La disparition des fermes familiales n’est pas une fatalité
Rendez-vous ce samedi à Havinnes pour voir de quelle manière l’agriculture durable est autant un état d’esprit qu’un enjeu économique.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/6dcbe7f5-c37f-48a4-8fd2-e98ae5f7a8f7.png)
Publié le 08-02-2012 à 08h24
:focal(545x546.5:555x536.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/FMOPXZHEZ5CI7CABFEBILKQWIY.jpg)
Agriculture durable. Derrière une question de société (restée à l’état de concept pour nos décideurs politiques) se profile une réalité bien concrète pour un certain nombre d’acteurs du monde agricole. La chèvrerie de la Croix de la Grise, à Havinnes, fait partie de ces exploitations qui en ont fait un credo quotidien.
Tout n’a pas toujours été facile pour les Delobel-Faux, mais ils se félicitent de leur choix. De manière très naturelle et spontanée, ils amènent leurs concitoyens à la réflexion quant à leur consommation ; au travers de leur « ferme pédagogique », des stages pour enfants mis sur pied pendant les vacances scolaires, des après-midi d’anniversaire, de la présence au marché et la vente à la ferme, des journées comme celle de samedi (la troisième)…
Dans la petite ferme bio familiale perchée sur une des collines tournaisiennes, la réflexion n’est pas un vain mot: à plusieurs reprises, en effet, Christiane et Francis Delobel-Faux ont dû se remettre en question. Lorsque, au milieu des années nonante, l’exploitation est passée à l’agriculture biologique après quinze ans de production conventionnelle ; quand, voici une dizaine d’années, la ferme a abandonné les vaches laitières pour les chèvres ; et quand elle a élargi ses activités avec la transformation du lait sur place et la vente directe en 2006.
Sans ces reconversions successives, Vincent Delobel, leur fils, n’aurait sans doute jamais imaginé reprendre un jour l’exploitation de ses parents. Aujourd’hui étudiant à l’UCL (si tout va bien, il suivra l’an prochain à l’étranger un Masters en gestion de l’environnement et développement), il envisage à moyen terme de poursuivre l’activité de la petite entreprise familiale au moment où tant d’exploitations disparaissent purement et simplement, faute de candidats à la reprise.
« Aujourd'hui, on peut décider de continuer dans le modèle conventionnel, directement avec une exploitation de deux cents hectares au moins pour qu'elle soit considérée viable ; mais c'est une fuite en avant parce qu'il faut grandir toujours plus et on n'a qu'à se taire quand la grande distribution rabote notre prix de revient. Ou alors on garde une exploitation à taille raisonnable, et on vit de l'agriculture à temps partiel », nous dit-il.
À mi-temps, ça ne veut pas dire forcément travailler pour un autre employeur mais ça englobe toutes les formes de diversifications possibles et imaginables: transformer son lait, organiser des activités pédagogiques en tirant profit des installations, distribuer ses produits dans des marchés régionaux ou les vendre à la ferme, offrir des services…
Les mentalités évoluent plutôt bien, constate-t-il, depuis trois ou quatre ans en particulier. « Quand mes parents se sont lancés dans le bio (il avait six ans), en 1997, il y avait quand même pas mal de gens qui les prenaient quasiment pour des fous, ou en tout cas pour des inconscients. L'état d'esprit n'est plus le même: ceux qui ne le font pas, parce qu'ils sont en fin de carrière, disent que si c'était à refaire ils le feraient aujourd'hui ».
La journée de réflexion « Comment valoriser une agriculture » durable se déroulera ce samedi 11 février 2012 à la Chèvrerie de la Croix de la Grise à Havinnes. La journée alternera exposés et discussions à destination du monde agricole, au sens large… Réservation & infos: Vincent Delobel (vdelobel@gmail.com) au 0487 905 202 ou au 069 546 274.