Robert Delvigne va prendre sa retraite après avoir tenu dix commerces à Tournai
Robert Delvigne prendra sa retraite dès que la "Brasserie Robert" aura un repreneur. Une page se tourne pour le commerçant qui a toujours eu la bougeotte: depuis le Dragon, il a tenu dix commerces différents.
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Publié le 06-03-2023 à 17h08 - Mis à jour le 06-03-2023 à 17h10
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S’intéresser à l’histoire des Delvigne, c’est une occasion de feuilleter un riche album à souvenirs du centre-ville commercial tournaisien. Robert Delvigne, 64 ans, s’apprête justement à tourner une page de son album personnel depuis qu’il a mis une affiche "À céder pour cause de retraite" devant la façade de la "Brasserie Robert" le long de la chaussée d’Antoing.
Ça fait déjà pas mal de temps qu’il en parle, mais cette fois ça y est. "Anne, ma femme, et moi-même, avons désormais tous les deux le statut de pensionnés. En mettant cette pancarte, on espère trouver rapidement un repreneur pour lever le pied une bonne fois pour toutes", sourit Robert. "Notre établissement fonctionne à merveille mais il ne faut pas faire l’année de trop. J’ai eu une alerte de santé il y a quelques mois et le métier est physiquement contraignant. On n’est plus prêts à faire en fin de carrière les mêmes sacrifices pour son métier que pendant toutes ces dernières décennies".
Entre des bars et des restaurants, un commerce de fleurs…
Robert Delvigne a souvent eu la bougeotte pendant sa carrière de commerçant qui l’a vu s’établir dans une dizaine de lieux différents. Il a débuté au Dragon, au pied du beffroi. Puis il a tenu en 1983 un magasin de fleurs le long du boulevard Bara. "Ce n’était pas ma tasse de thé", se souvient-il. Mais cet épisode n’a pas duré longtemps. Très vite, il s’est retrouvé sur le boulevard opposé (celui des Frères Rimbaut) pour reprendre le bar de la Maison de la culture. "J’ai tenu ce bar pendant quatre ou cinq ans, et lancé la restauration. Des cars de touristes venaient manger là, à une époque où Roger Delcroix souhaitait développer la politique touristique de la ville".

Le Snack 52, en haut de la rue des Chapeliers, à la mode US
Retour ensuite au pied du beffroi, où Robert reprend la "Taverne du Beffroi" dans le quartier familial. Là où ses grands-parents tenaient un magasin de tabac/souvenirs, et sa maman un magasin de chaussures. Là où le Dragon était tenu par son frère (qui créera le Resto d’à côté). À un certain moment, la famille occupera sept commerces en même temps. Beaucoup de Tournaisiens se souviennent du snack baptisé "Le 52". "On avait découvert, lors d’un périple familial aux États-Unis, le concept des fast-foods. On a fait découvrir à Tournai le snack à hamburgers". Les Robert développeront aussi, sous l’impulsion du patriarche (le papa de Robert, qui portait le même prénom tout comme le grand-père) un salon de thé, le Bistrot de la cathédrale, et le cousin du snack 52: le "grill 52". "Ce quartier avait été baptisé l’îlot Gourmand ( NDLR: que d’aucuns appelaient quartier Delvigne). Mais au milieu des années 90, Ideta et la commune ont transformé de mauvaise manière l’axe majeur comme ils l’appelaient, de la place de Lille jusqu’au quai du Marché au Poisson . Tout fonctionnait bien jusque là, le centre était extrêmement vivant, il y avait les marchés hebdomadaires et la foire aux attractions qui attiraient énormément de monde, plein d’habitants vivaient en ville…", se souvient Robert Delvigne. "Je déplorais cette nouvelle manière de voir les choses, avec une mobilité moins pratique, des places de parking perdues… Comme vice-président de l’association des commerçants, j’avais co-signé une lettre envoyée à Roger Delcroix pour éviter cette catastrophe. En vain.
On ne nous a pas écoutés. On nous a dit de laisser faire les spécialistes. On sait aujourd’hui comment ça a tourné, on a vu tant de commerces fermer leurs portes".
Une friterie transportée d’Anvers, dans l’ombre du Covid
Robert Delvigne a tourné la page du centre-ville en créant avec Anne la Mignonnette au boulevard du Roi Albert, là où se trouvait autrefois la Taverne des Petits Chasseurs. Le couple a aussi lancé le marché aux puces couvert dans un bâtiment du quai Casterman. "Mais nous avons décidé de nous concentrer pleinement dans l’activité horeca".
Son investissement comme échevin (de l’urbanisme) l’incitera à revoir ses plans professionnels. D’abord, il échangera son activité avec celle de son frère, avec un retour au pied du beffroi.
Il se lancera avec sa femme dans une activité de traiteur dans le bâtiment de la boucherie de la rue Saint-Eleuthère. Mais l’appel de l’horeca sera trop fort. "Quand j’ai vu que l’Auberge de Valenciennes était à louer, qu’il y avait une belle opportunité de retourner dans l’horeca, je n’ai pas beaucoup hésité…"
La "Brasserie Robert" a subi de plein fouet la crise sanitaire. Mais il en fallait plus pour décourager Anne et Robert. "Pendant le confinement, les friteries n’étaient pas soumises aux normes aussi draconiennes que les restaurants. Nous avons donc acheté une baraque à frites à Anvers, et l’avons acheminée à Tournai par convoi exceptionnel".
Un choix qui s’est avéré payant dans un quartier ou Robert et Anne se sont fait une belle place.