L'osmose entre la terre et l'eau

La terre et l'eau. La céramique et l'aquarelle. Deux techniques qui apprivoisent les éléments naturels. Deux artistes en recherche.

Marie-France Philippo

Jusqu'au 30 décembre, la galerie «L'eau vive» offre une double expo, aux oeuvres complémentaires. La maîtresse des lieux, Dominique Coppe, artiste peintre aquarelliste, a invité Bernadette Bosschaert, créatrice en céramique. L'eau, la terre, le feu et l'air s'unissent ainsi pour former les quatre éléments fondamentaux. Et tout simplement la vie.

Il s'agit de la première exposition de Bernadette Bosschaert, une Mouscronnoise originaire de Bas-Warneton.

«À la base, j'ai une formation d'ergothérapeute, explique-t-elle. C'est là que j'ai découvert la terre. Par la suite, j'ai travaillé une vingtaine d'années au Centre Laurent Maréchal à Mouscron où je m'occupais, entre autres, de l'atelier poterie.»

En 2002, elle prend un crédit-temps et en profite pour entamer une formation «modelage» à l'Académie des Beaux-Arts de Tournai. En début d'année, elle a décidé de ne pas reprendre son poste pour poursuivre le travail de la céramique.

«La terre est pour moi un matériau extraordinaire, noble et rempli de «possibles». Elle offre des richesses cachées, mais exige en retour le respect de ses propres règles. En finale, c'est l'épreuve du feu lors de la cuisson qui juge de la qualité du travail.»

Laisser respirer la terre

Et le résultat vaut le coup d'oeil. Surprenantes, ses créations de grès sont également admirables :

«Dans mes pièces, je recherche l'équilibre entre ce que la terre me donne et ce que je souhaite lui faire dire en fonction du thème. Dans mes dernières compositions, j'ai travaillé la faille et la séparation. Bien qu'elles soient difficiles à vivre, ces réalités peuvent nous apporter quelque chose de positif.

J'utilise des jus d'oxydes et des voiles d'engobes afin d'obtenir des couleurs sobres et, si possible, chaleureuses, tout en laissant ma terre presque à nu. Car je veux qu'elle respire et vive à son rythme. Entre les premiers gestes et le séchage complet, cela peut prendre des semaines!»

Une lente progression vers l'art

Depuis ses débuts, elle n'a de cesse d'expérimenter toutes les techniques, entamant un véritable cheminement de la création loin d'être abouti. De l'opposition entre la douceur de ses sphères et la profondeur de ses crevasses, ces pièces uniques sont des voyages au coeur de la terre où se reflètent les atmosphères de chaleur, de dépouillement et de textures. La terre a toutefois toujours le dernier mot.

«C'est en ce sens, renchérit Dominique Coppe, que je voulais qu'elle expose parmi mes aquarelles. Quand j'ai tiré mon sujet d'un lit de pigments, je laisse l'eau circuler et donner vie à la toile. Jusqu'à un certain point, jusqu'à ce qu'elle exprime mon émotion par rapport à un vécu. Avec toujours une osmose par rapport à la nature. Nos créations sont complémentaires.»

«Au coeur des eaux vives», rue de la Gare n° 15. Expo jusqu'au 30 décembre. Les samedis, de 14 à 19h; les dimanches de 15 à 18h. Sur rendez-vous au 056557621 ou 056556104.

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