Assises du Hainaut : À la fin des débats, tout semble clair, net et précis
L’enjeu du procès aura lieu lors du débat sur la peine, prévu la semaine prochaine.
Publié le 24-05-2023 à 13h30
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La cour d’assises du Hainaut a terminé, mercredi, les auditions des témoins dans le cadre du procès de Claudy Putman et de Johnny Vanhoutte, accusés de vols avec violence et plusieurs circonstances aggravantes, dont celle d’avoir commis un meurtre.
Le 18 juin 2020, Grégory Doucet, un vendeur de drogues de Tourcoing, a été abattu par une balle dans le thorax, dans une maison située rue du Bas Quartier, dans le centre de Tournai.
Deux personnalités différentes
Mercredi, la cour a auditionné les témoins de moralité de Claudy Putman, une personnalité bien différente de Johnny Vanhoutte. Si ce dernier est présenté plutôt comme un suiveur, un homme plutôt effacé, Claudy est une personnalité plus complexe.
Considéré comme un bon travailleur par sa hiérarchie, le citoyen d’Antoing a sombré dans la drogue plus tard. Comme Johnny, il a plongé dans cette spirale infernale, détruisant tout sur leur passage. Grégory Doucet, la victime, a suivi le même parcours. Aujourd’hui, ce sont trois familles qui souffrent.
La consommation de drogue les mettait dans des états épouvantables. “S’il consommait, Claudy partait en vrille”, a déclaré son ex-compagne devant la cour. Celle-ci a fini par le quitter, victime de violence de la part de son compagnon. Persuadé qu’elle avait un amant, Claudy la cognait et la séquestrait, sous les yeux de leur enfant commun. “C’est un pervers narcissique”, dit-elle. D’autres témoins confirment qu’il pouvait se montrer violent.
La journée du crime
Le 18 juin 2020, Claudy et Johnny se sont croisés non loin de la gare de Tournai. Les deux hommes ont eu le besoin commun de se droguer. Ils avaient été mis au courant, par SMS, que la bande Maestro, des dealers de Tourcoing, squattait la maison de toxicomanes à la rue du Bas Quartier. Ils ont acheté de la cocaïne qu’ils ont consommée ensemble, chez Claudy, à Antoing.
Plus tard, les deux hommes ont décidé de retourner à la rue du Bas Quartier. Lequel a emmené l’autre ? Pour quelles raisons ? Peu importe. Claudy, sous influence, a pris une arme à feu. Selon des témoins, Johnny avait un couteau, ce qu’il conteste.
Ils sont entrés dans la maison en passant par la fenêtre, par effraction, et ont mis la main sur la drogue qui se trouvait sur une table. Un coup de feu a été tiré par Claudy, à faible distance selon l’expert en balistique. La nature de l’arme et la zone visée ne laissent aucun doute sur l’intention de tuer. Les deux hommes ont pris la fuite, emportant la drogue et quelques objets. La prévention de vol est établie, ainsi que les circonstances aggravantes.
Solidarité
Johnny Vanhoutte ne s’est jamais désolidarisé de Claudy Putman, l’accompagnant chez lui pour se partager la drogue volée. Il n’est jamais allé se dénoncer à la police, alors que le crime faisait la une de la presse locale. Pire, le 3 septembre, les trois hommes ont remis le couvert en braquant un autre dealer français pour lui voler sa marchandise.
Dans le cadre du procès, peu de témoins se sont déplacés à Mons pour parler des faits et des accusés. Cependant, un Français a apporté un témoignage important lors de l’enquête, informant les policiers que le coup avait été perpétré par deux hommes.
La Ville de Tournai a aussi eu la bonne idée de placer des caméras de vidéosurveillance en ville, ce qui a permis aux policiers d’identifier deux suspects et d’arrêter les deux hommes, en décembre, qui auraient peut-être commis d’autres méfaits afin d’assouvir leur assuétude à la drogue.
L’heure des regrets
Lors du procès, les accusés ont émis des regrets. Depuis leur incarcération, ils ne consomment plus et sont doux comme des agneaux. Le 18 juin 2020, ce n’étaient plus des hommes, mais deux bêtes sous influence, pas rassasiées. Ils se sont mis volontairement dans cet état.
Le procès sera suspendu jeudi en raison de l’absence du président, absent pour raisons personnelles. Le débat sur la culpabilité aura lieu vendredi. Il ne devrait pas être très long car, après trois jours de procès, les faits semblent clairs, nets et précis.
Le débat sur la peine aura lieu la semaine prochaine. Les avocats tenteront de trouver des circonstances atténuantes en faveur des accusés, deux hommes qui ont eu une enfance difficile, selon des témoins. Ils devraient échapper à la perpétuité.
Comme l’a déclaré un témoin, on pourrait résumer cette affaire à un énorme gâchis …