Pourquoi le musée des Beaux-Arts de Tournai ne figure-t-il pas au budget 2023? Parce que le dossier est reporté
Le chantier de rénovation et d’extension du musée des Beaux-Arts sera retardé d’un an sans doute pour une double raison : un recours par un riverain et l’explosion de l’estimation des coûts qui nécessite de refaire un plan financier.
Publié le 01-01-2023 à 12h00
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Un lecteur s’est étonné de l’absence des travaux de rénovation et d’extension du Musée des Beaux-Arts de Tournai dans le budget communal de l’année 2023. "Ceux-ci devaient pourtant, selon les prévisions, débuter en 2023. Doit-on comprendre ce silence par un report regrettable de ces travaux pourtant si nécessaires aux collections mises à l’épreuve une fois de plus après cet été caniculaire ?"
Première précision: vers la mi-2021, on annonçait la fermeture du musée en 2024 pour débuter les travaux. On citait l’année 2026 pour l’inauguration, "avec énormément de prudence" écrivions-nous.
Quant au budget extraordinaire 2023, il y a deux mentions du musée des Beaux-Arts tournaisien. D’abord 200 000 € pour la restauration et la rénovation d’œuvres. Benjamin Brotcorne, élu du groupe Ensemble, a d’ailleurs exprimé lors du conseil communal "un goût de trop peu par rapport à cette somme dérisoire au vu de l’ampleur de la tâche".
Deux autres lignes, au budget, concernent le chantier de rénovation et d’extension de l’unique musée en forme de tortue jamais conçu par l’architecte belge Victor Horta: mais les 210 000 € dont il est question sont destinées à financer des études.
« Ce magnifique projet reste d’actualité »
Le Premier échevin Philippe Robert, qui remplaçait le bourgmestre en son absence (il est convalescent), lors de la présentation du budget à la presse, avait anticipé les commentaires qui allaient logiquement survenir. "On entend la rumeur selon laquelle ce projet serait abandonné. Mais il n’en est absolument pas question et je voudrais couper les ailes au canard: ce magnifique projet associera un geste architectural contemporain, complémentaire et en harmonie par rapport au musée qu’on connaît".
Pourquoi l’année 2023 ne sera-t-elle pas celle de la concrétisation de ce dossier dont on parle depuis 2014 ? Pour une double raison. "Un recours contre la décision du ministre qui avait octroyé le permis a été introduit devant le Conseil d’État par un riverain du musée", indique M. Robert. "Tout est possible, mais nous sommes confiants, parce que ce n’est qu’un recours sur la forme et notre dossier tient parfaitement la route".
Des raisons financières poussent aussi la commune à temporiser. "On connaît tous le contexte financier actuel. La crise du Covid et la crise énergétiques sont passées par là. Les coûts des matériaux augmentent, il y aura un gros impact financier sur les estimations… On doit travailler sur un nouveau plan financier pour que ça ne soit pas insupportable pour les finances de la ville. On aura des négociations avec le pouvoir subsidiant pour augmenter l’enveloppe. Il faut être prudents pour l’instant."
Au final, il ne faut pas s’attendre à voir le chantier débuter avant 2025.
Attention aux conditions de réservation des oeuvres
Riche de plus de 3 000 œuvres, la collection du musée est reconnue comme étant l’une des plus importantes de Belgique. Le projet de rénovation et d’extension du musée pourra en partie remédier au fait que, actuellement, seule une toute petite partie (5% à peu près) des pièces sont visibles par le public en raison d’un cruel manque de place.
Le "nouveau" musée améliorera aussi les conditions de conservation des œuvres qui ne sont vraiment pas idéales actuellement.

À cet égard, notre lecteur craint que la mise à l’écart des collections durant les travaux dans des réserves extérieures, ne leur soient néfastes. "Les conditions de conservation risquent d’être peu favorables et/ou totalement différentes de celles subies in situ durant des décennies".
Les conservateurs ont étudié différentes pistes de délocalisation en fonction de la nature des œuvres, de leur valeur historique et artistique, des conditions de conservation, etc. Trois catégories ont été répertoriées: les œuvres de grands formats, incontournables et ou fragiles, les œuvres datant des époques comprises entres les XVe et XIXe siècles et les œuvres de seconde valeur et moins fragiles ainsi que les sculptures.
Nous avons expliqué dans une précédente édition qu’une série d’œuvres prendront place dans une salle de la réserve d’œuvres d’art de la Fédération Wallonie-Bruxelles située dans la rue des Arquebusieurs, à Mons.
Sur base d’une convention conclue avec la Direction du Patrimoine culturel du Service général du Patrimoine (la DPac), portant sur une période de cinq ans prenant cours en octobre 2023.
Cette réserve a le double avantage d’être mise gracieusement à la disposition de la ville de Tournai et de se trouver à Mons (l’étude des œuvres durant les travaux est plus facile). On ignore quelles solutions se profilent pour les autres œuvres.