Un Mouscronnois monte une escroquerie “digne d’un film de cinéma”
Un individu a réussi à escroquer plus de 668 000€ à un monsieur âgé. Les ruses étaient “dignes d’un film”.
Publié le 08-03-2023 à 15h00 - Mis à jour le 08-03-2023 à 15h06
:focal(544.5x370.5:554.5x360.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/3RFS5KWLNVDUJLQOLPRQGZVCM4.jpg)
Quatre individus sont prévenus dans une affaire d’escroquerie d’envergure. Les faits ont duré près de six ans et auraient rapporté à l’un des prévenus plus de 668 000euros.
Comme trop souvent, la victime n’est autre qu’un homme âgé et certainement trop crédule. Cependant, la manipulation était bien travaillée. Le tribunal relate 55 faux, mais également des rencontres, des coups de fil, des échanges virtuels, avec des personnes qui se sont fait passer pour des juristes, des banquiers, notaires et autres agents d’assurance. “Il y a eu de nombreuses manœuvres frauduleuses pour abuser de la confiance de la victime, un scénario digne d’un film de cinéma”, décrit l’avocate de la partie civile.
À l’origine de l’escroquerie, un seul homme, a priori. Celui-ci, appelons-le Jacques, aurait engagé plusieurs personnes pour l’aider à réaliser les faux et jouer la comédie.
Des complices trop peu avertis
Trois de ses complices ont été interceptés par la police et sont également prévenus dans cette affaire. Parmi eux, on retrouve Bernard (prénom d’emprunt) qui a rédigé cinq faux documents notariaux. “Il s’agissait de papiers pour prouver à la victime que Jacques avait les revenus suffisants pour la rembourser, a expliqué Bernard. À l’époque j’avais besoin d’argent, et on m’en a proposé contre ce service. J’ai arrêté de rédiger les documents quand j’ai compris que je n’obtiendrais rien en retour. Cependant, je ne me suis rendu compte qu’en 2020, lorsque j’ai été interpellé par la police, que Jacques avait monté une escroquerie d’une si grande ampleur !” L’avocat de Bernard ira jusqu’à plaider que son client n’avait pas assez d’informations précises sur le but de ses actions pour considérer qu’il ait bel et bien participé à l’escroquerie. Il demande l’acquittement pour cette prévention, et reconnaît les faux.
Aux côtés de Bernard, sur le banc des accusés, on retrouve un ami à lui, Gilles (prénom d’emprunt) : “j’ai présenté Bernard à Jacques, parce que ce dernier avait besoin de quelqu’un pour lui faire de faux papiers de notaire. Il devait s’agir de documents attestant du décès de sa maman et de l’héritage qui en découlerait. Quelque temps plus tard, j’ai eu des remords, et je suis allé trouver l’homme à qui Jacques empruntait de l’argent. Nous sommes allés à Paris pour voir si la maman était toujours en vie. C’était le cas, j’étais moi-même stupéfait. Malheureusement, Monsieur a continué à verser de l’argent à Jacques, malgré cette découverte.”
De la même manière que l’avocat de Bernard, le conseil de Gilles demande que les charges pour l’escroquerie ne soient pas retenues contre son client, uniquement la participation aux faux.
La dernière complice n’a pas été présente à l’audience. Elle aurait joué les fausses greffières sur les marches du tribunal de Lille, devant la victime. Elle lui aurait demandé de verser un certain montant pour débloquer un droit de succession, tout en le rassurant sur les fonds de son débiteur. La dame aurait reçu 1000 euros par prestation qu’elle aurait réalisée à deux reprises.
Un mandat d’arrêt européen sera sollicité
Le bonimenteur principal de l’affaire a également brillé par son absence. Il s’en est justifié par un déplacement professionnel en France et par une grève des trains qui l’empêcherait de revenir à temps pour l’audience. Une excuse qui n’a que peu été appréciée par le tribunal.
Le ministère public requiert 37 mois à l’encontre de cet individu, de sorte qu’il puisse faire l’objet d’un mandat d’arrêt européen.
Pour la fausse greffière, il requiert une peine par défaut de 2ans et un an avec sursis pour les deux hommes.
La partie civile demande que soit remboursé solidairement le montant total qu’il a été volé à la victime. Les avocats de deux prévenus présents ont tenté de réduire leur part en évoquant la courte durée infractionnelle de leurs faits. “Les faux ont été rédigés en 2014, sur maximum un mois. On ne connaît pas les conséquences qu’ils ont eues sur les mois et les années qui ont suivi, mais je vous demanderai de tenir compte de cette participation limitée. “En 2014, le montant total extorqué s’élève à 139 000euros.
La présidente rendra son jugement le 4 avril.