USA 2020, J-1 | Une Tournaisienne du Montana: «Si tu ne regardes que Fox News, Trump est un type génial»
Le Montana, c’est l’Amérique profonde, celle des grandes plaines, des armes et des pick-ups. Celle qui vote républicain.
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Publié le 02-11-2020 à 07h00
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«Au Montana, ils sont républicains et basta», résume abruptement Caroline Leruth, qui a des attaches avec cet État du Nord des États-Unis, où elle a hésité à s'installer. Avant de renoncer, parce qu'elle a deux enfants et que, dit-elle, «avec le niveau de vie très bas, la qualité des écoles y était catastrophique».
La Tournaisienne a donc préféré demeurer bien plus au sud, en Caroline du Nord, où elle travaille comme directrice dans les opérations commerciales pour GlaxoSmithKline, après avoir été envoyée en mission à Philadelphie en 2001.
Un univers aux antipodes. «Mais j'adore la nature et j'aime beaucoup cette culture parce que c'est tellement différent de nous. Il y a encore dans cet État la rudesse du climat, les distances, le manque de distractions et la beauté des paysages. C'est magnifique.»

Avec ses réserves indiennes, ses grands parcs nationaux (Yellowstone en partie) creusés de canyons et ses immenses plaines d’élevage à l’ombre des montagnes Rocheuses, le Montana reste proche de l’image qu’on se fait du «Far west». Peu peuplé, cet État ne rapporte que trois électeurs et les candidats à la présidentielle ne se donnent même pas la peine d’y mener campagne.
De toute façon, un gars de la trempe de Donald Trump a peu de crainte d'y perdre un duel. Il y a quatre ans, il avait proprement «descendu» Hillary Clinton d'un seul coup de pétoire.
Tout ce qu’ils adorent
«Trump défend tout ce qu'ils adorent: les armes, le racisme,… souligne Caroline Leruth. Il y a du pétrole là-bas, du gaz de schiste. Très peu de noirs y sont établis, ils ne les fréquentent pas. Et c'est sûr qu'ils ont tous besoin de leurs armes et de leur pick-up truck. C'est sauvage, il y a des ours, des pumas, des coyotes. C'est vraiment l'Amérique profonde.»
Si pour les habitants des grandes plaines rurales, voter pour les «bleus» n’est pas une question qui se pose, c’est un peu différent dans la capitale Helena, les villes ouvrières ou universitaires, les réserves indiennes, où l’on ose ne pas s’afficher républicain. Bullock, le gouverneur, est d’ailleurs un démocrate, réélu.
Trump, un type génial
«Mais aux États-Unis, si tu ne regardes que Fox News, c'est sûr que tu es persuadé que Trump est un type génial. Les Républicains regardent Fox et considèrent que tous les autres médias, à la limite, sont socialistes», analyse la Tournaisienne. Dans ces conditions, en dehors des fins de soirées dans les bars, on ne parle guère de politique. «J'ai des amis républicains ici aussi. Pas beaucoup mais quand je vais dans le Montana, j'essaie de les replacer dans leur contexte culturel. Je me pose la question: et moi, si j'étais née au Montana, qu'est-ce que je penserais? Je préfère regarder les personnes pour ce qu'elles sont, en tant qu'individus.»
Jamais plus de retour à Zaventem
Le 22 mars 2016, une valise bourrée d'explosifs déclenche le chaos au comptoir d'enregistrement de l'aéroport de Zaventem. Aussitôt suivie d'une seconde déflagration, quelques rangées plus loin. La troisième valise n'explosera pas. Placée entre les deux impacts, Caroline Leruth échappe de peu à la mort mais reste traumatisée par la violence déchirante de l'attentat de Bruxelles.
«Je ne suis jamais retournée dans l'aéroport, dit-elle. C'est impossible. Rien qu'à y penser, ça me rend malade. On ne peut rien y faire, le corps réagit d'une façon qu'on ne contrôle pas.» Caroline préfère ne plus évoquer ces terribles moments. En avril 2017, elle a achevé un livre qui raconte «ce que j'avais vu, ce qui m'était passé par la tête au moment de l'explosion et juste après». Ce livre «thérapeutique» l'a aidée, dit-elle. «Dès qu'il y avait un orage, j'étais par terre en pleurant. Ça va mieux.»
Mais quand Caroline revoit ses parents en Belgique, elle transite toujours par l'aéroport de Paris. Gravé dans sa chair, Zaventem l'éloigne de la Belgique, où elle avait aussi perdu ses attaches sentimentales. «Ici, j'ai la chance de ne plus y penser. C'est un événement du passé.» Ses deux enfants n'ont pas lu le livre. «Ils ne lisent pas le français.» Et elle n'a plus la rage de le traduire.

Frontalier du Canada, le Montana est un État du nord-ouest bordé par l’Idaho, les Dakota et le Wyoming. Sa capitale est Helena et sa plus grande ville Billings.
Population
Le Montana est un des plus grands États mais avec moins de 1 million d’habitants, il est aussi l’un des moins densément peuplés. Il ne vaut que 3 grands électeurs.
Politique
Conservateur, le Montana est un bastion des républicains et pourtant il a réélu en 2016 le gouverneur démocrate Steve Bullock. Deux de ses trois élus au Congrès sont républicains.
Résultats 2016
Donald Trump: 55,6% Hillary Clinton: 35,4%