Verviers : la militante Marie Mineur (re)mise à l’honneur 100 ans après sa mort
Le 18 mai 1923, la militante verviétoise Marie Mineur décédait dans l’anonymat. 100 ans plus tard, des militantes lui rendent "femmage".
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/edd66f39-c0bd-4468-b1f0-4dd03f89ede2.png)
Publié le 18-05-2023 à 19h59
:focal(545x371.5:555x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/AKSDJBMLURCALI72TOSOIDQ7WY.jpg)
"Nous sommes réunis ce jour pour commémorer le centenaire de la mort d’une militante verviétoise dont le nom a failli être oublié de nos mémoires, Marie Mineur", débute Justine Hardy, militante.
Sous un soleil généreux, des militants se sont rejoints, mercredi 17 mai 2023, devant la stèle des droits humains au parc Fabiola, à Verviers, pour honorer la mémoire de Marie Mineur, décédée à Thimister le 18 mai 1923.
Qui était-elle ?
C’était l’occasion de rappeler qui était cette Verviétoise originaire de Hodimont. Freddy Joris, historien, a rappelé les grandes lignes qui ont façonné son parcours, elle qui est née en 1831.

Elle a commencé à travailler à 8 ans dans une usine de textile et elle a ensuite enchaîné les petits boulots. "Toujours aussi modeste dans une pauvreté totale. Un peu avant ses quarante ans, dans les années 1870, elle s’investit dans un groupe de femmes qui militent dans le cadre de la Première Internationale, donc la première organisation des travailleurs. Marie Mineur en était manifestement une cheville ouvrière. Il n’y a eu que trois types de sections de ce genre en Wallonie et le fait que celle de Verviers ait existé durant huit années est quelque chose de capital. De plus, le groupe était composé de 200 à 300 femmes, un mouvement important", souligne l’auteur de Marie Mineur, Marie rebelle, Freddy Joris. Ensuite, son parcours militant se durcit face à la place que prend l’Église dans la société à cette époque. "Elle insiste pour que les gens puissent prendre leur liberté vis-à-vis de l’Église, ce qui à l’époque était extrêmement courageux." Ensuite, elle continue à militer pour l’éducation des jeunes et du monde ouvrier, en créant notamment les premières fêtes de la jeunesse. "Elle a été à l’origine de la création des premières fêtes de la laïcité." On perd sa trace et, à son décès en 1923, elle semble être oubliée mais c’est sans compter sur un mouvement féministe de Louviéroises dans les années 1970 qui remet à l’honneur son nom, en baptisant leur groupe les Marie Mineur. C’est suite à une demande d’un ami historien que "les quelques lignes sont devenues les 130 pages de la biographie", plaisante l’historien.

"Je pense que Marie Mineur aurait souri de nous voir lui rendre “ femmage ” en se disant: peut-être mes combats n’auront pas été vains", poursuit Justine Hardy.
Des textes qui résonnent
Après un bref historique de sa vie, des militantes se sont succédé au micro pour lire des textes écrits par Marie Mineur, devenue une figure emblématique du mouvement féministe et ouvrier. Ce sont des réflexions qu’elle envoyait régulièrement au journal le Mirabeau, journal du parti ouvrier verviétois de l’époque. Il y a aussi eu la lecture d’un texte personnel rédigé par une artiste locale, Marianne Doucet. "C’était voulu que ce soit uniquement des femmes qui se battent au quotidien pour interpréter ses textes, comme Marie Mineur l’a fait", confie une militante. Bien que certaines réflexions écrites dans les années 1870 résonnent encore actuellement, d’autres ont dû être contextualisées afin de comprendre l’époque dans laquelle la militante vivait.

Des chants féministes ont été entonnés lors de la cérémonie. De son côté, la secrétaire régionale SETCa-FGTB Verviers, Morgane Thomas, a rappelé les inégalités qui subsistent dans la société. La cérémonie s’est clôturée par le dépôt d’une gerbe de fleurs par une jeune militante, au pied de la stèle des droits humains où figurait le temps de l’hommage le portrait de Marie Mineur.
