Un clown pas comme les autres

Clown de proximité, Denis Bernard visite les maisons de repos afin de décocher un moment de bonheur aux personnes isolées.

Denis Vanderbrugge

Un nez ro uge, un chapeau et du maquillage discret sur le coin des joues, Denis Bernard n'est pas un clown comme les autres. Loin d'être triste, il n'est pas non plus spécialement drôle. Là n'est pas l'objectif. À contre-courant des idées reçues, ce clown ne travaille pas avec des enfants. Il rencontre des personnes âgées, malades ou encore handicapées.

Sentir l'émotion de l'autre

Depuis janvier, Denis Bernard a lancé ce concept, peu voire pas du tout exploré à Tournai. À travers son personnage, il communique en s'adaptant à son public : « Ce n'est pas de l'animation ni du divertissement, explique Denis Bernard. L'objectif est de rétablir un contact, de montrer à la personne qu'elle n'est pas seule, qu'elle n'est pas perdue. » Et quand un petit sourire se dessine sur un visage, ça devient un moment important : « On annonce au pensionnaire de la maison de repos une visite, mais il ne sait pas qu'il s'agit d'un clown, poursuit Denis Bernard. Le travail du clown est de sentir par empathie l'état émotionnel de la personne. »

Tel un caméléon, le clown se mue alors en soutien moral, en confident ou en musicien selon les désirs de son interlocuteur. « L'avantage du clown, c'est qu'il n'a aucun jugement par rapport aux problèmes de la personne. Son rôle est de rendre normale, une situation qui ne l'est pas forcément. » Parfois un peu utopique, Denis Bernard se met à rêver « de moins de médication pour un traitement plus humain. » Il n'a pourtant pas la prétention de dire qu'il est thérapeute : « Le rire, l'imaginaire et la relaxation peuvent aider un bénéficiaire, sans prétendre le traiter. » Le public est son partenaire L'homme se déplace de chambre en chambre. Il dispose d'à peine quelques mètres pour faire le vide et se concentrer sur une nouvelle situation. Ainsi il aborde chaque chambre comme si c'est la première qu'il visite : « Je n'arrive jamais en disant "je suis un clown ". Je dispose juste d'un costume sobre qui permet de s'en rendre compte. Mais, contrairement au clown traditionnel, je mets mon public en position d'acteur. Il faut susciter les choses. On vit parfois des moments dans le non-verbal ou dans le sensoriel. Le problème est qu'il est impossible de rencontrer tout le monde. » Denis Bernard ne travaille pas seul. Il a fondé l'ASBL HardtMachin dans laquelle il travaille avec une psychologue : « Le but est d'évaluer mon travail car c'est très difficile de s'auto-évaluer. À terme, il y aura une collaboration qui permettra d'encore améliorer l'efficacité du travail. » Formé à la mise en scène et au jeu de clown, Denis Bernard n'en est pas à son coup d'essai dans le domaine. Il travaille d'ailleurs comme clown auprès des personnes handicapées mentales adultes de l'institut Bon Pasteur de Bury : « Mais ce travail n'a rien à voir avec ce que je fais dans les maisons de repos, assure-t-il. Là, ils me connaissent et il s'agit plus d'un travail de communication par le clown et d'ateliers théâtre. » Denis Bernard revient de Porto et son École Supérieure de Musique et des Arts du Spectacle. Il y a longtemps enseigné le masque neutre et les techniques de clown. De retour en Belgique, c'est un nouveau défi qu'il se lance. La maison de la Providence et les Myosotis ont déjà répondu à l'appel : « L'idéal serait de revenir une fois par mois afin d'établir un contact régulier sans tomber dans la routine. »

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