Verviers: "Céramiques et paravents", une expo qui mêle art et petites histoires (vidéo)
Le Centre touristique de la Laine et de la Mode de Verviers a dévoilé ce vendredi sa nouvelle exposition, "Céramiques et paravents". Une thématique originale à découvrir jusqu’à fin juillet.
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Publié le 10-03-2023 à 18h00 - Mis à jour le 10-03-2023 à 18h03
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Après les 7 péchés capitaux, le Centre touristique de la Laine et de la Mode (CTLM) a décidé de s’intéresser, dans sa nouvelle exposition, à deux arts trop peu mis avant et qui peuvent sembler anecdotiques au premier abord: les céramiques et les paravents. Un mix qui est né d’une collaboration inédite entre l’institution de la rue de la Chapelle et les musées de Verviers.
Il y a quelque temps, via l’échevin de la Culture Jean-François Chefneux (Nouveau Verviers), Michèle Corin, directrice du CTLM, a eu connaissance du catalogue de paravents de l’écrivain et critique d’art français Daniel Couturier. En parallèle, Caroline Henry, directrice des musées communaux, avait envie de mettre davantage en valeur l’impressionnante collection de céramiques appartenant aux musées verviétois, malheureusement toujours inaccessibles suite aux inondations. Certains éléments de cette collection ont notamment été présentés récemment au musée Keramis à La Louvière et à Visé. "On a donc essayé de trouver un lien et de voir comment associer les deux expositions", raconte Caroline Henry.
Nathalie Weerts, conservatrice adjointe, et Dorothée Luis, scénographe et animatrice au CTLM, ont travaillé de concert pour agencer les salles et associer les pièces entre elles. "La céramique, par exemple, est un art un peu dénigré, rappelle Caroline Henry. Ce n’est pas quelque chose que les gens viennent généralement voir en premier. Beaucoup considèrent cela comme de la vulgaire vaisselle mais c’est loin d’être le cas. C’est plus que ça."
227 pièces de céramique à admirer
Née en Chine, la porcelaine est arrivée chez nous avec les grandes découvertes, au XVIe et au XVIIe siècle. Elle a tout de suite fasciné. "Les Chinois ont été malins. Ils ont gardé le secret de fabrication de la soie, de la porcelaine… Cela leur a permis d’avoir un monopole sur un business hyper demandé chez les bourgeois et les aristocrates, rappelle Dorothée Luis. Les Européens ont galéré pour trouver le moyen de reproduire la porcelaine. Ce n’est qu’au XVIIIe qu’on voit des avancées en la matière, avec le biscuit de porcelaine, par exemple."
Les anecdotes autour des différentes pièces, au nombre de 227 ici (soit 10% de la collection totale des musées de la Ville), sont nombreuses. "Les arts décoratifs restent aujourd’hui un vivier d’inspirations super captivant pour les enfants. Il y a plein de symbolisme. Dans la sélection de Mme Weerts, j’ai choisi 25 focus. Ce sont un peu les pièces stars, pour moi, de l’exposition. Je rebondirai sur celles-ci lors des visites guidées", détaille-t-elle.
Dans les vitrines, ces œuvres sont accompagnées d’un macaron. "Il y a vraiment un jeu d’observation à faire dans cette partie."
L’œil du visiteur va ainsi être aiguisé pour la partie suivante de l’exposition. Il va pouvoir scruter les détails et les couleurs des objets de petites tailles, admirer la finesse des découpes d’une marronnière qui n’existe plus qu’en 30 exemplaires ou encore sourire devant la pagode (dont la tête, les mains et la langue bougent) et les plats à terrine en forme de brochet ou de volailles.
Un lien avec la Belgique et plus particulièrement avec notre région a aussi été réalisé. On y retrouve par exemple de la faïence de Bruxelles, qui a eu son petit succès à l’époque, des pièces en grès de Raeren, dont une chope retrouvée en 1933 lors de la démolition de la Maison Espagnole de la rue de Heusy, à Verviers, et une écritoire ayant servi au château de Franchimont. Qui donc aurait cru que la céramique avait autant à nous apprendre ?
Une trentaine de paravents uniques qui racontent quelque chose
Les paravents contemporains de Daniel Couturier sont également couplés à de la céramique.
Dans la salle mansardée, 29 paravents, appartenant au galeriste et collectionneur angevin Daniel Couturier (qui en possèdent en tout 69), ont été disposés sur un fond noir. Une scénographie qui permet de faire ressortir les œuvres peintes sur ces supports originaux. "Certains paravents sont également doubles faces. Il était donc important pour nous que le visiteur puisse circuler autour, note Michèle Corin, directrice du CTLM. Tous ces paravents sont uniques et ont été réalisés par des artistes internationaux. Il y a du figuratif, du non figuratif… Nous avons aussi décidé d’associer chacun à une céramique appartenant aux musées de Verviers pour raconter une petite histoire."
C’est ainsi que l’on peut apercevoir un rapprochement entre un paravent de l’artiste alsacien Paso et l’œuvre de l’artiste Cécile Massart, intitulée Fût 12. "Ce sont deux personnes qui aiment les formes", indique-t-elle. Un paravent décoré par des dentellières de Zlin, en République tchèque, est quant à lui relié à l’assiette creamware, dont les bords troués s’apparentent à de la dentelle. "Il a fallu plus de 2 000 heures de travail à ces 50 dentellières pour terminer ce paravent", précise Daniel Couturier, qui a notamment déjà eu la chance d’exposer cette collection au musée La Piscine de Roubaix.
L’un des kimonos de Sandra Brisy (qui expose également au rez-de-chaussée du CTLM et a longtemps été costumière au Théâtre de Liège) est, lui, associé à un paravent de Benoît Pavie. "Sandra Brisy utilise des tissus de récupération. Benoît Pavie, lui, est allé chiner ce paravent des années 50 sur le marché. On voit qu’il a repeint sur un vieux tissu à motif. Ils ont donc tous les deux la même démarche", raconte Michèle Corin.
Enfin, deux paravents ont également été peints par deux artistes belges pour l’occasion.
En pratique
Où ?Au Centre touristique de la Laine et de la Mode, rue de la Chapelle, 30 à Verviers.
Quand ?L’exposition est visible du 11 mars au 31 juillet 2023. Le CTLM est ouvert du mardi au dimanche, de 10 à 17 heures.
Comment ? La salle réservée aux céramiques et aux paravents est complétée par une salle reprenant l’histoire de la céramique et une matériauthèque. Jusqu’au 28 mai, l’exposition est accompagnée d’une exposition de kimonos contemporains. Les trois volets sont accessibles au prix d’entrée (de 6 € maximum), qui donne aussi accès au parcours permanent de la laine et de la mode. La visite guidée est conseillée, pour les groupes dès 6 personnes et sur réservation uniquement (à partir de 30 €). Celle-ci peut être assortie d’un atelier créatif (customisation d’un pavé de céramique). Un stage est également prévu pour les 7-12 ans pour la 2e semaine des vacances de Pâques.
Infos ? Renseignements et réservation au 087/30 79 20, sur www.aqualaine.be ou par mail à info@aqualaine.be.