Covid, 2 ans déjà: tous se souviennent du lockdown, ce moment tristement historique
Le 12 mars, cela fera deux ans que les premières mesures de lutte contre le Covid ont été prises. Une semaine plus tard, le confinement total était décrété. Chez nous, commerçants, secteur horeca, pharmaciens, sportifs, secteur de la culture etc. s’en souviennent…
Publié le 08-03-2022 à 08h00
Comment oublier un moment historique comme celui que nous avons vécu il y a maintenant deux ans? Un instant qui a chamboulé nos vies à jamais. Il était aux alentours de 22 h 55 le 17 mars lorsque les Belges avaient les yeux rivés sur leur écran de télévision écoutant la Première ministre de l'époque, Sophie Wilmès, annoncer un confinement total du pays après un Conseil national de sécurité interminable. Une annonce bousculant davantage encore nos vies qui avaient déjà été une première fois impactées par des mesures préventives prises la semaine d'avant, à savoir la fermeture des établissements horeca et discothèques, la fermeture des commerces non essentiels le week-end et l'annulation des activités récréatives, culturelles, sportives, folkloriques. Mais le 17 mars, le ton se durcit… À ce moment-là, les chiffres font état de 4 décès et 1 486 cas d'infection. "Les citoyens sont tenus de rester chez eux afin d'éviter un maximum de contacts en dehors de leur famille proche" avait déclaré la libérale. "Cet effort est indispensable. Il est notre meilleure chance de mettre cette épreuve derrière nous." Seuls les magasins alimentaires, les pharmacies, les librairies et les magasins de nourriture pour animaux peuvent rester ouverts. Le reste est contraint de fermer le lendemain. Le 18 mars matin, le pays comme la région verviétoise est méconnaissable. Les rues sont désertes, les volets des commerces sont fermés et les acteurs touchés de plein fouet dans le monde du sport, de la culture, de l'entreprise (qui doit organiser le télétravail), de l'horeca, sont perdus, confus, inquiets et surtout loin de se douter que la crise allait prendre une telle ampleur. Ils s'en souviennent.
Resto: «L’impression de vivre quelque chose d’irréel»
Charly Dumoulin de la Brasserie Étangs de Herve: " Le jour de l'annonce, je me souviendrai toujours, c'était un vendredi (NDLR: 12 mars 2020). On s'est regardé avec mes collaborateurs. On se demandait ce qui nous arrivait. La chambre froide était pleine. Que va-t-il se passer pour nous? Notre staff? C'était une journée terrifiante. J'avais l'impression de vivre quelque chose d'irréel, entre incompréhensions et nombreuses questions".
Café: «Une catastrophe pour le secteur»
Michael Zlotin du Café Europe à Spa : "C'était une catastrophe pour tout le secteur. On était totalement perdus le jour de l'annonce et les semaines suivantes. On ne savait pas où on allait. C'était très dur moralement. On n'avait aucune information sur la suite. Chaque jour après l'annonce, je me réveillais et je regardais la télé en espérant qu'on puisse reprendre. Le personnel nous demandait chaque jour quand il pouvait revenir et les clients aussi. C'était un moment très difficile."
Pharmacie: «Les gens avaient peur et on les rassurait»
Valérie Mathonet, de l'Union des pharmaciens : "On était plein d'interrogations face aux questions des gens. On ne connaissait pas les réponses alors on essayait de les aider au mieux. Les gens avaient besoin d'un contact humain, on devenait des référents. Chaque jour après l'annonce de ce lockdown, on vendait du gel. Et on attendait les masques qu'on a mis du temps à recevoir. C'est une période pendant laquelle tout le monde s'est rendu compte que notre profession dépassait largement le côté marchand de boîtes."
Culture: «Naïf de croire que ça allait être temporaire»
Frederic Muller, directeur du centre culturel de Dison : "On était un peu préparé à cette annonce. Je savais que cela allait nous tomber dessus mais je ne pensais jamais que cela allait durer aussi longtemps. Ce n'est que trois mois plus tard qu'on a commencé à se dire que ça devenait grave et que cela aurait des conséquences à long terme sur les artistes, la psychologie des travailleurs. Après coup, je me dis que j'étais un peu naïf de croire que cela allait être temporaire."
Sport: «Jamais imaginé un arrêt total»
Tony Niro, entraîneur d'Aubel: "Je me souviens très bien de l'annonce de l'arrêt des activités sportives. Personnellement, on a gagné le dernier match qui a pu être organisé, j'avais un soulagement par rapport à cela (par rapport à l'opération sauvetage que je menais) mais une grande déception car tout sportif souhaite terminer la saison. Je n'aurais jamais pensé qu'elle allait se finir là. On n'aurait jamais imaginé un arrêt total du championnat. C'était du jamais vu."
École: «Je l’ai vécu comme un vrai soulagement»
Laurence Breuer, directrice école de l'Est à Verviers: "Je l'ai vécu comme un vrai soulagement. Mon rôle de directrice était de rassurer parents et enfants mais nous n'avions aucune information, on vivait un événement qu'on ne maîtrisait pas. À l'intérieur de moi, je n'étais pas convaincue par ce que je disais aux personnes. On ne comprenait pas ce qui se passait. Avec le recul, quand on voit les dégâts sur les apprentissages, ce n'était sans doute pas la meilleure solution de fermer les écoles."
Commerce: «La panique à l’annonce de la fermeture»
Cateline Jacob, prêt-à-porter à Heusy : "Je ne veux plus jamais de ma vie revivre ça. On avait perdu, ma fille et moi, tout ce qu'on aime dans le métier, le contact avec la clientèle. Tout s'est rapidement organisé autour de la vente en ligne en mettant de côté tout l'humain. Je me souviens, à l'annonce de l'obligation de fermeture, c'était la panique, on venait d'agrandir deux mois avant et on ne savait pas comment ça allait évoluer. Au final, on s'en est sorti en travaillant cinq fois plus."
Entreprise: «Les grosses entreprises ont plus souffert»
Georges Piron, ex-président de l'UCM : "L'annonce a été une catastrophe monumentale pour les commerçants. On ne savait pas où on mettait les pieds. À côté de cela, les grosses entreprises ont rapidement plus souffert que les petites PME, faisant face de suite à une réduction du nombre de personnes sur chantier et à des problèmes d'approvisionnement. Les petites PME, je parle pour le secteur de la construction, étonnamment, ont continué à tourner malgré le lockdown."