Tournai et cinq secteurs pavés belges intégrés au final de Paris-Roubaix 2023 ! (vidéos)

Christian Prudhomme l’annoncera ce midi à l’heure des JT. Mais un vent favorable nous est parvenu: Paris-Roubaix, la reine des classiques, effectuera une boucle dans Tournai le dimanche 9 avril prochain. Et par la rue Saint-Martin tout naturellement.

G.E

Comme vous l'aurez sans doute deviné, cet article était l'un des poissons d'avril cachés sur lavenir.net ce samedi 1er avril 2023.


C’est un concours de circonstances inédit qui a conduit les organisateurs de Paris-Roubaix, le groupe ASO, à dérouter partiellement la fin de course, au profit de Tournai. Entendons-nous bien, l’arrivée ne sera pas jugée à Tournai mais comme toujours à Roubaix.

Cela dit, cette boucle inédite par la cité des cinq clochers, et par une série de secteurs pavés pour la rallier et la quitter, ne manquera pas de retentissement.

Pour sauver les pavés de Tournai…

On vous raconte la genèse de l’affaire. C’est d’abord venu d’une demande du MR tournaisien, et tout particulièrement de la députée Marghem. Elle cherchait à frapper un grand coup pour sauver les pavés de la rue Saint-Martin, menacés d’être remplacés par un béton structuré. Son ambition: rien moins que les faire classer comme leurs frères de l’Enfer du Nord.

 La rue Alevale du côté d’Antoing en montée, un vrai petit "casse-pattes", provoquera-t-elle un début de décision?
La rue Alevale du côté d’Antoing en montée, un vrai petit "casse-pattes", provoquera-t-elle un début de décision? ©EdA

Si l’ex-ministre a gardé de bons contacts avec la France via Engie datant de son passage à l’Energie, Mme Marghem a aussi alerté les instances de son parti. Et pourtant, le détail ne manque pas de sel, c’est Jean-Luc Crucke, alors qu’il vient de troquer son maillot bleu pour s’engager à courir sous le maillot turquoise des Engagés, qui a relayé l’idée auprès de son ami le commissaire européen Didier Reynders, lui-même très lié au président français Emmanuel Macron, comme on le sait. Une chance: celui-ci n’a pas dû recourir au 49.3 pour faire passer cette entorse à la tradition auprès des tenants d’un itinéraire inamovible. Il se trouve que les organisateurs de Paris-Roubaix étaient de toute façon contraints de modifier l’enchaînement classique des secteurs pavés.

Une opportunité pour… les organisateurs !

Deux raisons se sont imposées à ASO. La première est "physique": la sécheresse prolongée a entraîné en plusieurs secteurs "historiques" une rétractation du sol et les pavés sont devenus flottants, telles des dents déchaussées. Or si l’on connaît les risques de la course par temps de pluie et de routes grasses, des pavés qui battent la breloque s’avéreraient encore plus dangereux. À un point tel qu’il avait été décidé de passer outre les secteurs concernés… On allait tout droit vers une dénaturaion de l’épreuve. Si bien que la proposition tournaisienne qui avait fait l’objet d’un intérêt poli dans un premier temps a pris de plus en plus de consistance.

 Nos collègues Antoine Pontrandolfi et Loïc Defoort, tous les deux cyclotouristes aguerris, ont pu tester ce final new-look de Paris-Roubaix qui comprend cinq secteurs en Tournaisis: Howardries, Hollain, Antoing, Tournai, Willemeau. Ils livrent ici leurs impressions à Arnaud Smars. Ils sont convaincus!
Nos collègues Antoine Pontrandolfi et Loïc Defoort, tous les deux cyclotouristes aguerris, ont pu tester ce final new-look de Paris-Roubaix qui comprend cinq secteurs en Tournaisis: Howardries, Hollain, Antoing, Tournai, Willemeau. Ils livrent ici leurs impressions à Arnaud Smars. Ils sont convaincus! ©EdA

La seconde raison est "humaine" et à vrai dire pleine d’ironie. Christian Prudhomme a pris la décision par sympathie à l’égard de… Paul-Olivier Delannois. Ce n’est un secret pour personne que le bourgmestre actuel rêve d’une nouvelle arrivée du Tour de France à Tournai après celle de 2012 sous le maïorat de Christian Massy. Et il ne ménage pas ses efforts en ce sens. Toutefois lors de la dernière opportunité qui s’est présentée, Binche qui avait aussi des arguments à faire valoir, a coiffé Tournai au poteau. Pas de quoi brouiller MM. Delannois et Prudhomme, mais on ne niera pas qu’il y avait un peu de regrets, de part et d’autre d’ailleurs. Alors, on peut penser que dans l’esprit de M. Prudhomme, un passage exceptionnel de Paris-Roubaix par Tournai, c’est tout sauf un lot de consolation.

