2054 signatures et une forte mobilisation contre le dossier Wonterspan à Tournai
Beaucoup de monde lors de la clôture d’enquête relative au projet d’implantation de Wonterspan à Tournai Ouest 3. Présente lors de la réunion, l’entreprise a fait face à un feu nourri de critiques et de questions. Elle n’a rassuré personne.
Publié le 17-01-2023 à 06h00 - Mis à jour le 17-01-2023 à 07h37
Le salon de la Reine, à l’hôtel de ville, a été spécialement ouvert pour accueillir une quarantaine de personnes opposées au projet de l’entreprise flamande. C’était lundi après-midi à l’occasion de la clôture de l’enquête publique relative au projet d’implantation, au zoning de Tournai Ouest 3, d’une usine de fabrication de pellets, avec installation de coincinération de déchets de bois. "Quelque 150 réactions et réclamations écrites ont été reçues par le service de l’urbanisme", observe l’échevin Philippe Robert, membre du collège communal qui remettra un avis en fonction des éléments du dossier et des réactions des riverains.
Pour rappel, ce sont les fonctionnaires technique et délégué de la Région wallonne qui prendront une décision dans ce dossier.
Beaucoup de signatures des villages environnants
Les opposants au projet, en leur nom propre ou au nom d’une association (APIC, comité pour un zoning propre, collectif de Blandain contre l’implantation d’un incinérateur, etc.) sont galvanisés par une pétition qui a récolté 2054 signatures. Celle-ci a été remise officiellement à l’édilité et à l’administration dans le cadre de l’enquête. "1262 signatures d’une version en ligne clôturée dimanche soir, et 792 sur la version papier. Et on peut démontrer, tableau à l’appui, que les signataires sont proches de la localisation projetée et n’habitent pas dans d’autres régions lointaines", insiste Chrysole Deffontaines.
Bruno Lanssens, qui a lui aussi joué le rôle de lanceur d’alerte, fait remarquer que le dossier a bien failli passer comme une lettre à la poste. Parce que peu de personnes ont vu les quelques affiches d’enquête publique mises au milieu de Tournai-Ouest III, parce que l’enquête publique a eu lieu en plein congé scolaire, etc. Une responsable de l’administration a donné des explications à ce sujet. "Dès qu’un dossier complet est remis par un demandeur, l’administration doit le lancer: les délais sont imposés par la Région wallonne". Énormément de consultations ont été sollicitées dans le cadre de cette enquête dans un timing très serré. "Les rendez-vous pouvaient être pris de demi-heure en demi-heure, on n’avait pas le choix, mais chaque consultation pouvait durer plus d’une demi-heure".

« Plu de confiance envers cette entreprise »
Des représentants de l’entreprise Wonterspan étaient présents à la réunion publique. C’est le responsable du bureau en charge de l’étude environnementale qui a répondu aux questions et aux récriminations.
Il n’a pas convaincu grand monde. "Ce projet a fait l’objet d’une présentation au comité d’accompagnement du zoning par Wonterspan ; cette présentation n’a pas suscité de réactions particulières parce que ce projet de production de pellets avait l’air intéressant. Mais nous avons été bernés, et on n’aime pas ça : on n’a plus confiance en cette entreprise", Bruno Lanssens fait référence à une condamnation par le tribunal de Gand, en avril 2021, à une amende de 280 000 € pour avoir émis beaucoup trop de dioxines et de plomb. Un épisode auquel il n’a jamais été fait mention lors de la réunion préparatoire. La lourde condamnation se résume aux attendus du jugement, témoigne M. Defroyennes. "Que dit le tribunal ? Que les délits ont été commis sur une longue période, de façon régulière, par une entreprise dans un but lucratif".
Quelques minutes plus tôt, le représentant de Wonterspan avait évoqué un incident ponctuel datant de 2017, lors d’un seul contrôle. "Tous les contrôles effectués depuis 2017 sont conformes aux normes en vigueur quant aux rejets atmosphériques".

Chez les opposants, on déplore que seul un permis de classe 2 soit requis dans ce dossier. Ça signifie qu’aucune étude d’incidence n’est prévue malgré l’utilisation de bois de catégorie B susceptibles d’être toxiques car traités et/ou peints. "L’entreprise joue à frôler les normes en vigueur pour échapper à une série de contraintes environnementales. Or, cette entreprise polluera son environnement, en particulier les régions habitées toutes proches".
Le Tournaisis idéalement placé ?
Le représentant de Wonterspan a aussi été invité à expliquer pourquoi le Tournaisis a été choisi, et pas la région de Flandre où la société est née. "Parce qu’elle ne peut plus obtenir son permis là où elle se trouve, en zone agricole: seules les activités agricoles y sont aujourd’hui acceptées".
Et pourquoi le zoning tournaisien en particulier ? "Parce qu’une étude a révélé que le Tournaisis était idéalement positionné par rapport aux fournisseurs et aux clients. Et aussi pour des raisons logistiques et de disponibilité de terrains".
Une réponse qui n’a pas non plus convaincu l’assemblée. "On va à présent essayer de nous faire croire que notre région est idéalement positionnée pour se procurer des sciures de bois utilisées pour produire des pellets, si loin des Ardennes belges".