Un taux de couverture des services de la petite enfance à améliorer en région verviétoise
Notre arrondissement est-il à la traîne au niveau de l’accueil de la petite enfance ? Les chiffres du taux de couverture de ces services en région verviétoise, en 2021, font en tout cas part de disparités. Décryptage et analyse avec le député Matthieu Daele.
Publié le 17-01-2023 à 08h00 - Mis à jour le 17-01-2023 à 14h26
Trouver une place en crèche ou chez une accueillante à domicile est une épreuve pour beaucoup de jeunes parents. Et l’arrondissement de Verviers n’est pas épargné par cette problématique. Pour mieux cerner la situation, le député wallon theutois Matthieu Daele (Écolo) a demandé à connaître le taux de couverture des services d’accueil de la petite enfance pour 2021 (services subventionnés et non subventionnés, hors communauté germanophone). Ces chiffres, communiqués par la ministre de l’Enfance Bénédicte Linard (Écolo) et transmis à L’Avenir Verviers, laissent apparaître quelques différences entre les communes.

On note par endroits d’importantes disparités entre le nombre de places subventionnées et non subventionnées. "Le prix des places subventionnées est lié aux revenus des parents et est accessible à tous, synthétise Matthieu Daele. Le prix des places non subventionnées est fixe, quel que soit le revenu des parents, et donc uniquement accessibles à ceux qui ont des revenus élevés." À Aubel, par exemple, on compte 40,2 places pour 100 enfants en non subventionné contre 20,6 places pour 100 enfants en subventionné.
Afin de réduire ces inégalités entre les communes et d’atteindre un taux de couverture subventionnée de 33% dans chaque entité wallonne, la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Région wallonne ont prévu, dans le cadre du Plan de relance, la création de plus de 3 000 nouvelles places pour la petite enfance. Plusieurs communes de notre arrondissement ont d’ailleurs répondu à l’appel et ont été retenues. C’est le cas de Verviers, Stoumont, Waimes, Pepinster, Dison, Baelen, Malmedy, Olne, Jalhay, Herve, Spa et Thimister-Clermont.
Le député Matthieu Daele a trouvé intéressant de croiser ces données pour répondre à cette interrogation: quelles sont les communes en dessous du taux de 33% qui n’ont pas porté de projet ? "Les communes en dessous de ces 33% sont: Aubel, Baelen, Dison, Jalhay, Malmedy, Olne, Pepinster, Stavelot, Theux, Verviers, Waimes et Plombières. Il faut noter que la majorité de ces communes ont porté des projets mais que Stavelot, Aubel, Theux et Plombières n’ont pas porté d’initiative en ce sens lors du dernier appel", constate-t-il.
D’autres appels seront certainement lancés dans les prochaines années, tant l’enjeu est crucial. "Mais il ne faut pas attendre ces appels à projets pour y réfléchir, estime le Theutois. Il faut s’y préparer maintenant." Il comprend que les communes soient réticentes, vu leurs finances compliquées, à investir seules dans une crèche. "D’où l’intérêt d’entamer des discussions avec le milieu associatif ou des accueillants privés. Il y a des formules qu’il faut pouvoir investiguer."
Pourquoi Aubel, Plombières, Theux et Stavelot n’ont pas répondu à l’appel
Les quatre communes n’ayant pas rendu de dossier à la Région wallonne expliquent les raisons de ce choix.

Avec 20,6% de services d’accueil subventionnés, Aubel pourrait être qualifiée de mauvaise élève. Mais la situation est plus complexe. "Dans notre cas, on est une très petite administration, explique la présidente du CPAS, en charge de la Petite enfance, Céline Denoël-Hubin. Ce genre d’appel à projets demande du personnel pour le suivre. Les gardiennes, reprises au sein du CRPE et de l’ONE, étaient assez vieillissantes sur notre commune. Plusieurs sont parties à la pension. Une autre a souhaité arrêter après le Covid. On a donc perdu pas mal d’accueillantes."
