Les fraises nous font enfin rougir de plaisir en Wallonie picarde (vidéo)
Les fraises de pleine terre ont tardé à pointer le bout de leur nez, la faute à un printemps maussade qui a retardé la récolte de plus de deux semaines. Depuis quelques jours, elles ont enfin débarqué sur les étals. Rencontre avec une… infirmière et productrice passionnée de Willaupuis.
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Publié le 16-05-2023 à 22h40 - Mis à jour le 16-05-2023 à 22h43
Les amateurs de petits plaisirs fruités rongent leurs freins depuis plusieurs semaines. À défaut d’avoir pu se gorger de soleil depuis le début d’un printemps particulièrement frais et humide, les fraises de pleine terre se sont longtemps fait désirer… Après avoir accusé un retard de production de 15 à 20 jours, elles garnissent de rouge, depuis quelques jours, les étals des magasins des fraisiéristes, des marchés ou des revendeurs.

Ce décalage dans la période de cueillette, Dominique Werquin, cultivatrice de fraises en circuit court à Willaupuis (Leuze-en-Hainaut), semble le prendre avec philosophie.
"On doit respecter la nature, avec ses aléas, nous dit la jeune femme, propriétaire de trois tunnels qu’elle a aménagés dans une prairie de la rue de la Forge. J’en suis à ma troisième saison et les précédentes récoltes étaient intervenues vers la fin avril 2021 et 2022. En mars dernier, j’avais bon espoir d’avoir des fraises hâtives, car j’avais pu couvrir les plants assez tôt, mais le froid et la pluie sont venus perturber le développement des fruits."
Une saison raccourcie de deux semaines
Ceci étant, la productrice leuzoise n’a pas boudé son bonheur lorsqu’elle a décroché, vendredi, ses premières fraises. Une trentaine de kilos que les participants de la course La Willaupuisienne (3e manche du challenge des associations leuzoises) ont pu savourer en primeur.
Davantage de fruits à maturité au même moment ?

Le démarrage plus tardif des ventes aura fatalement des répercussions sur la suite de la saison: le temps perdu ne pourra pas être rattrapé, affirme Dominique Werquin. "Avec les températures plus élevées attendues en juin, la récolte sera écourtée pour s’achever, a priori, vers le 15-20 juin. Il faut s’imaginer que si le mercure atteint les 25 °C à l’extérieur, on peut ajouter facilement 10 degrés au sein des serres. Le risque, c’est de voir arriver à maturité énormément de fraises au même moment, ce qui laisse présager une activité beaucoup plus intense pour moi et ma petite équipe de 3-4 cueilleurs. "

Malgré le manque de luminosité et de chaleur, la qualité gustative du produit – juteux et tout de même bien sucré – est au rendez-vous à Willaupuis.
Quand elle n’enfile pas sa blouse d’infirmière de nuit au CHWapi, un métier qu’elle exerce à mi-temps, Dominique Werquin met toute son énergie et sa passion à chouchouter ses cultures. "Cette activité, c’est le rêve d’une vie , que j’ai pu concrétiser en 2020", glisse cette fille d’agriculteurs, qui a décidé cette année d’étendre son exploitation en passant de 2500 à 4000 pieds. Une culture à la fois raisonnée et raisonnable… "J’essaie d’intervenir le moins possible en protégeant, de façon homéopathique, les plants avant l’apparition des premiers fruits. "
Des fraises vendues juste après la cueillette
La marchandise qu’elle récolte quotidiennement, sans rechigner à se lever avant l’aube, la Leuzoise l’écoule jusqu’à épuisement du stock, le jour même, au sein de sa petite boutique.

"Je privilégie ce système afin de garantir la fraîcheur du produit. Chaque ravier est vendu au prix juste, à savoir 5 €. Je ne ferai jamais fortune avec des fraises. Les gens ne se rendent pas toujours compte du travail que cela demande en amont (plantation des pieds en août, bâchage hivernal lorsque les 1 000 h de froid sont atteintes, enlèvement des feuilles mortes, suivi de l’irrigation, main-d’œuvre pour la cueillette…)", indique Mme Werquin.

À partir de ce mercredi, le magasin de la fraisiériste (15, rue de la Forge) ouvrira ses portes sept jours sur sept, dès 7 h 30. Cette bonne adresse ne devrait pas désemplir, la (très) longue attente ayant aiguisé l’appétit des citoyens pour ce fruit au parfum si éphémère (NDLR: pour peu que l’on mange local et de saison, sans céder aux fraises espagnoles accessibles presque toute l’année).
"Depuis le lancement de mon activité, c’est un peu la folie. L’engouement pour les fraises est énorme et avec le retard accumulé en ce printemps 2023, l’attente est sans doute encore plus forte. Depuis plus de deux semaines, je ne compte plus le nombre de clients qui me contactent pour savoir si des barquettes sont disponibles ", ponctue notre interlocutrice.