Des employés de la SNCB passés à tabac à la gare d'Ath
Le 15 février 2020, un groupe de jeunes alcoolisés s’en sont pris à des agents du rail à la gare. L’un d’eux a reçu cinq coups de couteau.
- Publié le 21-04-2023 à 15h00
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La gare d’Ath a été le théâtre d’une violente dispute le soir du 15 février 2020. Deux agents du rail ainsi qu’un technicien de surface ont été la cible d’un groupe de jeunes vraisemblablement très alcoolisés.
Les agresseurs ont comparu devant le tribunal correctionnel pour répondre de leurs actes. Cinq hommes d’une vingtaine d’années sont prévenus dans cette affaire. La partie civile a demandé que les faits de coups et blessures volontaires soient requalifiés en tentative de meurtre. En effet, cinq coups de couteaux auraient été portés dans le cou de l’un des agents de la SNCB et l’homme d’entretien a été poussé sur les voies. "Lors de son audition, l’individu qui a porté les coups de couteau a déclaré être conscient qu’ils auraient pu provoquer la mort", argumente l’avocat des parties civiles.
"Une scène d’une grande violence"
La soirée avait commencé dans un appartement où deux des jeunes hommes avaient forcé l’entrée et ont agressé le propriétaire avant de repartir accompagné d’un troisième ami. Le groupe s’est ensuite dirigé vers la gare. Après avoir été provoqués par une autre bande, les trois hommes ont pris la fuite. L’un d’eux s’est rendu chez un ami qui habitait à proximité. Ce dernier lui a confié un couteau pour l’aider à se défendre. Le groupe de copains est alors revenu vers la gare. Alcoolisés, ils confondent l’un des individus du groupe adverse avec l’homme d’entretien et s’en prennent à lui. Le ton est également monté avec les agents de la SNCB quand les jeunes ont traversé les voies. La situation a ensuite dégénéré gravement : un balais a été utilisé par les agresseurs pour porté des coups, le chef de gare a dû se munir d’un manche d’une ancienne pioche pour se défendre, des coups de couteaux ont été portés, et l’un des jeunes hommes est tombé sur les voies avec le technicien de surface. "C’est une scène d’une grande violence que l’on peut voir sur les images de la vidéo", concède l’avocat du prévenu ayant blessé l’agent avec le couteau à steak.
Les agresseurs sont poursuivis avec la circonstance aggravante de préméditation mais également de mobile discriminatoire envers l’homme d’entretien qui était d’origine nord-africaine.
Un meneur et des suiveurs
Deux des cinq prévenus demandent l’acquittement : l’un ne ferait pas partie de la bande des agresseurs mais serait intervenu pour venir en aide aux agents de la SNCB ; l’autre n’aurait été que témoin de la scène qu’il a d’ailleurs filmée. Le procureur requiert pour eux respectivement 2ans et 6 mois, estimant qu’ils étaient bel et bien impliqués dans l’altercation.
Quant aux trois autres, l’un a assuré avoir tenté de calmer les esprits, mais avoir perdu son sang froid quand il a poussé l’homme d’entretien sur les voies ; le second démontre une implication moindre que le troisième et surtout affirme qu’il n’avait pas conscience que l’un d’eux portait un couteau sur lui. Ils risquent tous les deux 4ans de prison. Leurs avocats, qui ont décrit leurs clients comme étant des suiveurs, ont essayé de convaincre le tribunal qu’il fallait épargner leurs casiers judiciaires et ont sollicité des peines de travail ainsi que la suspension du prononcé.
Le dernier prévenu est celui qui a usé de l’arme blanche. Il semble être le principal instigateur de l’altercation. Son avocat a reconnu la cruauté des actes commis par son client et l’a essentiellement défendu au sujet des circonstances aggravantes "Il n’y a pas eu préméditation, Monsieur n’a pas eu assez de temps pour réfléchir murement à son acte, comme le prévoit la loi. Il n’y a eu que 15 minutes entre son départ de la gare et son retour avec le couteau. Quant au caractère raciste, il reste à prouver. Monsieur s’en est également pris à des hommes blancs et âgés... ", a plaidé l’avocat.
Aucune intention de tuer ?
Afin d’éviter la requalification des faits en tentative de meurtre, le conseil a également démontré qu’un doute persistait quant aux coups de couteau : "dans un premier temps, il n’y a pas de constat de lésions dans le cou, ce n’est pas à cet endroit que la victime s’est plainte de douleurs. Il s’agirait peut-être donc d’une erreur d’écriture de la part du médecin légiste." Un argument qui a semblé être tiré par les cheveux aux yeux des parties civiles mais qui pourrait remettre en question la véritable intention du prévenu.
Le procureur du roi a requis cinq ans de prison pour l’individu en question. Son avocat a demandé que la peine soit assortie d’un sursis probatoire.
Quant aux dommages réclamés par l’ensemble des parties civiles, ils pourraient se chiffrer, après expertise, à plusieurs dizaines de milliers d’euros. La défense a tenté de démontrer que les victimes étaient en partie responsables de leur dommage afin de le montant dû soit réduit et partagé avec les victimes. "Le chef de gare a envenimé la situation en interpelant ces jeunes gens. Il s’est également approché d’eux avec son bâton. Il aurait dû réagir autrement pour maintenir la sécurité de tous."
La présidente du tribunal rendra son jugement le 1er juin.