Les « manipulés » répondent !

Accusés d’être manipulés par Rudy Cambier, deux universitaires répondent au doyen de Leuze. « Il ignore l’existence de toute une série de documents ! »

François DESCY
Les « manipulés » répondent !
Lahouste templiers ©EdA

Historien amateur et féru de justice humaine, l'abbé Francis Cambier s'en est pris à ceux qui « manipulent l'Histoire pour priver quelqu'un de son droit » (nos éditions du 6août).

Les « manipulateurs » seraient le philologue Rudy Cambier et ses « supporters », eux-mêmes manipulés par le premier cité. Lesquels affirment que le lieu-dit du Blanc Scourchet, à Wodecq, est un important site templier et qu'il faut donc y interdire tout lotissement.

La personne « privée de son droit »serait un fermier, propriétaire du terrain sur lequel la Ville a autorisé la construction de six villas, malgré les avis défavorables d'un fonctionnaire, de la commission du Parc naturel et d'une pétition qui a recueilli plus 600 signatures sur Ellezelles. Le Conseil d'État a d'ailleurs été saisi d'un recours.

Ce qui dépasse peut-être le plus l’abbé Cambier, doyen de Leuze et historien pendant ses loisirs, c’est que des universitaires accréditent la thèse de Rudy Cambier.

Parmi ces éminences, il y a en particulier Geneviève Mouligneau, docteur en Philosophie et Lettres, ainsi que Jean-Philippe Lahouste, docteur en Sciences et auteur de nombreuses études historiques. Lesquelles éminences n'ont bien entendu pas apprécié d'être considérées comme « manipulées ». Voici, point par point, leurs réponses à Francis Cambier.

1. Nostradamus n'a pas recopié Ives de Lessines ? Dans ses livres, Rudy Cambier développe une démonstration selon laquelle le « prophète » Nostradamus s'est approprié l'œuvre d'Ives de Lessines, 15e abbé de l'abbaye de Cambron (XIVesiècle). « Faux ! » clame le doyen de Leuze, qui s'en réfère à un universitaire canadien, Pierre Brind'amour, selon lequel Nostradamus a été « pomper » son inspiration ailleurs que chez Ives de Lessines, et notamment chez Critinus, un érudit de la Renaissance. « Brind'amour n'est pas toujours évident à suivre mais il est clair que les deux premiers quatrains des Centuries sont inspirés par Critinus, qui lui-même s'était inspiré d'un texte grec du IVesiècle, reconnaissent M.Lahouste et MmeMouligneau. Mais la version grecque desMystères des Égyptiens de Jamblique devait probablement se trouver dans le scriptorium de l'abbaye de Cambron, au même titre que d'autres ouvrages antiques. Yves de Lessines, qui y fut prieur, s'en est peut-être nourri… Les Centuries font 4 000 vers. Pour pondre cela, on a forcément des sources d'inspiration ! »

2. Ives de Lessines n'est pas Ives Despretz ? Selon Rudy Cambier, le véritable auteur des Centuries dévoile son identité par un jeu de mots dans le deuxième quatrain de son poème: « le divin prés s'assied ».Or le vrai nom d'Ives de Lessines serait Ives Despretz, fils de Jean Despretz dit de Quiévrain, châtelain de Lessines. « Faux ! » insiste Francis Cambier, qui s'appuie sur des pièces d'archives encore existantes. « Le chroniqueur dom Noël (XVIIesiècle) a fait une mauvaise lecture des documents disponibles à l'abbaye, comme par exemple la donation de Marie li Frankon. » Bref, pour le doyen de Leuze, Ives ne s'appelle pas Despretz, il n'est pas le fils du châtelain de Lessines et il n'existait pas de Despretz à la fin du XIIesiècle. « Francis Cambier ignore l'existence de toute une série de documents, et notamment un manuscrit concernant la prélature de l'abbé Esquelin prouvant l'existence d'un recueil antérieur,répondent les Lahouste et Mouligneau. Toutes les sources ont dit qu'Ives de Lessines était un Despretz: l'Histoire de Cambron du colonel Clément Monnier (1877-1884), les recueils de 1642 et de 1743, l'Historiae Camberonensis du bibliothécaire de Cambron Antoine Le Waitte (1673), le Monasticon belge de dom Ursmer Berlière (1890), lequel reprend la biographie de tous les abbés. Donc, si l'on en croit le doyen de Leuze, toutes ces sources-là aussi ont été manipulées. »

3. La toponymie n'est pas significative ?Pour Francis Cambier la présence de nombreux noms de lieux évoquant la région de Wodecq dans les Centuries -Mine, Linterne, Lebron, Quintin, Rosneetc. – n'est en rien significative. « Je suis presque sûr qu'on pourrait trouver de telles concentrations dans d'autres textes »pense-t-il. « Plus de 50 toponymes rien qu'autour de Wodecq, toujours repérables aujourd'hui, cela ne peut pas relever du hasard d'un point de vue statistique, affirment M.Lahouste et MmeMouligneau, qui attendent qu'on leur indique une concentration de cette importance, par exemple autour de Salon-en-Provence au gîtait Nostradamus. L'abbé Cambier va jusqu'à s'étonner que Rudy Cambier traduise Athensis par Ath, et non par Athènes, alors que, en latin, tout au long des siècles, Ath a été régulièrement traduit par Athensis, y compris dans les documents de Cambron. »¦

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