L’abbaye Saint-Nicolas des Prés livre ses premiers secrets sur le site du Technopole (vidéo)
Si les structures mises au jour lors des récentes fouilles sur le site de l’abbaye Saint-Nicolas des Prés ont été recouvertes, la campagne n’est pas terminée pour autant. En attendant, voici les résultats des recherches récentes.
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Publié le 22-05-2023 à 07h59
Dans un article du 31 octobre 2022, nous évoquons les fouilles menées ces derniers mois sur le site de l’ancienne abbaye Saint-Nicolas des Prés, du côté de la chaussée d’Antoing.
Pour rappel, cette moinerie fondée en 1132 et abandonnée au 17e siècle est connue grâce aux plans anciens, aux sources historiques mais aussi grâce à l’une des tours de l’abbatiale en partie conservée que l’on peut voir le long du chemin de halage. C’est aux abords immédiats de cette dernière que furent menées, à la fin des années 80 et jusqu’au début des années 90, pas moins de six campagnes de fouilles sous l’égide d’un véritable passionné, François Baptiste, alors membre de la Société royale d’histoire et d’archéologie de Tournai.
Ses recherches ont permis de sortir de l’oubli d’intéressantes structures, du cloître notamment. Mais, les fouilles n’ayant, à l’époque, pas pu être effectuées en profondeur, d’autres éléments demeurèrent enfouis dans le sous-sol jusqu’il y a peu. Comme une curieuse construction arrondie ressemblant à un vaste lavabo alimenté par un ingénieux système de canalisations. Celle-ci fut découverte bien plus tard, lors d’une campagne menée en 2018 par l’Agence wallonne du Patrimoine et l’asbl Recherches et Prospections archéologiques, un peu avant le lancement, par le SPW, du chantier de dédoublement du rieu de Barges.
Des traces d’une période comprise entre fin 13e et début 14e siècle
Lors de la campagne de fouilles actuelles - dont une phase vient d’être clôturée en avril - le porche d’entrée de l’abbaye a été découvert. "Il se constitue d’une double entrée, l’une piétonne plus petite, l’autre cochère. Les grandes pierres constituant ces entrées sont datées du milieu du 13e siècle à la fin du 14e siècle grâce aux marques d’outil, précise Olivier Mortier, archéologue à l’AWaP. Derrière, deux cheminements différents ont été découverts. Le premier est un chemin dallé qui menait à l’abbaye. Le second se constitue d’une multitude de galets posés les uns sur les autres. Les traces d’ornières et les différents fers à cheval retrouvés indiquent qu’il était emprunté par des chariots et d’autres moyens de locomotion. Il devait mener à la ferme et aux différents bâtiments agricoles.
Le long de ce chemin, un bâtiment a pu être dégagé. Construit sur le principe de fondation en arche, il a pu être identifié comme une grange servant au déchargement de marchandises et à leur entreposage.
Ce bâtiment était constitué de deux couloirs qui permettaient aux chariots de traverser le bâtiment."
À l’Ouest, il y a du nouveau, dont un vivier...
Du côté ouest du champ de fouilles, c’est le système d’approvisionnement en eaux du vivier qui a été redécouvert.
"L’eau devait être acheminée par un canal de dérivation provenant du rieu de Barge, poursuit Olivier Mortier, elle pénétrait alors dans un premier espace rectangulaire via une ouverture dans le mur. Un dispositif composé de pieux de bois évidés et de cloisons y était accolés. Il permettait de réguler ou stopper l’apport en eau afin de curer le vivier. Ensuite elle passait sous un pont voûté en direction du vivier. Sur le pont, un ouvrage en pierre pourrait être interprété comme un déversoir à poisson.

Rectangulaire et composé de grandes pierres de taille biseautées, il devait permettre de déverser les filets de pêche pour que les poissons soient conservés vivants dans le vivier. Les encoches réalisées dans ces pierres permettaient certainement de refermer l’espace grâce à une trappe en bois.
La voûte ouest du pont a conservé également les ancrages d’une probable grille qui empêchait les poissons de s’enfuir en remontant le cours d’eau."
Le site n’a pas encore livré tous ses secrets...
Ces fouilles ont permis d’extirper du sol divers objets qui devraient sans doute alimenter une future exposition de l’amicale des archéologues du Hainaut Occidentale, mais pour l’heure, aucune date n’a encore été fixée pour cet événement.

D’autant que la campagne de fouilles devrait se poursuivre sur le site sans que l’on puisse annoncer actuellement de calendrier précis, celui-ci étant notamment tributaire de celui qui sera établi par Ideta pour l’implantation du futur Technopole sur cet espace.
Nous aurons donc l’occasion de revenir sur le sujet - vraisemblablement dans le courant de l’année 2024 - avec l’annonce, qui sait, de la découverte de nouveaux trésors archéologiques…