Déchaîner le Sauvage à la Ducasse d’Ath n’aura pas été suffisant...
Lors de la Ducasse, afin d’apaiser les tensions, le Sauvage a ôté ses chaînes et les a remises aux autorités athoises. Cela n’a pas été suffisant pour l’Unesco.
Publié le 03-01-2023 à 07h00
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Le 26 août dernier, la Ducasse d’Ath faisait son grand retour après une année d’absence et une édition 2021 plus que limitée. Cependant, cette reprise du folklore athois sonnait également l’heure de rendre une réponse à ceux qui avaient dénoncé le black face du Sauvage. "Nous sommes confrontés aux critiques depuis 2019, et il était compliqué de sortir le Sauvage sans aucun changement. Nous devions donc trouver une manière de montrer que nous prenions en considération les remarques et que la réflexion était en cours de notre côté ", rappelle Laurent Dubuisson, directeur de la Maison des Géants.
Une enquête auprès des Athois avait été menée et révélait que le plus problématique chez le figurant principal de la barque des pêcheurs napolitains était les marques d’esclavage. Les autorités communales ont ainsi tranché: en 2022, le Sauvage ne portera ni anneau nasal ni chaîne. "Il était encore trop tôt pour effacer le grimage du Sauvage. Un folklore séculaire, ça ne se bouscule pas comme ça, ajoute le directeur de la Maison des Géants. Nous pensions apporter une solution concrète pour 2023."
Vivre sans cette image de marque
L’Unesco en a décidé autrement. Début décembre, l’organisation décide de retirer la Ducasse du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Un véritable choc et une grosse déception pour la ville. "L’Unesco nous apportait de la visibilité, une valeur universelle à notre patrimoine, et une attention médiatique. Des journalistes de partout dans le monde se sont déjà déplacés pour couvrir l’événement. Nous avons toujours bénéficié d’une bonne image, je ne sais pas comment nous allons vivre avec une réputation salie désormais." remarque le directeur de la Maison des Géants.
Le sort du Sauvage sera connu en avril
Malgré cette décision, l’instauration d’une commission du folklore pour définir une issue à ce débat est maintenue. Les soixante personnes qui la composeront seront connues en janvier. Il y aura quarante citoyens candidats tirés au sort, dix acteurs du folklore, et dix membres de la société civile (monde de la culture, de l’enseignement…) "Le planning n’est pas encore précis, mais la première réunion devrait se tenir en mars, et les deux suivantes en avril. Dans un premier temps, il s’agira d’un questionnement sur les points qui posent problème. Ensuite, la commission aura l’occasion d’entendre des témoins et des experts. Trois séances sont prévues, mais si les participants ont besoin d’une réunion supplémentaire pour trancher, nous pourrons l’accepter. Je pense que ce sera un travail compliqué mais passionnant sur la question: devons-nous nous adapter ? Il faudra faire confiance à l’intelligence collective et accepter sa décision. Rappelons que le folklore appartient avant tout aux citoyens ", déclare Laurent Dubuisson qui animera les débats de la commission.