Wallonie picarde : L’obligation du port du masque, encore respectée ? Interrogations chez les pharmaciens
Port du masque obligatoire en Wallonie. Port du masque recommandé en Flandre ou en France: comment s’y retrouver ? Cette semaine, la question du lecteur s’intéresse aux lieux où le masque reste obligatoire… en théorie.
Publié le 11-03-2023 à 07h21 - Mis à jour le 11-03-2023 à 08h01
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"L es personnes malades viennent à la pharmacie avec le masque. Le personnel continue de le porter également pour montrer l’exemple. Mais on fournira les médicaments ou la prescription demandée à une personne qui n’en porte pas", explique Pierre-Henri Mullie, pharmacien à Estaimpuis et Herseaux.
Un relâchement ? La fin d’un excès de zèle ? En Wallonie, le port du masque n’est plus obligatoire que dans trois endroits: à l’hôpital, chez le médecin (ou dans les cabinets médicaux) et dans les pharmacies. "Et je n’ai pas l’impression qu’on rediscutera de cette mesure prochainement", confie Lara Kotlar, porte-parole de l’AViQ.
Dans les transports en commun ou les endroits très fréquentés et peu ventilés, le port du masque reste recommandé. Et ailleurs ? En Flandre, le port du masque n’est pas obligatoire, mais fortement recommandé pour le patient d’un cabinet médical ou le client d’une pharmacie. Il reste "déontologiquement obligatoire" pour le prestataire de soins. Le cas du voisin flamand est clarifié. Quant à celui du voisin français, il se rapproche davantage des mesures en vigueur au nord de la frontière linguistique.
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Dans les pharmacies, ce n’est plus "tolérance zéro"
Le client qui fait trois pharmacies à Tourcoing, Mouscron et Espierres pour trouver son médicament peut donc faire le yoyo avec l’élastique de son masque.
Sur le terrain wallon, les apothicaires ne sont pas aussi catégoriques que l’AViQ. Pharmacien à Dottignies, Luc Morel précise que "tous les professionnels ne respectent plus à la lettre cette obligation." L’intéressé indique faire preuve d’une certaine "tolérance" vis-à-vis des clients qui refusent de mettre un masque avant d’entrer dans son officine. "On a laissé les affiches qui indiquent que le masque est obligatoire en passant la porte de la pharmacie, mais on ne va pas monter au front ou partir en croisade si un client refuse de porter son masque. Quant aux distraits, on a toujours un stock à proximité pour leur fournir un masque, au cas où ils l’oublient. "
Avec deux frontières différentes, la Wallonie picarde a toujours été le témoin privilégié des incohérences ou des traitements différents dans la lutte contre l’épidémie. "À Espierres, plus personne ne porte le masque en pharmacie, alors que nous ne sommes qu’à cinq minutes de là", poursuit Luc Morel. "C’est compliqué à faire respecter car le coronavirus rentre dans une certaine banalité. La psychose a disparu et la maladie s’apparente davantage à une grippe. Attention, je suis persuadé que le masque est encore utile, surtout pour les personnes à risque et j’encourage mon personnel à le garder. Mais j’ai déjà vu certains établissements qui prenaient une petite liberté vis-à-vis du port du masque. L’obligation s’abandonne un peu et c’est compréhensible. Aucune officine n’a reçu une sanction administrative ou financière après avoir pris l’une ou l’autre liberté vis-à-vis du port du masque. Pour certains, j’ai l’impression que ça se fait un peu à l’appréciation du pharmacien." Un peu comme en France, mais de manière plus informelle.
Nos deux interlocuteurs précisent qu’ils ont conservé, dans leur établissement, d’autres mesures complémentaires au port du masque, "à commencer par des parois de plexiglas ou des dosettes de gel hydroalcoolique."
Bref, il y a la règle et l’esprit de la règle. À ce titre, les hôpitaux (Epicura, CHwapi et CHM dans la région) semblent bien plus scrupuleux sur le respect de cette obligation sanitaire, trois ans après le premier confinement.
Une mesure sans date de péremption

"Ces derniers mois, les gestes barrières ont parfois été délaissés. Il faut rappeler des mesures de base: rester chez soi quand on est malade, continuer de se laver les mains ou d’aérer son intérieur. Mais aussi et surtout continuer de porter le masque ", détaille Lara Kotlar pour l’AViQ.
"Il n’y a plus de grosse épidémie. On constate moins de cas en Wallonie qu’en Flandre et peu ou pas de décès, mais on peut toujours contracter le coronavirus. D’où l’importance de rappeler ces mesures d’hygiène de base, qu’on reprend peut-être trop à la légère." La porte-parole de l’AViQ estime que cette mesure pourrait s’ancrer dans le temps, "étant donné qu’elle donne satisfaction aux professionnels de la santé."