32 postes ouverts chez Technord (Tournai), une société touchée par la pénurie de personnel qualifié
32 postes (quelque 10 % de l’ensemble du personnel) sont ouverts chez Technord en raison de la pénurie actuelle de ressources humaines dans les métiers techniques. La société tournaisienne tire la sonnette d’alarme : à cause de cette situation, c’est la pérennité des entreprises qui est menacée.
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Publié le 22-06-2022 à 06h00 - Mis à jour le 22-06-2022 à 09h50
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Trois semaines avant les grandes vacances, votre enfant ne sait pas trop ce qu’il veut faire après ses études secondaires? Pensez à lui montrer qu’il existe des études qui forment aux métiers techniques: ceux-ci sont en croissance, ils pourront même choisir leur employeur et il y a une pénurie de main-d’œuvre.
Le phénomène est de plus en plus criant. Techlink, fédération professionnelle belge du secteur de l’installation (de chauffages, de panneaux solaires, de systèmes électriques, etc.), veut alerter sur les problèmes auxquels ses membres sont confrontés. "Les jeunes talents sont particulièrement convoités et sont assurés de trouver un emploi à la sortie des études" , indique Kris Van Dingenen, le directeur général. 90% des entreprises du secteur éprouvent de grandes difficultés pour trouver de nouveaux collaborateurs. "D’un côté, il y a un secteur qui est en recherche de profils ayant des compétences professionnelles dans le secteur de la construction. De l’autre, de nombreux jeunes qui ne savent pas vers quelles études se diriger ou qui se retrouvent sans emploi. Pourquoi le match entre les deux ne se fait-il donc pas? C’est l’enjeu actuel. Sans doute la mauvaise image des métiers techniques et du secteur de la construction auprès du grand public explique en partie cette situation. Or, ces métiers ont profondément évolué avec les nouvelles technologies et sont très en vue dans le cadre de la transition énergétique" .
«Une guerre des talents»
Philippe Foucart, à la tête de la société tournaisienne depuis une quinzaine d’années, voit les métiers de l’entreprise familiale évoluer en permanence. "Notre métier de base reste l’électricité mais on est passé à beaucoup d’autres domaines pointus: la data science, l’automatisation, la gestion des énergies, la gestion de la production industrielle..."
Les investissements consentis pour maintenir l’entreprise en situation de croissance seraient réduits à néant sans les ressources humaines suffisantes. Et à ce niveau le contexte est de plus en plus tendu. "Avec une majorité d’ingénieurs et de techniciens qualifiés, et une centaine d’ouvriers qualifiés au sein de nos équipes, on a tout le panel de la pénurie", constate M. Foucart. Beaucoup de démarches sont entreprises pour attirer de nouveau éléments, et garder ceux qui sont déjà là. "Le turn-over de notre personnel est faible; on est autour de 6% quand le marché est plutôt à 20%".
Mais ça n’empêche pas les difficultés. "Nous avons 32 postes ouverts, soit 10% de l’ensemble du personnel (plus de 368 CDI). Ce sont principalement des ouvriers qualifiés, des ingénieurs de projets, tous les métiers à peu près sont représentés. On a beaucoup de leviers de croissance dans nos domaines d’activités, mais notre crainte est de devoir laisser passer des marchés, faire subir une charge trop importante sur les personnes qui sont physiquement présentes. Quand on est dans une boîte familiale, on pense avant tout pérennité; or, quand on laisse passer des marchés, quand on ne répond pas bien à nos clients, ce n’est évidemment pas l’idéal".
Les entreprises comme Technord sont confrontées à une véritable guerre des talents, nationale et même internationale. "Comme on pêche tous dans le même étang, et qu’il n’y a pas assez de poissons, c’est compliqué de trouver l’oiseau rare.Le monde est devenu un village, nos ingénieurs sont sollicités plusieurs fois par an et même parfois par mois, d’autres entreprises leur proposent parfois des ponts d’or face auxquels on ne peut pas s’aligner ".
La Technord Académie
C’est dans ce contexte qu’une école de formation a été créée en interne: la Technord Académie . « Plutôt que de râler, on s’est demandé ce qu’on pouvait faire nous-mêmespour assurer la pérennité du groupe. Cette académie financée sur fonds propres à 100% est complètement digitalisée pour permettre aux meilleurs experts de former leurs collègues. Mais ce n’est pas si évident: c e qui manque le plus, c’est de temps, c’est la possibilité de dégager des ressources sans se faire hara-kiri sur les chantiers; ce ne sont jam ais des choix faciles ».