France : Tereos veut supprimer 123 emplois dans sa sucrerie, deux mois après sa condamnation pour "préjudice écologique" dans l’Escaut
Condamnée à verser plus de neuf millions d’euros à la Wallonie au titre de "préjudice écologique", Tereos s’apprête à supprimer 123 postes dans sa sucrerie d’Escaudœuvres.
Publié le 13-03-2023 à 18h01
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Avril 2020, premier confinement. En pleine lutte contre le coronavirus, un désastre écologique pointe le bout de son nez. Sur l’Escaut (en amont de la frontière) la sucrerie d’Escaudœuvres géré par Tereos est confrontée à la rupture d’une digue qui retenait les eaux de lavage de betteraves. 100.000 m3 de liquide noirâtre s’étaient déversés dans la nature, "o ccasionnant un désastre écologique sans précédent, dont la mort de plusieurs dizaines de milliers de poissons", selon la Région wallonne.
La préfecture du Département du Nord avait alors confirmé que la mortalité des poissons était due à une pollution organique ayant privé le fleuve d’oxygène. L’Escaut bascule sous pavillon belge à environ quarante kilomètres d’Escaudœuvres. De Brunehaut (frontière française) à Celles et Mont-de-l’Enclus (frontière linguistique), la faune avait été presque totalement détruite, asphyxiée par cette pollution sur les 36 kilomètres du fleuve en territoire wallon. La Région estimait à plus de 50 tonnes la quantité de poissons décimés par cette catastrophe écologique.
En début d’année, l’entreprise Tereos a été reconnue coupable par le Tribunal correctionnel de Lille de la pollution de l’Escaut. L’industriel devait verser 9 millions d’euros de dommages et intérêts à la Région wallonne. Cette condamnation permettra de "financer les mesures de réparation des dommages causés aux écosystèmes de l’Escaut", précise encore la Région.
Deux mois presque jour pour jour après avoir été reconnue coupable, Beghin-say (propriétaire de Tereos) a annoncé la suppression de 123 postes dans sa sucrerie d’Escaudœuvres, qui en compte 153. Le plan de restructuration "consisterait au redimensionnement de l’empreinte industrielle du site d’Escaudœuvres avec un projet d’arrêt de l’activité sucrière", explique la société dans un communiqué relayé par nos confrères de France 3 Régions.
Une douche froide pour l’activité économique au nord du Cambraisis. Dimanche, plus de 400 personnes sont venues soutenir les salariés du site, qui bloquent l’usine jour et nuit.
La sanction financière conséquente n’est certainement pas le seul facteur ayant motivé la décision de Tereos, mais elle a peut-être précipité ce plan de restructuration aux conséquences désastreuses pour les salariés du site d’Escaudœuvres, puisque seuls 20% d’entre eux devraient conserver leurs postes.