Un enfant de 6 ans battu et maltraité car il faisait pipi au lit
Un enfant de 6 ans a été retiré à ses parents. Ses derniers sont accusés de coups et blessures ainsi que de maltraitance à son égard.
Publié le 24-02-2023 à 11h44 - Mis à jour le 24-02-2023 à 11h46
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Enzo (prénom d’emprunt) a 6 ans, ses parents sont séparés. Il est aujourd’hui placé et suivi par le SAJ, depuis que son institutrice a suspecté des maltraitances familiales, le 18 mai 2022.
Les parents de Enzo sont accusés de lui avoir porté des coups et infligé un traitement dégradant à la maison, chacun de leur côté. Ils ont dû répondre des faits devant le tribunal correctionnel.
Le petit garçon a indiqué lors de son audition que son père l’insultait de "pisseur" à cause de ses problèmes énurésie. Selon la victime, mais aussi ses demi-sœurs (filles du prévenu), les scènes de violence découlent généralement de des accidents urinaires nocturnes. "Une nuit, Enzo a été traîné de force jusque dans la salle de bain et jeté dans la baignoire. Notre père lui a donné un coup avec le pommeau de douche avant de le laver à l’eau froide", ont relaté les demi-sœurs qui ont également raconté se cacher sous leurs draps par peur, pendant les excès de violence de leur père envers leur frère.
On reproche à la mère des punitions excessives, laissant l’enfant sur une chaise ou dans un coin toute une journée - constat réalisé par les voisins. La tuteur ad hoc d’Enzo ajoute : "Madame le frappe sur le front et derrière la tête quand elle passe près de lui, comme s’il était un pantin. Les voisines entendent même ces claques résonner. " L’avocate explique également les procédés peu orthodoxes pour éviter les "pipis au lit": "on le prive de boire et on a lui a même mis des couches… à 6 ans ! " Jamais aucun psychologue ni médecin n’a été consulté pour les problèmes d’énurésie du petit garçon.
Contestations et minimisations
Les parents contestent les mauvais traitements. "Je lui ai donné une fois une baffe, et aussi une fessée une autre fois. Je ne bats pas mon fils", s’est expliqué le père.
"Enzo est parfois puni et doit rester à table avec nous, assis sur sa chaise, mais ça ne dure pas toute la journée. Je le mets parfois au coin, mais pas autant de temps qu’on vous le dit. Je ne donne pas de coups, j’ai été moi-même battue quand j’étais enfant. Je donne des petites tapes pour jouer sur le front, ce n’est pas pour faire mal", se justifie la mère qui n’a pas l'impression d’avoir quelque chose à se reprocher.
Les constatations du médecin sont pourtant sans équivoque: les lésions que présentait Enzo étaient récentes et d’autres étaient anciennes, et ne pouvaient en aucun cas être causées par des jeux ou des maladresses d’enfants.
La tuteur ad hoc d’Enzo s’étonne du "peu de prise de conscience des parents" et de la minimisation des faits.
Des peines sévères requises
La procureur du roi s’est montrée sévère envers les parents. " Le code pénal ne permet pas de donner de peine importante pour ces faits. Cependant, je requiers deux ans de prison, le maximum, pour le père, et 18 mois pour la mère. "
L’avocate du prévenu a demandé que son client puisse bénéficier d’une suspension probatoire du prononcé. "Les coups ont été ponctuels et non réguliers. Monsieur a été battu pendant son enfance, et a une relation compliquée avec son fils parce qu’il a peur de reproduire avec lui ce qu’il a lui-même vécu. Il s’est investi dans un suivi psychologique pour que la situation s’améliore."
La maman d’Enzo n’a pas été conseillée par un avocat, et s’est défendue seule: "tout le monde fait des erreurs, on n’est pas tous parfaits. Je ne l’ai pas frappé de manière continue et il n’y a jamais eu d’insulte. " Le président du tribunal s’est dit atterré par le discours de Madame, celui-ci manquant cruellement de discernement et d’amour aux yeux du magistrat.
Le jugement interviendra le 23 mars.