«Le CEB a peu de sens pour les élèves du différencié»
Les élèves de 6e primaire ne sont pas les seuls à passer leur CEB. Sont également concernés par l’épreuve, les élèves inscrits en 1re et 2e différenciée… Mais sans grande motivation ni réussite.
Publié le 20-06-2022 à 06h00
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À l’Institut Don Bosco, il n’y a pas seulement les élèves de 6equi vivent au rythme des épreuves du CEB. Au sein de l’implantation du secondaire, la quarantaine d’élèves de 1reet 2edifférenciée est aussi concernée par le Certificat d’Études de Base. "Il s’agit d’élèves qui n’ont pas obtenu leur CEBen 6eprimaire, ou qui ayant plus de 12 ans ont dû quitter l’enseignement primaire, expliquent Flore Dubois, enseignante de français, et Laurence Dorchies, enseignante de sciences, histoire et géographie. Ce sont des jeunes qui ont d’importantes difficultés d’apprentissage, des lacunes qui ne sont pas faciles à combler… Car même si nous avons des groupes d’une dizaine d’élèves, cela reste trop important pour assurer un suivi et un encadrement personnalisé afin de tenter de récupérer les bases en français, en mathématique, en sciences… Chaque élève a son propre rythme d’apprentissage, des difficultés spécifiques, son contexte de vie, etc. Parfois ce sont des jeunes qui pourraient mieux s’épanouir dans l’enseignement spécialisé, mais les parents ne veulent pas l’entendre…"
Presque intérêt à rater?
Les enseignantes ne s’en cachent pas: peu de leurs élèves décrochent le CEB au terme de la 1reou 2eannée. Et plus interpellant, les élèves auraient presque intérêt à le rater pour poursuivre la découverte des métiers manuels intégrée dans leur programme de cours. "C’est une certaine dérive du système et un paradoxe, relèvent-elles. Il s’avère que si l’élève de 1redifférenciée obtient son CEB, il doit intégrer une 1erannée commune dans n’importe quelle école, mais cela veut dire qu’il n’aura plus les cours techniques comme il a pu les découvrir chez nous, et les exigences seront trop hautes pour lui… amenant à une perte de confiance et à un décrochage scolaire. Souvent, ce que recherchent nos élèves, ce ne sont pas les cours théoriques, mais bien la pratique! Les élèves ont ainsi bien compris que s’ils veulent continuer la menuiserie, la construction, la mécanique, l’électricité… ils n’ont pas intérêt à réussir leur 1reannée différenciée d’autant plus qu’ils sont assurés quoi qu’il en soit de passer en 2e! Les élèves de 2edifférenciée ne sont pas plus motivés car même s’ils ratent le CEB, ils pourront aussi accéder à la 3eannée professionnelle.Le CEB a peu de sens pour nos élèves, même si on leur répète que c’est une chance d’obtenir leur premier diplôme!"
Si la situation n’est déjà pas évidente, les enseignantes s’inquiètent pour l’avenir de ces jeunes qui éprouvent des difficultés scolaires. "Avec la volonté de la Ministre de mettre en place un tronc commun, c’est-à-dire, le même enseignement pour tous les enfants de la maternelle à la troisième secondaire, il n’y aura pas place pour ces jeunes, regrettent-elles. On les voit mal suivre un cours de latin, de langues ou de sciences comme dans l’enseignement général. La ministre veut aussi supprimer l’enseignement professionnel, et donc les élèves vont se retrouver avec davantage de cours généraux que de cours pratiques…"