Assises du Hainaut : Grégory Doucet est tombé dans la cocaïne, à cause d’une prostituée dont il était tombé amoureux
Ses proches ont témoigné devant la cour d’assises, mardi, dans le cadre du deuxième jour du procès. Adepte du parapente, bénévole au sein des Restos du cœur, Grégory a changé après sa rencontre avec cette fille. Il n’était plus que l’ombre de lui-même, déclare son frère.
Publié le 23-05-2023 à 13h13
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Le procès de Johnny Vanhoutte et Claudy Putman, accusés de vols avec violence, avec plusieurs circonstances aggravantes dont celle d‘un meurtre commis à Tournai, se poursuit devant la cour d’assises du Hainaut.
Mardi, la cour a auditionné le frère de Grégory Doucet, tué d’un coup de feu dans le thorax. Le 18 juin 2020, Lionel Doucet s’est présenté sur la scène de crime pour signaler à la police que la victime était probablement son frère. “Dans la soirée, mon neveu m’a raconté qu’il avait appris que son père avait été victime de coups de feu. Quand je suis arrivé, le secteur était bouclé. Je me suis présenté à la police”. Le témoin a donné des détails à la police, comme le tatouage sur l’épaule de la victime, ce qui a permis de l’identifier.
Le témoin considère son frère comme un ami. “Il a été mon modèle durant pas mal d’années. Il était toujours là pour son prochain, il était joyeux. Il s’est marié, on s’est éloignés mais on appréciait de se voir. On a passé de bons moments. Il s’était amouraché d’une prostituée, accro à la cocaïne. Amoureux, il est devenu dépendant à la cocaïne et il est parti dans un cercle vicieux. Il avait très bon cœur, il s’investissait à fond dans ce qu’il faisait. Il s’est mis également à fond dans la drogue, et nous avons commencé à le perdre. C’était un an et demi avant l’affaire”, dit-il.
L’ombre de lui-même
Lionel se souvient que son frère avait tenté de mettre fin à ses jours, à la suite de la rupture avec la prostituée. “J’ai compris alors sa dépendance à la cocaïne. On a essayé, avec sa fille aînée, de le remettre sur le droit chemin, par le travail et le sport. Hélas, son addiction était trop forte”.
Le témoin avait remarqué que son frère était devenu l’ombre de lui-même et il avait appris que Grégory s’était endetté. “J’avais appris qu’il devait se rendre à Tournai pour vendre sa drogue. Il avait été passé à tabac par ses fournisseurs, qui l’ont obligé à vendre pour lui”.
Lionel a mal vécu la période entre le crime et l’arrestation des suspects. “C’était difficile, l’enquête a été très longue. Toute la famille a mal vécu ce qui s’était passé. Grégory avait ses défauts, mais ce n’était pas quelqu’un de méchant. On ne comprenait pas pourquoi il avait été tué”.
Le témoin est étonné d’apprendre que son frère détenait une arme, car il n’aimait pas ça.
Un papa câlin, mais strict
L’épouse de Grégory a été auditionnée dans la foulée, ils étaient mariés et ont eu sept enfants. “Il était gentil, il n’a jamais levé la main sur moi. Le matin, il s’occupait des enfants. Il était très câlin et voulait que ses enfants prennent un bon chemin. Il était strict dans l’éducation des enfants”.
La dame s’est rendu compte des problèmes de Grégory après sa tentative de suicide. “Quand il est sorti de l’hôpital, il était perdu”. Elle a alors appris que Grégory sortait avec Nadia, une prostituée.
Le décès de Grégory a provoqué une onde de choc dans la famille nombreuse, ses enfants ne sont pas bien et font l’objet d’un suivi psychologique.
La fille aînée de la victime dépose, devant la cour, qu’elle était proche de son papa. “On se parlait beaucoup par les réseaux sociaux, à la fin de sa vie. Mon papa voulait que je sois une bonne élève. Il m’a appris le respect au sein de la famille”.
Elle raconte que son papa était accro à la cocaïne quand son grand-père est décédé. “Quand ça n’allait pas, il disait qu’il voulait rejoindre son papa”, poursuit la jeune femme, en pleurs.
Les cauchemars de sa fille
Une autre fille de la victime est appelée à la barre. “Il nous aimait beaucoup. Quand j’avais besoin de lui, il était là. Si on rêvait de quelque chose pour Noël, c’était son objectif. Après sa mort, je n’avais plus de courage, je faisais des cauchemars”.
Un fils de Grégory témoigne à son tour. “Mon papa était une très bonne personne. Chaque fois que je traverse la frontière, je pense à lui”.
Enfin, le fils qui a été averti des coups de feu apporte son témoignage. “Un ami, qui était avec mon père à Tournai, m’a raconté que mon père s’était fait tirer dessus. Il m’a dit que c’est un braquage qui a mal tourné” .
Le garçon était au courant que son père avait une dette envers le groupe Maestro, dans le cadre d’une consommation de produits stupéfiants. “On a essayé de s’arranger pour baisser la dette de mon père. Il est allé vendre de la drogue pour réduire sa dette”. Il travaillait lui-même pour la bande, afin de réduire la dette de son papa.