Comme il n’y a pas d’accueil géré par la Commune, Aubel a mis en place un système plutôt inédit. "Quand la crèche a ouvert, on a décidé d’octroyer une subvention aux parents, par rapport à leurs revenus. On prend en charge la différence entre le montant qu’aurait représenté une place en crèche communale et celui d’une crèche privée. Un calcul est cours pour revoir ce montant par rapport à l’évolution de la vie. C’est une manière de soutenir le citoyen."
Du côté de Theux, qui présente un taux de 20,1% de places subventionnées, on mise toujours sur le projet de crèche (privée) au niveau du projet de l’avenue Reine Astrid. "On verra avec ça, si on peut après partir vers autre chose sur la commune", indique l’échevine Christiane Orban.
À Plombières, on se rapproche de la moyenne espérée, avec 29,3%. Ce qui s’explique entre autres par la présence d’une crèche communale de 42 lits, Le P’tit Môme, à Hombourg. "Les efforts ont été consentis à ce niveau-là. Au niveau de l’équipe, il n’y avait aucune envie d’augmenter le nombre de lits. On essaye de garder aussi le côté convivial. Passer de 42 à 84 n’était pas envisageable.", note l’échevin Sébastien Kessels. Notamment pour la charge que cela représenterait pour la Commune. "Si on avait une crèche de 84 lits, elle serait remplie. On a beaucoup d’attente sur la commune. Mais il faut pouvoir se limiter dans ce genre de service."
À Stavelot, où le taux est de 31,5%, la crèche communale, inaugurée en 2018, répond aux besoins des Stavelotains. "Nous n’avons actuellement pas de demandes de nos habitants pour davantage de places au sein de celle-ci. Puis, nous avons également de nombreuses accueillantes privées sur la commune", rappelle l’échevin Nathalie Rentmeister.
Des partenariats entre les communes et les accueillants, le bon plan ?
Le Centre régional de la petite enfance collabore déjà depuis longtemps avec les communes. Une nécessité.
Basé à Verviers, le Centre régional de la petite enfance (CRPE) regroupe et accompagne des accueillants et accueillantes d’enfants conventionnés pour tout l’arrondissement. "Dans notre conseil d’administration, nous avons déjà toutes les communes de notre arrondissement, explique Sandrine Ballaux, directrice du CRPE. Il y a déjà des aides proposées ponctuellement par celles-ci par rapport aux accueillantes. Il y a eu des mises à disposition de locaux notamment pour des co-accueils (même si actuellement le co-accueil est un peu bancal car on doit attendre 2025 pour savoir si on peut continuer ou pas)."
De son point de vue, le CRPE estime que, pour le moment, ce soutien est suffisant. "On peut toujours avoir plus mais, en l’état, pour continuer à permettre aux accueillantes de se former, d’avoir du matériel et un suivi adapté. Cela suffit, précise la directrice. Maintenant, on a des projets d’ouvertures de crèches et c’est là où cela coûte plus cher. Le bâtiment coûte ; il faut le chauffer… Là, en effet, on devra demander une aide publique, des communes, plus élevée." Les projets concernés ici sont au nombre de quatre et se développeront sur Olne, Herve, Chevron (Stoumont) et Thimister-Clermont. "Ils rentrent d’ailleurs dans le plan Cigogne +5 200." L’ouverture de ces places est espérée pour 2026.
Un métier toujours en pénurie
En août dernier, le CRPE lançait un appel au recrutement pour faire face à une pénurie d’accueillants dans notre région. Une réalité toujours bien d’actualité. "Nous sommes toujours en recherche", confie Sandrine Ballaux.
Si ce métier permet d’accompagner les enfants dans les premiers moments de leur vie et de participer au développement de leurs apprentissages, il est également particulièrement prenant. "Les personnes qui ont arrêté nous ont notamment fait part d’une difficulté de concilier la vie familiale et professionnelle."
Les journées sont aussi longues, quand on tient compte de l’entretien des lieux à faire après le départ des petits et des appels téléphoniques de parents, en recherche de places, à prendre en charge. Et ceux-ci sont nombreux, ces derniers temps.