Le Tournai d’avant: enfin accessible à tous, le bassin Madame
Obsolète après un demi-siècle, l’école de natation d’Allain doit céder à plus de modernité au début des années 1900 : la Ville projette d’ériger un bassin en plein centre-ville. Inaccessible l’hiver, quand elle était encore découverte, la piscine Madame offrait lors de l’ouverture printanière une eau dont la température n’excédait pas les 17 degrés.
Publié le 16-05-2023 à 14h40 - Mis à jour le 16-05-2023 à 14h44
Après les habituelles discussions politiques, le conseil communal décide, le 25 mai 1907, de la construction d’un bassin de natation digne des besoins grandissants de la population, tant des adultes que des jeunes.
Ceci tombe à pic car un grand terrain vient de se libérer à la rue Madame. Un terrain qui avait servi de site à l’instruction publique, les Jésuitesses d’abord, puis l’école n° 2, qui prendrait avec son déménagement en la rue éponyme, le nom d’école de la Justice. Il suffisait de raser ces murs anciens, ce qui fut fait.

L’un des plus importants attraits de cette initiative est sa proximité d’un ensemble d’établissements scolaires, ce qui se traduit par une appellation inchangée: une école de natation. Apprendre à nager, surtout aux jeunes toujours insouciants du danger, devient quasi une obsession tant les faits divers fourmillent de noyades, notamment dans la petite rivière, cette dérivation de l’Escaut qui sera comblée dès 1910.

Plans et devis pour le nouveau bassin étant approuvés par la Députation permanente le 31 janvier 1908, les travaux démarrent immédiatement selon un étalement en trois lots: le premier comprend la construction des bâtiments, murs de clôture et cabines évalué à 26.681,57 francs; il est adjugé à l’entreprise tournaisienne Arthur Frères. Le deuxième, confié à Maurice Vandeghen, comporte la réalisation d’une cuve en béton armé au prix estimé de 6.500 francs ; tandis que Philippe Meura emporte la soumission pour la fourniture d’un moteur à gaz et d’une pompe avec conduite d’aspiration à l’Escaut encore assez propre alors pour cet usage.

La réalisation est favorablement commentée. Bien qu’à cette époque, le bassin Madame, selon son appellation usuelle, est inaccessible l’hiver. Lors de l’ouverture printanière, l’eau est à 17° seulement. Les élèves et étudiants s’y prêtent aux ébats et jeux et apprennent les rudiments de la brasse ; à l’athénée, en 1945, monsieur Pannhuysen, professeur de gymnastique, initie les élèves en les couchant sur le ventre sur un banc puis leur dicte les mouvements.
Plus sérieuse est l’arrivée du Club de Nation de Tournai, fondé en 1920, qui lui restera fidèle ; plus maléfique est l’obligation de laisser le bassin à la disposition des armées allemandes lors des deux conflits.

Au fil des ans, la nécessité d’avoir un bassin de natation ouvert toute l’année se fait impérieuse. Au C.C. du 6 mai 1955 est prise la décision de "d oter la ville d’un bassin couvert". En janvier 1957, est arrêté l’avant-projet des travaux avec estimation des coûts: 7.304.710 francs ; somme portée à 12.826.811 frs par le projet définitif scindé en quatre lots. Le gros œuvre est remporté par Favier de Pecq pour 9.086.762frs mais remplacé après désistement par Leturcq pour 9.626.478frs ; le chauffage central échoit à Leveau de Tournai 1.878.828 ; l’épuration des eaux sera réalisée par Sovetraux de Liège (1.135.925 frs) et l’électricité revient aux Ateliers électrotechniques de Tournai avec 302.685frs.

Fin 1964, le bassin est prêt avec grand bain, pataugeoire, cabines.
Mais, une fois encore, les besoins évoluent et d’autres projets voient le jour. L’Orient pointe le bout du nez. Madame ferme ses portes le 26 mars 1997. Un roller-park naît le 30 juin 2000 et fera la joie des amateurs de cette discipline. Pour une bonne dizaine d’années seulement car, en décembre 2016, les grues démolissent ce site pour développement tout autre.