Inondations: la parole des jeunes verviétois en vidéos
Sept jeunes Verviétois ont pu extérioriser leur traumatisme à travers des capsules vidéos baptisées "Après la pluie".
Publié le 25-02-2022 à 12h10
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/MDHPJN65LBC6BMFLOY4ZJJAZ6Q.jpg)
Younes, Ilias, Khadija, Aubry, Célia, Rayan et Bévar sont autant de jeunes Verviétois touchés à des degrés divers par les inondations de juillet 2021. Dans quatre capsules vidéos postées depuis peu sur les réseaux sociaux, on les voit et on les entend raconter leur vécu, leurs sentiments, leurs craintes et leurs espoirs pour leur vie et leur ville. Une sorte de "catharsis de leur souffrance", indique Élodie Doppagne, du CAP (Centre d'Accompagnements et de Préventions) Verviers. À travers son service d'aide à la jeunesse, en collaboration avec deux ASBL bruxelloises (Commeunlundi et Gsara) et avec le soutien du Délégué général aux droits de l'enfant, il a été choisi de donner la parole aux jeunes pendant trois jours de tournage au cœur de la cité lainière sinistrée. "La ville est salle, crasseuse, elle pue", peut-on entendre, "Comment ça a pu arriver? Il ne faut pas que ça prenne trop de place dans ton esprit", "Avant la ville était belle, on attend qu'ils fassent les travaux", "Avant tout le monde était dehors et maintenant il n'y a plus de tournois". Les images, les sons, les réactions et les interrogations des jeunes sont bouleversantes dans ces vidéos baptisées "Après la pluie". "On n'est plus dans l'émotivité du moment, commente Pauline Bombaert, de l'ASBL Commeunlundi. Il y a ce recul par rapport aux événements et, des mois plus tard, on constate que c'est toujours la galère. Le traumatisme et les conséquences sont bien là et c'est beaucoup moins médiatisé. Les jeunes se retrouvent, pour beaucoup, sans activités. Elles ne sont pas encore remises en route ou les espaces sont totalement sinistrés."
Une expérience très "forte et touchante" tant pour les jeunes (lire ci-dessous) que pour les associations qui rejoignaient Verviers pour la première fois. "Voir les maisons vides, la ville fantôme, écouter les témoignages, c'est super fort. On a vu ce qui se passait aux infos et nous n'avions aucune raison d'aller sur place voir cela de nos yeux" jusqu'à la concrétisation de ce projet qui a vocation également à interpeller les politiques. En effet, les associations espèrent pouvoir mettre sur pied, dans les semaines à venir, une projection des différentes réalisations en présence de "différentes personnes qu'on pourrait interpeller sur la question des jeunes et de l'après. On va essayer d'aller plus loin que notre champ d'action actuel".
«Une image positive de la jeunesse»
Si les différentes vidéos ont été réalisées avec pour objectif de donner la parole aux jeunes, Elodie Doppagne, du CAP Verviers, se réjouit que ces réalisations donnent "aussi naturellement une image positive de la jeunesse". Comme le zoom sur l'histoire de la jeune Khadija, 15 ans, qui devait partir en montagne avec le service en question et dont le voyage a été reporté des suites de la catastrophe. La Verviétoise a alors mis le temps dont elle disposait au service d'une famille de sinistrés. "J'ai gardé les enfants" le temps des démarches d'urgence à réaliser pour trouver un nouveau toit. "Nous avons tissé des liens." Grâce à cette expérience, l'adolescente voit "les événements avec beaucoup plus d'empathie. On se rend compte que cela pourrait aussi nous arriver".
C'était fondamental à ses yeux de permettre aux jeunes de s'exprimer sur le sujet. "C'est une expérience qui va faire partie de leur vie. Cela va les aider ou non à se construire. Et puis, on met surtout en lumière les voix des adultes mais pas beaucoup des jeunes". Voilà qui est fait. "Et j'étais très contente de contribuer à ce projet" tout comme les six autres jeunes qui espèrent que Verviers va renaître de ses cendres. "La ville meurt à petit feu", regrette Khadija.