30 ans d’existence pour la Glanée à Verviers et un projet de taille: se réinventer !
Le service résidentiel de l’Apem-T21 est en transition. Il veut offrir aux personnes trisomiques une belle fin de vie, tout en accueillant petit à petit d’autres profils de déficience intellectuelle.
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Publié le 04-05-2023 à 07h00 - Mis à jour le 04-05-2023 à 09h13
Cela fait 30 ans que La Glanée, le service résidentiel de l’Apem-T21, a été créée à Heusy. Cet hébergement, qui accueille 20 adultes porteurs d’une déficience mentale (principalement d’une trisomie 21), est aujourd’hui reconnu bien au-delà de la région verviétoise pour son rôle précurseur dans l’accompagnement de ces bénéficiaires dans leur avancée en âge et cela jusque dans la mort (lire ci-contre). Mais au bout de ces trois décennies d’existence, il doit se réinventer.
En effet, en 2019, les gouvernements fédéral et régional ont cessé de se renvoyer la balle pour savoir qui devait répondre à la problématique du vieillissement des personnes trisomiques: "la compétence maison de repos et maison de repos et de soins est revenue au régional (NDLR: déjà en charge de la santé). Donc, l’AVIQ (NDLR: l’Agence pour une vie de qualité) a pris une position, celle de faire des ponts fonctionnels, c’est-à-dire, de transférer des compétences des SRA vers les MRS pour permettre aux personnes d’être réorientées", explique le directeur des services de l’Apem-T21, Xavier Rainotte. De plus, le pourcentage de seniors hébergés par le service résidentiel ayant grimpé jusqu’à représenter 80% des résidents, la charge devenait de plus en plus lourde pour l’équipe. "Au départ une personne sur 25 était désorientée et le reste avait une certaine autonomie. Il y avait une forme de solidarité, mais ici on est à 80% avec un tiers grabataire !"
Depuis l’année dernière, La Glanée a ainsi commencé à réorienter certains bénéficiaires vers des maisons de repos et de soins, "quand la mobilisation de la personne demande deux éducateurs en permanence ou alors parce qu’elle nécessite des soins médicaux", précise Kathalyn Lennerts, cheffe éducatrice en place depuis 17 ans, et d’ajouter, "J’ai vécu La Glanée sans l’ouverture en journée, puis l’ouverture en journée et toute l’évolution dans l’accompagnement avec les fins de vie. On avait l’impression de boucler la boucle en faisant ça. On préférait qu’ils puissent mourir chez eux avec leurs familles, leurs proches. Malheureusement on ne nous donne plus les moyens et la possibilité aujourd’hui de le faire."
Le service résidentiel cherche également à s’ouvrir à d’autres populations. "Depuis 2014, il existe un test prénatal (NDLR: le test prénatal non invasif) qui va permettre une diminution de cas de trisomie 21, et des autres syndromes associés que l’on prend également en charge, on le voit déjà dans nos services d’aide précoce. Donc on a élargi nos critères d’accueil: la Glanée est prévue pour accueillir des personnes avec une déficience intellectuelle quelle qu’elle soit ", explique le directeur qui pense notamment aux personnes présentant des troubles du spectre autistique (TSA). La transition est toutefois délicate car la prise en charge n’est pas la même, le service a déjà pu s’en rendre compte dernièrement lors de périodes d’essai. "On doit s’ouvrir à d’autres déficiences mentales, mais il faut que cela puisse coller avec la dynamique des résidents porteurs de trisomie qui sont majoritaires. Par exemple, le rythme du déjeuner entre 7 et 10h ne se prête pas du tout à une personne qui aurait des troubles alimentaires compulsifs ", pointe Kathalyn Lennerts.
La transition devra ainsi se faire en douceur appuie le directeur, confiant, en soulignant encore la capacité d’adaptation dont son équipe a déjà fait preuve.