Pourquoi ce chantier abandonné au cœur de l’îlot Madame à Tournai ?
Pourquoi, en plein cœur de l’îlot Madame, trois ans après l’inauguration de Technicité, la future résidence Feron est-elle toujours à l’état de chantier ?
Publié le 03-12-2022 à 12h00
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Un lecteur nous fait remarquer que le bâtiment en construction au cœur de l’îlot Madame est à l’état d’abandon depuis la fin de l’année 2021. Il s’agit de la Résidence Feron, en référence à Lucien Feron, ancien chansonnier du Cabaret wallon tournaisien qui vécut dans la rue Saint-Piat. L’entreprise Willemen a déjà construit la Résidence Madame face à l’Escaut (dont des appartements sont toujours en phase de commercialisation).
Elle a réalisé le gros œuvre du sous-sol (parkings) et du rez-de-chaussée du deuxième bâtiment. "Qu’attend-elle pour continuer ce chantier et éliminer cette friche urbaine ?"
Le groupe Willemen, l’entreprise en charge des travaux, a subi ces dernières années des pertes importantes suite à la crise sanitaire, en raison de l’inflation des prix de matériaux et de l’énergie, et finalement à cause de pertes opérationnelles sur certains projets de la division Bâtiments. Un plan de redressement a été mis en place.
Peut-on s’attendre dès lors à voir cette friche urbaine perdurer des années ? "Pas du tout, il s’agit juste d’une mise en sourdine très temporaire", assure Alain Dubois, porte-parole (pour la Région wallonne) du groupe Willemen. "Nous sommes aujourd’hui totalement propriétaires du terrain. Nous avons payé ce que nous devions à la ville de Tournai, qui a été très coopérante et positive par rapport aux difficultés financières temporaires auxquelles l’entreprise a été confrontée".
Pourquoi ne pas avoir déjà relancé le chantier alors ? " Parce que le contexte économique n’est pas redevenu favorable du jour au lendemain. Le prix de certains matériaux a diminué, mais le coût d’autres matériaux continue d’augmenter.
Nous préférons donc faire actuellement le gros dos et évaluer calmement et sereinement l’ensemble des coûts pour déterminer le plus justement le prix des appartements. On peut raisonnablement penser qu’après l’hiver, après les intempéries et après une stabilisation des coûts de matériaux attendue, les travaux pourront reprendre ".
L’ensemble de l’îlot pâtit de la situation
Dans le quartier, on estime que l’ensemble de l’îlot pâtit de cette situation. Parce que des camions continuent de circuler dans les zones piétonnes, parce qu’il reste de grandes bâches tendues ça et là, etc. Au niveau architectural, les bâtiments déjà réalisés ont plutôt fière allure. L’organisation de l’espace public a été soignée. "Le petit espace de jeux pour les enfants et les familles est assez sympa et convivial", nous dit un passant, habitué du quartier. C’était une volonté forte des habitants consultés dans le cadre d’une réflexion citoyenne ( NDLR: initiée notamment par le collectif DAL). "L’espace vert autour du hêtre popourpre est réduit à sa plus simple expression mais il a son charme. Par contre, qui aurait du plaisir à s’allonger sur ces espèces de chaises longues à l’allure très design, à dix mètres d’un chantier ?"
Des vitres de certains bâtiments à vocation économique ont fait l’objet d’actes de vandalisme plus ou moins récemment. "On peut se demander si ce n’est pas à cause d’un manque de contrôle social: au plus il y a des habitants du coin qui passent, au mieux c’est".
La microzone économique tient ses promesses
Le fleuron économique baptisé Technicité, annoncé dans ce quartier situé à cheval (notamment) sur les sites de l’ancienne TEI et de l’ancienne piscine, tient-il ses promesses trois ans après son inauguration officielle ? La crise sanitaire n’a pas aidé mais cet espace regroupant notamment le Wap’s Hub et le FabLab atteint progressivement ses objectifs. "Une très belle dynamique s’est installée dans ces bâtiments qui sont bien fréquentés", nous dit Anne-Marie Goemare, au nom de l’agence Ideta qui assure la maîtrise d’ouvrage pour la ville de Tournai. "Le rez-de-chaussée du bâtiment situé face à l’Escaut est depuis quelques semaines loué par le Forem pour son projet Coup de Boost, et le reste du bâtiment est occupé. Au côté du FabLab, qui est une superbe vitrine de l’esprit créatif de la micro-zone économique, il y a pas mal de sociétés installées, spécialisées dans le graphisme, la production vidéo, l’architecture, etc. Il y a aussi des cellules d’accompagnement comme Smart ou Entreprendre. Wapi. Et les quatre halls relais sont occupés, dont deux par le CPAS qui y a installé son atelier vélos et son magasin d’économie sociale qui donne une seconde vie aux meubles".
Côté rue Cherequefosse, des cellules donnent l’impression d’être vides mais elles sont pourtant toutes louées, nous dit-on. "La faculté d’architecture de l’UCL et l’entreprise Willemen, par exemple, louent deux de ces locaux".
Pour rappel, la maison médicale Le Gué s’est installée récemment dans le quartier. Face à une rue Madame où les véhicules roulent généralement beaucoup plus vite que les 20 km/h autorisés. Ça fera l’objet d’une autre question: "Pourquoi le plateau destiné à surélever l’entrée et la sortie de la zone partagée a-t-il été construit si bas et fonctionne-t-il dès lors si mal ?"