Rongy : quarante passionnés marchent sur les traces des soldats "ricains" à la frontière française
Jusqu’à dimanche, quarante passionnés en uniforme reconstituent le passage (marquant) de la 79e division d’infanterie de l’armée américaine sur la frontière.
Publié le 29-04-2023 à 12h02
Ils s’appelaient Malcolm Kennedy, Théodore W. Large et Clark McGee. À quelques heures d’intervalle, ces trois soldats américains sont tombés sous les balles lors de la percée américaine près de la frontière. La région est alors pratiquement libérée de l’occupation allemande.
"Les 313e et 315e régiments de la 79e division d’infanterie de l’armée américaine installent leur campement à quelques encablures de la frontière entre Rumegies et Rongy, début septembre 1944", se souvient Henri, historien local.

Débarquées en Normandie quelques mois plus tôt, les troupes de la 79e ont participé à la prise de Cherbourg avant de traverser la Seine le 19 août 1944, premier jour de la libération de Paris. "Ils ont progressé rapidement jusqu’à Rumegies. L’ordre était de passer la frontière le plus rapidement possible. Mais sans carburant pour leurs véhicules, sans munitions pour leurs armes et sans vivres, impossible de continuer leur progression." Henri est le local de l’étape. Le papa du Rumegeois avait 20 ans lorsque les troupes américaines ont libéré le Nord de la France. "Lorsqu’il se replongeait dans ses souvenirs, c’était passionnant pour moi. Depuis, je n’ai jamais cessé de me documenter et d’alimenter mes connaissances sur cette période. "

Les troupes américaines ne resteront pas plus d’une semaine le long de la frontière franco-belge, le temps de se réorganiser. "Ensuite, ils reçoivent l’ordre de redescendre vers Reims et de continuer les combats vers l’Est et l’Allemagne, par l’Alsace-Lorraine." Ce sont ces quelques jours "de transit" qu’une quarantaine de passionnés s’efforce de reconstituer, le plus fidèlement possible aux conditions de l’époque. "Même nos chaussettes sont celles que les Américains portaient pendant la Seconde guerre mondiale ", témoigne Loïc, qui participe activement à ces trois jours de reconstitution.
Devoir de mémoire
À quelques mètres de nous, le moteur d’une Jeep de 1942 vrombit. C’est celle d’Oliver Wadin, l’organisateur du camp. Sa dernière reconstitution en date, c’était en 2017. "Depuis, tout le village en réclame une autre ", explique notre interlocuteur. "C’est un boulot dingue, mais qui se concrétise de nouveau."

Tous les fidèles se sont donnés rendez-vous avec leurs uniformes, ceux de l’époque. Dans les caisses, le matériel est estampillé "U.S Army", les tentes sont installées et tiendront jusqu’à lundi matin.

Entre deux allées et venues d’une ambulance ou d’un camion de l’époque, un 33 tours diffuse l’hymne américain. À quelques légers détails, on s’y croirait franchement. "Justement, tout est dans le souci du détail ", reprend Loïc. C’est grâce au perfectionnisme de ces passionnés que le devoir de mémoire n’a jamais été aussi poignant. Dans la pâture, le bond dans le passé est réel.
"Aujourd’hui, ils sont très peu nombreux à avoir vécu cet épisode important de notre histoire. D’où, selon moi, l’importance d’une reconstitution grandeur nature du campement de l’époque", conclut Henri.
À découvrir samedi et dimanche
Le moment fort du week-end ? Le convoi historique, assurément. "C’est un parcours découverte sur les traces de la guerre dans la région", précise Olivier Wadin.
Le tracé fait environ 20 kilomètres et s’attarde notamment sur des stigmates encore visibles de la Seconde Guerre mondiale. "Sur la façade d’une habitation à Saint-Amand-les-Eaux par exemple, où on distingue encore les impacts de balles."
D’autres activités sont prévues dont des expositions, cérémonies patriotiques ou ambiances musicales en soirée. Le French Belgium Border Camp est accessible à tous, ce week-end le long de la rue Molière (Rumegies, côté français).