En mai, on devient "bleu" du Muziekbos (Renaix), un lieu privilégié de balades - Louise-Marie, un joli petit hameau qui devrait son nom à une reine
Voisines de la Wallonie picarde et prolongement naturel du Pays des Collines, les Ardennes flamandes sont un vrai paradis pour les randonneurs. Louise-Marie est un village unique situé sur le flanc nord du Muziekbos à la frontière du Maarkedal et de Renaix.
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Publié le 08-05-2023 à 11h51 - Mis à jour le 08-05-2023 à 11h52
Si, au cours de cette promenade (correctement balisée) dans le Muziekbos, vous entendez soudain Scroutch, c’est probablement qu’une de vos bottines s’est enfoncée dans la boue. Car ce parcours de dix kilomètres dans les Vlaamse Ardennen, émaillé de superbes panoramas, se mérite…

Sur ces sentiers fort humides, mieux vaut porter de bonnes chaussures de marche, alors que le terrain escarpé exige d’avoir une assez bonne condition physique. Ça grimpe plus souvent qu’à soin tour, et pas qu’un peu ! Mais le jeu en vaut la chandelle, plus encore en cette période où les jacinthes sauvages colorent les bois de leur tapis aux nuances bleues violettes, contrastant avec le jaune des genêts ou des joncs parfumant la lande.

Nom d’un marais !
Le départ de la randonnée se fait à la Ruddersveld 7 à Renaix, où un vaste parking attend les visiteurs, juste au pied de la jeugdherberg Fiertel (eh oui, il y a une auberge de jeunesse dans la cité des Bommels, et même si elle est assez retirée du centre-ville, on peut l’atteindre en bus !) et du célèbre Kanarieberg avec sa pente de 14%. Du point-noeud 92, en se dirigeant vers le 91, on longe la Ijsmolen Hoeve – littéralement ferme du moulin à glace, un centre d’activités connu pour son parcours d’aventure (mur d’escalade, death ride…) et sa ferme pédagogique.

À un jet de pierre de là surgit, dans le décor champêtre, la chapelle Notre-Dame de Lorette, une des haltes du Grand Tour de Saint-Hermès.

Cet oratoire classé surplombe la route bétonnée que nous quitterons bientôt, escorté par une haie d’honneur formée par des saules têtards, pour un chemin de terre, avant de nous enfoncer dans le bois où se situera l’essentiel de la promenade.

Outre les jacinthes et les plantes de la lande reconstituée, notre regard se posera à plusieurs reprises sur la lathrée clandestine, une espèce relativement rare. On pourrait croire que le chant des pinsons, des mésanges ou des rouges-gorges qui nous accompagneront tout au long du parcours, ont donné son nom au Muziekbos. Pas du tout, celui-ci n’aurait aucun lien avec la musique, mais se référerait à un vieux mot celtique, muz, désignant les marais. On comprend mieux….

La "tour des gueux"
Des silhouettes découpées dans de l’acier Corten témoignent de la présence d’animaux: hérons, libellules, papillons… et même cervidés.

Si on ne peut pas quitter les chemins balisés, deux aires de jeux ont été aménagées pour les plus jeunes (moins et plus de 12 ans), tandis que des bancs, des tables de pique-nique mais aussi des sortes de chaises longues en bois, les Sinnenbanken, se mettent à la disposition de tous.

Au sommet du Muziekberg, qui culmine ici à 148 mètres, en plein cœur du Muziekbos, se dresse la Geuzentoren, la Tour des Gueux, une tour circulaire construite en grès ferrugineux, qui évoque les châteaux forts médiévaux où se morfondent les princesses des contes de fées en attendant leur prince charmant…

Elle ne date pourtant que de 1864, construite à l’initiative du propriétaire, M. Scribe. C’est ici, paraît-il, qu’un quart de siècle plus tard, au cours d’une balade avec son ami, lui aussi écrivain, Pol De Mont, Omer Wattez inventa la dénomination "Ardennes flamandes" À quelques pas de la tour, se découvre aussi un tumulus gallo-romain.

À la sortie du bois, on n’est plus très loin de Louise-Marie (voir ci-dessous). Un panneau indique "Doornik 65 km" (via le GR 122). En rejoignant le point de départ, on verra pas mal d’écriteaux bilingues, C’est vrai que Renaix est une commune à facilités et qu’Ellezelles ne se situe qu’à quelques dizaines de mètres.

D’une superficie de plus de cent hectares, le Muziekbos est situé sur le Muziekberg, l’une des collines-témoins les plus célèbres des Ardennes Françaises, connue aussi des amateurs de cyclisme et du Ronde van Vlaanderen.
Pour s’y rendre, on peut aussi se garer au pied de l’église Notre-Dame de la Salette à Etikhove – elle voisine avec une œuvre récente en inox de 550 kg du sculpteur Pol Vermoere, évoquant une… portée de musique – où on se sait plus trop si on se trouve à Renaix ou à Maarkedal.

D’origine renaisienne, le Frasnois Marc Ameye connaît bien l’endroit pour avoir grandi dans la magnifique villa Te Nitterveld (apparentée à l’art déco mais plutôt dans le modern style anglais), mitoyenne du Muziekbos, appartenant à l’époque à sa famille: "Beaucoup de légendes sont liées à ce lieu où il y avait notamment un hêtre sous lequel on rendait la justice", explique le comédien, conteur vinicole et animateur à Radio Tcheuw Beuzié dans les années 80 et 90. Des histoires folles circulent. On parle de gnomes, de deux follets, de sorcières et de loups-garous (Ellezelles n’est pas loin !), d’elfes, de géants, etc. On dit que Goering, et même Hitler, auraient séjourné ici ! On a peine à croire à toute cette agitation dans un lieu si paisible. Entourée d’étangs, la spacieuse villa (classée) conçue par les architectes Dumont, a été construite vers 1900, à l’initiative de l’arrière grand-père de Marc: "Il y avait tout près, une source qui produisait de l’eau, où se trouvait d’ailleurs une petite fabrique d’eau (t’waterkot) qui commercialisait une eau très connue réputée dans la région pour certaines vertus. C’était la Royale Louise-Marie. L’entreprise a périclité par la suite. Mais on faisait remonter cette eau, via le principe des vases communicants jusqu’au manoir où on l’employait pour divers usages", se souvient celui qui a toujours voulu faire des "jointures" entre nos deux communautés. Sur l’étiquette, on découvrait l’image de la Marie-Louise d’Orléans, avec ses belles boucles. D’aucuns disent que le hameau tire son nom de la première reine de Belgique, décédée le jour de la pose de la première pierre de l’église, le 11 octobre 1850.
Points-noeuds 92-91-59-58-35-36-36-37-39-93-32-36-35-91-92. Renseignements et carte sur www.ontdekronse.be– toerisme@ronse-be