La question du lecteur : comment attribue-t-on le label des « Plus beaux villages de Wallonie » ?
Pour les 31 villages qui ont décroché le précieux sésame, c’est une magnifique carte de visite. Mais les démarches sont longues et fastidieuses…
Publié le 04-03-2023 à 07h20 - Mis à jour le 04-03-2023 à 09h56
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Aubechies, charmant petit village d’environ 120 âmes, est la seule localité de Wallonie picarde à pouvoir se targuer de figurer parmi les "Plus beaux villages de Wallonie". Cette reconnaissance, obtenue en 1997 lors d’une première vague de labellisations, confère à ce coin de paradis une visibilité qui dépasse largement les frontières de l’entité belœilloise.
Comme Aubechies, 30 villages de caractère bénéficient de ce classement dans le sud du pays. Ce sont les provinces de Namur (11) et du Luxembourg qui se taillent la part du lion (8), tandis que l’on ne recense que 5 "Plus beaux villages" dans le Hainaut. Montignies-sur-Roc, la perle des Hauts-Pays (au sud de Dour), est le village le plus proche de chez nous, les autres se trouvant dans la Botte du Hainaut.
Certains lieux de Wallonie picarde pourraient assurément "revendiquer" l’attribution de ce label, à l’instar de Thimougies, Ellezelles, Lahamaide, Montroeul-au-Bois, Moulbaix ou Howardries. Les 31 villages récompensés ont en commun de disposer d’un patrimoine rural, paysager et architectural remarquable (monuments classés, bâtisses traditionnelles, châteaux, églises, fermes, abbayes…). "Chaque coin de ces lieux est préservé, choyé par ses habitants pour garder intacts les siècles d’histoire qui se lisent entre les pierres et la nature."
1. Qui décide de décerner le label ?
Cette distinction est remise par l’ASBL "Les plus beaux villages de Wallonie", fondée en 1994 par son président actuel, le Namurois Alain Collin.
L’association, basée à Crupet, entend valoriser l’identité des régions rurales, en s’attachant à la préservation du patrimoine tout en s’inscrivant dans le développement d’un slow tourisme responsable. Le concept s’inspire de celui imaginé en 1982 par Charles Ceyrac, ancien maire de Collonges-la-Rouge, petit village français de la vallée de la Dordogne.
2. Sur base de quels critères peut-on prétendre au titre de plus beau village ?
Une labellisation, cela ne s’obtient pas du jour au lendemain. Ça se mérite, au travers de visites de terrain notamment. Les heureux élus sont sélectionnés sur base d’une charte de qualité et d’un dossier de candidature à remplir.
Le document doit répondre à toute une série d’exigences comme "posséder sur son territoire un hameau, un ensemble ou une section répondant aux critères d’un village traditionnel".
Un critère éliminatoire auquel s’ajoute l’obligation de détenir un patrimoine architectural classé (voire susceptible de l’être) ou une zone protégée. Le cahier des charges est extrêmement détaillé car le candidat doit aussi faire valoir les qualités paysagères (typicités topographique et hydrographique, patrimoine naturel…), urbanistiques (aménagements des places, des entrées de villages…) et architecturales du village (biens classés, bâti traditionnel, petit patrimoine, etc.).
D’autres éléments entrent en ligne de compte: l’offre d’hébergement et de loisirs, l’existence d’un lieu d’accueil, l’organisation d’événements et la présence de commerces de qualité, d’artisans… Accrochez-vous car ce n’est pas fini ! Il convient aussi de renseigner les circuits pédestres et vélos, la présence de panneaux d’information, des éléments ayant trait au folklore, aux traditions et à la vie associative et culturelle du village.
3. Qui peut se déclarer candidat ?
Dans la plupart des cas, c’est la Commune qui formule une demande de labellisation, après son approbation par le conseil communal. La procédure d’inscription est instruite par plusieurs instances (commission qualité, réunissant des experts dans les domaines de l’architecture et de l’urbanisme, bureau de stratégie touristique et équipe de gestion des "Plus beaux villages de Wallonie"). Les candidatures sont présentées au conseil d’administration de l’ASBL (28 membres).
4. Un village peut-il être dépossédé de sa reconnaissance ?
Oui. L’ASBL se réserve le droit de retirer la labellisation si les critères d’attribution et les engagements ne sont plus respectés. Des sanctions allant du simple avertissement à la mise en demeure, en passant par l’action en justice jusqu’au retrait de la marque, sont prévues.
5. Pourquoi y a-t-il si peu de villages reconnus ?
"Nous voulons que le label soit synonyme de qualité et de cohérence, insiste Alain Collin, le président de l’association. Beaucoup de villages sont confrontés à un étalement de leur noyau périurbain. C’est dommage car il est parfois difficile de distinguer les limites d’une localité à l’autre. Il en revient aux communes, voire à une association locale, de décider de ce qu’elles veulent faire de leur patrimoine bâti et d’évaluer l’opportunité de déposer une candidature. "
C’est un avis qui n’engage que nous mais le caractère fastidieux du dossier à constituer a de quoi décourager les administrations, qui croulent sous la paperasse administrative.
"Je n’ai pas le sentiment que c’est si lourd mais il y a quand même un investissement important. À titre d’exemple, une Commune de la province du Luxembourg qui a récemment rentré sa candidature a travaillé durant un an sur le projet ", admet M. Collin.
6. En quoi Aubechies sort-il du lot ?
Qui de mieux que Carmelina Ricotta, guide touristique et chargée de communication à l’Office du tourisme de Belœil, pour nous vanter ses richesses ?
"Aubechies, avec son église romane classée du XIe siècle, offre un cadre de vie paisible et typique qui n’a pas été dénaturé par la modernité. Un certain nombre de maisons ont été construites dans le style tournaisien (XVIIIe-XIXe siècles), comme le gîte Ajiste qui abrita à l’origine un prieuré avant d’accueillir la maison communale et l’école. Le patrimoine bâti du cœur historique n’a pas évolué depuis au moins un siècle. Les grappes d’habitations sont aérées en étant dispersées parmi les zones agricoles.
Il subsiste aussi pas mal de rues en pavés, des vestiges d’habitats gallo-romains, un ancien moulin à eau du XIIIe siècle. L’authentique taverne Saint-Géry et l’archéosite (plus de 5 000 ans d’histoire) constituent des atouts non négligeables, en vue d’attirer des touristes entre autres. Un vrai esprit de village règne encore à Aubechies."