Wallonie picarde : où vont les invendus des magasins Delhaize ?
Où vont les produits périssables placés en rayon juste avant que la grève ne se déclare chez Delhaize ? C’est la question du lecteur de la semaine.
Publié le 18-03-2023 à 10h32
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Dans une dépêche Belga datée du début de la fronde chez Delhaize, l’enseigne affirmait avoir "pris contact avec des banques alimentaires" pour écouler les vivres périssables dans les rayons de la centaine de magasins fermés.
Fin 2022, la marque au lion détaillait son plan anti gaspillage, une "priorité absolue " selon le communiqué envoyé par Delhaize. Celui-ci précise que l’enseigne "fait don de ses invendus aux Banques Alimentaires depuis plus de 30 ans et reste engagée dans cette voie."
L’occasion était trop belle pour ne pas se renseigner auprès de Jacques Vandenschrik (président de la banque alimentaire du Hainaut Occidental et de Mons-Borinage) sur la manière dont est organisé l’accord entre l’enseigne et la vénérable structure d’utilité publique. "Nous ne travaillons pas avec Delhaize et n’avons pas été mis en relation avec les magasins de la région depuis le début de la grève", indique l’intéressé.
"Une distribution en plus" pour le CVC à Mouscron
Un discours bien éloigné de celui mis en avant par l’enseigne au lion. Delhaize n’adhère pas à Soreal (Solidarité Réseau alimentaire), un service de récupération des denrées périssables invendues mis en place via le partenariat de la banque alimentaire et du Relais social urbain de Tournai, au contraire de Colruyt ou Aldi.
Pourtant, la marque écoule bel et bien ses invendus (en temps normal) et ses produits périssables inaccessibles aux clients depuis plus de dix jours. Mais elle collabore directement avec des associations de première ligne, sans passer par la case banque alimentaire. À Mouscron, ce sont des bénévoles du Centre de Vie Chrétienne qui font le déplacement tous les jours jusqu’au magasin de l’avenue Mozart. "On récupère les invendus pour les distribuer deux fois par semaine, à environ 200 familles", explique Jessica Gricourt, la secrétaire de l’ASBL. "Depuis le début de la grève, on en rapatrie un peu plus, de quoi nous assurer une troisième distribution sur la semaine. Elle a eu lieu dimanche, jour du culte. "
Et après ? Personne ne peut prédire ce qu’il adviendra des magasins menacés de passer sous franchise, ni d’avancer une date pour la reprise du travail. "On attend de voir comment la situation évolue. Si un franchisé reprend le magasin mouscronnois, peut-être mettra-t-il fin au partenariat qui nous permet de récupérer les invendus." L’ASBL est dans l’expectative.
Des incertitudes pour les asso’de première ligne
À Tournai, le magasin situé aux Bastions collabore avec une association bien connue de la cité des cinq clochers: la Maison du Pichou. "Voilà dix ans qu’on se présente tous les jours au magasin pour récupérer les invendus", indique Martine Maenhout, la présidente de l’ASBL. "Au bout d’une décennie, on crée des liens. Donc on vit difficilement leur situation. On aimerait être plus présent pour les soutenir."
Au Delhaize, la Maison du Pichou récupère les légumes, la viande ou les produits laitiers pour constituer des colis alimentaires distribués à environ 350 personnes par semaine (tant aux personnes défavorisées de passage qu’à celles inscrites à la banque alimentaire). "La distribution sera un peu plus importante jusqu’à jeudi. Ensuite, ce sera retour à la normale et incertitudes sur les futures distributions, car le stock diminue tant que la grève se poursuit ", observe très justement la Tournaisienne. Son association est aussi dans l’attente d’une mise à jour de la situation au sein de la marque. "C’est une gestion au jour le jour. Sans les produits récupérés au magasin, ce sera de la débrouille, encore plus qu’aujourd’hui. "
Pourquoi, contrairement à ce qu’elle indique, Delhaize n’a pas fait le choix de se tourner vers les banques alimentaires (du moins en Wallonie picarde) ? Seule l’enseigne pourra répondre. Jacques Vandenschrik n’est pas homme à créer des polémiques. S’il déplore le choix de Delhaize de ne s’appuyer que sur une association par magasin, le président de la banque alimentaire locale précise sa pensée: "tant que rien ne pourrit dans les rayons, c’est le plus important."
Reste que la structure dispose d’un réseau de 57 associations où les produits non vendus auraient pu être dispatchés. "Passer par une seule association n’a pas la même résonance que choisir de s’orienter vers le grossiste des associations. …"