Chaque année, à Tournai, la même photo de famille : la série vue 1,4 million de fois sur TikTok
C’est un rituel depuis 2002 chez les Verhamme: chaque année, à pareille époque et au même endroit, Damien, le papa, fait une photo de la famille. Une des ses filles a publié sur TikTok la série de photos qui a touché 1,4 million de personnes en trois jours.
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Publié le 05-05-2023 à 06h00
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Lundi, Mila n’en revenait pas. "Papa, nos photos ont été vues 60 000 fois sur TikTok". Elle avait choisi une chanson de 2004, "Somewhere only we know" du groupe Keane, pour accompagner un diapo constitué de 21 photos avec le commentaire suivant: "Une photo par an depuis 2002 jusqu’à aujourd’hui".
Mercredi, le "compteur" franchissait le cap des 500 000. Et ce jeudi après-midi, il dépassait 1,4 million de vues. Avec 885 partages, 117 000 clics "J’aime" et 435 commentaires en français mais aussi en anglais, néerlandais, allemand…

Damien Verhamme, son papa, artiste multifacettes bien connu à Tournai, est tour à tour auteur-compositeur, musicien, écrivain, vidéaste, dessinateur, photographe… Jamais une de ses œuvres n’avait connu un tel retentissement. Ça le fait sourire. "Les jeunes peuvent voir des centaines de photos et vidéos par jour sur ce réseau, c’est assez superficiel tout ça. Mais je suis vraiment très surpris. Je pense que si tant de gens sont touchés par cette série, c’est parce que tout le monde s’y retrouve un peu dans ces photos de famille".
Damien s’amuse de voir dans le succès de la publication une sorte de pied de nez à TikTok. "C’est à contre-courant de la logique de l’immédiateté qui règne sur ce type de réseau. Parce que la série de photos s’est constituée pendant plus de vingt ans, la démarche a duré, il a fallu de la patience".
Un rituel important pour la famille
La première photo date de 2002. Mila n’était pas encore née. Y figurent Damien, la maman et trois frère et sœurs. "Bruno Vessié, un ami, avait pris cette photo. L’année suivante, j’ai décidé d’en prendre une autre au même endroit et à la même époque (en été) à l’aide d’un pied photo. C’est après cinq ou six photos que j’ai pris conscience que cette série avait quelque chose d’artistique. Mais ce n’était pas le but. La réalité, c’est que c’est devenu un rituel pour la famille. Un moment important partagé entre nous, coloré, plein de bonne humeur. Mes enfants eux-mêmes me rappelaient de ne pas oublier de prendre la photo chaque année entre juillet et septembre. On fera bientôt la 22e photo ; c’est de moins en moins évident de rassembler tout le monde en même temps avec les plus grands qui sont en kot, qui bougent beaucoup…"
Le temps passe. Les visages de bébés et d’enfants s’affirment, les coupes de cheveux changent. Les masques de la photo de 2020 nous rappellent que le Covid est passé par là. Sur le cliché de 2015, le papa figure au milieu des enfants à une place qui n’est pas la sienne habituellement ; c’était après la séparation du couple. Des visages apparaissent. "Quand le petit ami de ma fille aînée est venu sur la photo, elle était heureuse parce que c’était comme si, à partir de ce moment, il faisait partie de la famille".
De la régularité et de la patience
Damien Verhamme n’en avait pas conscience pendant de nombreuses années, mais le petit rituel familial n’est pas éloigné de ses projets de photos de portraits : son "Photomatique" (il avait photographié des passants croisés ici et là, jamais très loin de chez lui) en 2012, "Les Mots bleus" (il avait arpenté les rues pour récolter quatre cents mots sur plus de 600 clichés) cinq ans plus tard, etc.
Depuis un an à peu près, des amis et connaissances se font tirer le portrait chez lui, en buvant un café, un thé, un verre d’eau ou de bière… "Souvent, je vais vers les gens ; cette fois, ce sont eux qui s’installent chez moi. Il y a un dénominateur commun à toutes ces séries: la régularité, la patience, la consistance, le nombre…"