont les accès sont contrôlés "parce que c’est compliqué de prendre son vélo dans le train à cause des escaliers et parce que les quais sont bas". Selon Georges Gilkinet, c’est la volonté de la SNCB, et ça se concrétisera à Tournai. "De plus en plus de personnes ont des vélos électriques coûteux et veulent parquer leurs vélos dans des conditions de sécurité suffisantes, avec une possibilité d’acheter des emplacements ponctuels sans disposer d’un abonnement".

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