Beau joueur, Paul-Olivier Delannois, pourtant très désireux de voir ces satanés pavés disparaître, a marqué son accord. Mieux que ça, il envisage désormais de faire repaver la Grand-Place avec les épouvantables pavés des trottoirs du quai des Salines, dans l’espoir qu’à terme, l’arrivée puisse se juger sur le forum tournaisien, le vélodrome de Roubaix étant voué à la démolition depuis son rachat par un consortium immobilier qatari. Mais ça, c’est une autre histoire.

Tous les détails du nouveau parcours

Cinq secteurs en Belgique: c’est inédit! Le peloton de l’Enfer du Nord passera par Howardries, Hollain, Antoing, Tournai et Willemeau avant de regagner la France...

 Les pavés d’Howardries ont un air de Trouée d’Arenberg.
Les pavés d’Howardries ont un air de Trouée d’Arenberg. ©-EDA

De 256 kilomètres, le nouveau tracé de Paris-Roubaix passe à 262 bornes. Six kilomètres en plus pour l’édition 2023 et de nouveaux pavés. Exit les secteurs de Beuvry, Orchies ou le redoutable tronçon de Mons-en-Pévèle. Mais les coureurs ne perdront pas en difficulté ! Après la Trouée d’Arenberg, ils emprunteront bien les secteurs de Wallers, Hornaing, Brillon et Sars-et-Rosières, mais ils changeront de cap afin de passer la frontière entre Rumegies et Rongy avant de se confronter au premier des cinq secteurs belges, celui d’Howardries. Un tronçon sinueux et exigeant de 1 600 m, dont la partie finale en faux plat montant dans le bois est souvent humide.

De Lesdain, le peloton (où ce qu’il en reste) rejoindra le secteur d’Hollain (emprunté par le Tour de France en 2010), avant de s’en aller chercher celui d’Antoing, le seul mont pavé de l’épreuve, rebaptisé Kasteelberg pour l’occasion en clin d’œil sûrement à une autre classique, le Ronde ou le Tour des Flandres qui se court ce dimanche. Place ensuite à quelques kilomètres de répit avant d’entrer dans la cité des Cinq Clochers. Aux abords de la rue Saint-Martin, le placement sera primordial. Par la suite, c’est un "tout droit" vers la frontière, en passant tout de même par le secteur de Willemeau. Le cortège regagnera la France par Rumes et retrouvera son parcours historique en empruntant le pavé de Cysoing, quelques kilomètres avant Camphin-en-Pévèle et le mythique Carrefour de l’Arbre.

Si ce détour par la Belgique est longtemps resté secret, certaines personnes étaient évidemment dans les confidences d’ASO. Véritables anges gardiens des pavés de l’Enfer du Nord, les Amis de Paris-Roubaix connaissaient ainsi depuis un moment les intentions de la société organisatrice de la classique française. "Christian Prudhomme et son équipe nous avaient demandé en novembre dernier d’aller reconnaître les secteurs d’Howardries et d’Hollain dans l’optique de trouver des pavés pouvant mener à Tournai et à sa rue Saint-Martin, signale le Blandinois Jean-Guy Sapin, le vice-président des Amis de Paris-Roubaix. C’est alors que nous est venue l’idée de proposer la côte du Château d’Antoing. Et la sortie du territoire belge par le secteur de Willemeau ! Nos propositions ont été accueillies positivement, les pavés belges n’ayant rien à envier à leurs cousins français. Au-delà de l’aspect visuel de par la beauté des bâtiments de Tournai, ce sera une vraie plus value au niveau sportif pour la course. Ce sera fantastique !"

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