Près de 11 ans après avoir créé le restaurant indien Curry Madras à Ere, Naser Abu arrête l’aventure
À l’aube du onzième anniversaire du restaurant indien installé au rez-de-chaussée de son habitation située derrière l’église d’Ere, Naser Abu a décidé de mettre la clé sous le paillasson. La hausse des coûts des matières premières et de l’énergie l’incite à prendre une décision que de très nombreux clients et amis regrettent. Et lui aussi...
Publié le 29-12-2022 à 16h30
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Le Curry Madras à Ere, c’est plus qu’un simple restaurant. C’est aussi - et surtout - une belle aventure humaine vécue depuis plus d’une décennie par son créateur, Naser Abu, bien connu de ceux et celles qui fréquentent l’Office du tourisme de Tournai où il assure l’accueil des touristes.
Cette belle histoire, nous l’évoquions dans nos colonnes en juin 2011, alors qu’il venait d’ouvrir son restaurant depuis un peu moins de 5 mois: " Diplômé en lettres de l’université de Dhaka, Naser travaille comme étudiant dans le secteur de la restauration dans son pays natal (le Bangladesh), écrivions-nous à l’époque.
Une activité qu’il poursuit lorsqu’il entame des études à l’université libre de Bruxelles. Tout d’abord commis, il devient chef de cuisine dans des restaurants indiens à Bruxelles. Sa rencontre avec une Tournaisienne l’amène dans la Cité des cinq clochers en 1994. D’emblée, il imagine installer un restaurant de cuisine indienne dans la région, mais le projet exige du temps et de l’argent avant de pouvoir se concrétiser. Employé dans un premier temps à la piscine de l’Orient, il travaille ensuite à l’Office du tourisme. Les compliments que lui adressent ses collègues auxquels il fait goûter des plats indiens le confortent dans sa volonté de développer cette activité. De même que les repas humanitaires au profit d’œuvres indiennes ou bengalis qu’il organise pour un public plus large au Foyer socioculturel d’Ere."
C’est au sein même de la maison familiale qu’il aménage son restaurant dont la réputation a très rapidement dépassé les frontières du Tournaisis...
Le mobilier et le matériel de cuisine sont à vendre
C’est avec beaucoup d’émotion que Naser nous a rappelé les raisons de sa décision. Il les avait par ailleurs déjà exprimées à l’intention de ses clients sur les réseaux sociaux.
"Cela devient difficile, voire impossible, de faire face à l’augmentation du coût des matières premières et de l’énergie, nous a-t-il confié. C’est avec grand regret que je prends cette décision car ce restaurant, c’était vraiment mon bébé, mais la crise que nous subissons affecte également ma santé et il ne m’est pas possible de poursuivre dans ces conditions…"
D’autant que ces tracasseries sont aussi, comme il l’explique à la fin de ses propos, à l’origine de soucis de santé qui le confortent dans sa décision.
Depuis l’annonce de la fermeture, le téléphone de Naser n’arrête pas de sonner, tantôt pour (tenter de) réserver une place, ou pour commander à l’emporter.
Inutile de préciser que le Curry Madras fera le plein pour la soirée de la Saint-Sylvestre, ce samedi, qui marquera aussi la fin de cette belle aventure. Naser a d’ores et déjà mis en vente le mobilier et le matériel du restaurant afin de faire place nette. La salle et ses annexes redeviendront des espaces de vie privés dans quelques jours.
Naser n’exclut toutefois pas la possibilité de retourner aux fourneaux dans l’avenir, comme il le faisait jadis, dans le cadre de soirées privés, entre amis.
Outre cette cuisine indienne aux saveurs à la fois riches et multiples, ce sont aussi le sourire et la gentillesse du maître des lieux que regrettent déjà les habitués.