Aux assises, après un meurtre au Bas-Quartier à Tournai
Grégory Doucet était venu à Tournai pour vendre de la drogue. Il a été abattu d’une balle dans le thorax
Publié le 15-05-2023 à 10h30
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Johnny Vanhoutte (41 ans) et Claudy Putman (46 ans) sont jugés pour trois vols avec violence, dont l’un avec plusieurs circonstances aggravantes dont celle d’avoir commis un meurtre pour faciliter le vol ou en assurer l’impunité.
Les vendeurs de drogues français ont fait de Tournai leur terrain de jeu. Dans ce milieu interlope, tous les coups sont permis. Parfois, cela se termine par un drame. C’est ce qui s’est passé le 18 juin 2020 au soir à la rue du Bas Quartier, dans le centre-ville.
Ce soir-là, il est environ 20 heures quand les policiers de la zone locale sont avertis qu’un coup de feu a retenti au numéro dix de la rue du Bas Quartier. Une patrouille se présente devant l’habitation, dont la porte d’entrée est fermée. Les policiers remarquent qu’une fenêtre du rez-de-chaussée est entrouverte. Il y a des traces de sang.
Des résidus de drogue
Des policiers entrent dans la maison, où le sol et les murs sont maculés de sang. Un homme et une femme sont en état de panique, ils indiquent la présence d’un cadavre au pied d’un escalier. Un homme gît dans une mare de sang, il est agenouillé et sa tête repose sur les premières marches de l’escalier. Il a été abattu d’un coup de feu tiré dans le thorax.
Une instruction est ouverte au parquet de Mons-Tournai. La police judiciaire fédérale descend sur la scène de crime et retrouve des résidus de poudre blanchâtre et brunâtre. Il s’agit de cocaïne et d’héroïne. Il y a du matériel de conditionnement, mais la drogue a disparu.
Près de quatre heures plus tard, alors que les policiers relèvent encore des indices sur la scène de crime, un homme se présente sur les lieux. Il déclare que la victime est son frère, Grégory Doucet, homonyme du maire écologiste de Lyon. Le citoyen de Tourcoing, âgé de 46 ans, est endetté en raison de sa consommation excessive de cocaïne. Pour diminuer sa dette, il a été envoyé vendre de la drogue en Belgique, par son fournisseur.
Premiers devoirs
Les policiers auditionnent les témoins des faits, l’homme et la femme qui ont indiqué aux policiers la présence d’un cadavre. Ces gens vivent à l’étage du bâtiment. Ils racontent que le rez-de-chaussée a été investi par les vendeurs de drogues. Ce soir-là, ils ont vu deux hommes, dont l’un était armé. Ils ont entendu "où est le matos ?" et "bute-le".
Le médecin légiste constate la présence d’un orifice d’entrée et de nombreux plombs dans les organes vitaux.
Les policiers exploitent les caméras urbaines. La victime est arrivée en voiture, le matin dans le quartier, accompagnée de quatre jeunes, lesquels ont précipitamment pris la fuite vers 20 heures. Leur voiture est incendiée trois quarts d’heure plus tard à Tourcoing.
Un témoin et une voiture
Le 24 juillet 2020, un jeune Français se présente au poste de police. Il déclare qu’il accompagnait Grégory à Tournai le jour des faits, avec trois autres jeunes. Il raconte que deux hommes, dont les visages étaient masqués par un foulard, sont entrés dans la maison en passant par la fenêtre. L’un était armé d’un fusil et l’autre d’un couteau.
Il ajoute que Grégory a tiré, à trois reprises, en direction des deux hommes avec un pistolet air soft. L’homme armé d’un fusil a tiré à une seule reprise, touchant Grégory au thorax. La même scène est décrite par les trois autres jeunes, interrogés par la police française dans la foulée.
La présence d’une BMW à proximité de la scène de crime, dans le créneau horaire de la perpétration de celui-ci, interpelle les policiers. Deux hommes sortent de l’auto et ils correspondent à la description faite par les témoins. Le numéro de plaque permet d’identifier son propriétaire.
Suspects identifiés
Il s’appelle Claudy Putman. Le citoyen d’Antoing est défavorablement connu de la justice et il baigne dans le milieu des stupéfiants. Il est interpellé chez lui, le 14 décembre 2020.
L’analyse de son téléphone dévoile qu’il est souvent en contact avec un certain Johnny Vanhoutte, lui aussi connu de la justice pour les mêmes raisons. Le natif de Mouscron, qui vit à Ath, est interpellé le même jour.
Johnny Vanhoutte passe à table, déclarant que le coup a été fomenté par Claudy Putman. Il précise qu’il ignorait que son ami était armé. Il raconte enfin que des coups de feu ont éclaté, alors qu’il ramassait la drogue.
Claudy Putman passe aux aveux chez le juge d’instruction, qui le confronte aux premiers éléments d’enquête et à la déclaration de Johnny, mais prétend que c’est ce dernier qui a monté le coup. Il avoue être l’auteur du tir: "j’ai cru qu’il était armé, c’était lui ou moi". Il indique avoir jeté l’arme dans le canal à Péronnes, non loin de son domicile. Elle n’a jamais été retrouvée.
Le camion du Breton
Deux autres vols avec violence sont reprochés aux deux hommes. Le jour des faits, ils ont volé la drogue et les effets personnels des quatre jeunes qui accompagnaient Grégory Doucet à Tournai.
Le 3 septembre 2020, un Breton, qui vendait sa drogue depuis son camion stationné près de la Plaine des Manœuvres à Tournai, a été braqué par deux hommes circulant sur une moto rouge. Les deux accusés ont reconnu être les auteurs de ce vol avec violence.
Leur procès débute mercredi avec le tirage au sort des jurés. L’examen sur le fond débutera le lundi 22 mai à 9 h.